Le verbatim… d′Antoine Bristielle, directeur de l′Observatoire de l′opinion de la Fondation Jean-Jaurès

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La jeunesse française abstentionniste…

63 % des 18-20 ans pensent s′abstenir au premier tour de l′élection présidentielle de 2022, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche. Les primo-votants semblent se désintéresser de la politique. Dans un entretien au journal Le Figaro, Antoine Bristielle, directeur de l′Observatoire de l′opinion de la Fondation Jean-Jaurès et professeur agrégé de sciences sociales, apporte son analyse.

Selon le baromètre jeunesse 2022 réalisé par l′Ifop en partenariat avec le JDD, 59 % des 18-30 ans songent à ne pas se rendre aux urnes pour le premier tour de la prochaine élection présidentielle. Les 18-20 ans sont même 63 % à songer à s′abstenir. Pourtant, 61 % des Français·es âgé·es entre 18 et 30 ans s′intéressent, de près ou de loin, à la campagne de 2022 selon ce même sondage. Comment expliquer ce décalage ? Antoine Bristielle avance deux hypothèses : « La première explication serait celle d′une jeunesse qui délaisse la politique et préfère se recroqueviller sur sa sphère privée plutôt que de s′intéresser à la chose publique » ou encore, la jeunesse « préfèrerait un engagement hors des institutions (type « marches climats ») plutôt que d′aller voter ». Nous pourrions également envisager le désintérêt des élites pour la jeunesse française. L′absence de représentativité de cette population au sein de nos dirigeant·es complètement déconnecté·es de la réalité et de ce qu’est réellement la jeunesse française. En témoigne la récente invitation des influenceuses issues de la télé-réalité dans le bureau de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté… Autre constat : cette élection 2022 ressemble cruellement à la précédente. Une élection où les Français·es, jeunes ou plus âgé·es, se borneront à « voter contre » plutôt qu′à « voter pour ». MS

63 % des 18-20 ans envisagent de s’abstenir au premier tour. De quoi ce refus de se rendre aux urnes est-il le nom ?

En termes de participation politique, les jeunes ont une pratique très intermittente. L’abstention est très importante lors des élections intermédiaires mais est beaucoup plus faible lors des élections présidentielles. À titre d’exemple seulement 16 % des 18-24 s’étaient déplacés lors des régionales de juin dernier, contre 68 % lors du premier tour de la présidentielle de 2017. Si le taux de participation des jeunes lors de la prochaine présidentielle devait rester aussi élevé ce serait donc une grande première. Le chiffre de 63 % d’abstention des 18-20 ans présenté dans ce sondage peut donc tout d’abord traduire une démobilisation à l’heure actuelle de la jeunesse qui se résoudra au moins partiellement au fil de la campagne.
Plus globalement deux pistes d’explication peuvent être avancées concernant ces taux d’abstention. La première explication serait celle d’une jeunesse qui délaisse la politique et préfère se recroqueviller sur sa sphère privée plutôt que de s’intéresser à la chose publique. Mais il existe une seconde explication : le fait que la jeunesse ne serait pas désintéressée par la politique mais préfèrerait un engagement hors des institutions (type « marches climats ») plutôt que d’aller voter. À bien des égards ces deux pistes d’explications ne s’excluent pas mais correspondent à des parties différentes de la jeunesse.

80 % des jeunes prêts à voter pour le président sortant se déclarent optimistes. À l’inverse 64 % des jeunes électeurs de Zemmour et 67 % des électeurs de Marine Le Pen se déclarent pessimistes. Existe-t-il deux jeunesses de France, qui s’opposent aujourd’hui ?

Le sentiment nostalgique et décliniste est très présent en France à l’heure actuelle. En septembre 2021, c’est environ 75 % des Français qui pensaient que la France est en déclin. Sept Français sur dix (69%) s’accordent pour dire « qu’en France, c’était mieux avant ». La même proportion déclare s’inspirer des valeurs du passé dans sa vie. Enfin, seule une minorité (43 %) des Français pense que l’avenir de la France est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités. Or il est frappant de constater à quel point ces attitudes sont assez généralisées dans l’ensemble des classes d’âge. Une partie substantielle de la jeunesse est profondément pessimiste concernant son avenir et valorise en retour une époque passée faite de grandeur et d’opulence. Dans une étude pour la Fondation Jean-Jaurès nous montrions à quel point le sentiment de déclinisme et de pessimisme social se lie à un vote pour l’extrême droite. C’est ce sur quoi surfe particulièrement Éric Zemmour.
À l’opposé de cela, Emmanuel Macron réussit à récolter largement le vote de la « France qui va bien » : plus les personnes sont optimistes concernant leur avenir, plus elles vont avoir tendance à voter pour le président sortant. C’est donc bien deux visions de la France et deux parties de la jeunesse qui s’affrontent.

Retrouvez l′intégralité de l′article sur le site du Figaro

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