« Je ne crois pas à l’ascenseur social… mais à l’escalier », Benjamin Chkroun, président-fondateur du Hub de la Réussite

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On valorise beaucoup les bacs +… et peu les formations professionnelles.

Benjamin Chkroun, président-fondateur du Hub de la Réussite

On ne cesse de le marteler, la pandémie covid-19 touche pas mal de monde. Mais certain·es  –  sans doute  – un peu plus que d’autres. C’est le cas des jeunes décrocheurs qui pourtant veulent à tout prix mettre un pied dans la vie active et le monde professionnel. Le Hub de la Réussite n’a pas attendu la crise sanitaire pour accompagner ces jeunes aux parcours atypiques. Avec, derrière, le désir de révéler, former et accélérer les talents. Entretien avec Benjamin Chkroun, président-fondateur du Hub de la Réussite.

Quel a été l’impact du premier confinement sur les jeunes décrocheurs que vous accompagnez ?
D’abord, il faut savoir que nous accompagnons un public assez large de décrocheurs : celles et ceux qui décrochent du  lycée à 17 ans, les jeunes âgés entre 18 et 25 ans en insertion ou les bénéficiaires du RSA (ndlr, Revenu de solidarité active). Des jeunes qui viennent aussi bien des quartiers que de la ruralité. Mais une chose les réunit, notre public demeure fragile. Ils·elles ne disposent pas des conditions socio-économiques favorables à la réussite, d’un entourage familial capable de les aider.

De plus, le premier confinement a mis en lumière la fracture numérique. Certains jeunes n’y ont pas accès ou ne possèdent qu’un seul ordinateur pour toute une fratrie. Car ils·elles appartiennent à des classes populaires qui ne peuvent accéder aux outils numériques. D’où un indispensable besoin d’accompagnement. Nous, au sein du Hub de la Réussite, nous fonctionnons comme un incubateur de talents, ces jeunes ont des atouts, nous devons leur en faire prendre conscience.

Comment parvenez-vous à les remobiliser pour qu’ils puissent parvenir à s’insérer dans la vie active ?
Tous ces jeunes gens ont besoin d’un accompagnement personnalisé et non collectif. S’ils·elles ne se retrouvent pas dans le système éducatif de masse, c’est que nous devons s’adapter à eux·elles. Durant le premier confinement, nous sommes parvenu·es à accompagner 95 % des bénéficiaires du Hub de la Réussite (sur environ 3 000 bénéficiaires). Pour cela, tous les moyens de communication se révèlent nécessaires pour perpétuer le lien avec ces jeunes fragilisés : via Instagram, WhatsApp, Tik Tok… peu importe !  Autre exemple, nous avons permis à des jeunes femmes qui sortent de l’ASE (ndlr, Aide sociale à l’enfance) de bénéficier du dispositif « Maison des Marraines ». Un contrat s’opère entre les parties en vue de proposer un logement à ces jeunes femmes dès lors qu’elles s’inscrivent dans un parcours d’insertion – le logement est pris en charge par la fondation Impala.

Plus globalement, il s’agit de faire en sorte que ces jeunes reprennent confiance en eux·elles, car, la plupart du temps, ils·elles ont le sentiment de rater leur vie sous prétexte qu’ils·elles ont été en échec scolaire. Or, je ne crois pas à l’ascenseur social mais à l’escalier, tout est possible avec des efforts supplémentaires et une bonne dose de volonté.

En France, on parle souvent de la force du diplôme pour faire carrière, là où les Anglo-Américain·es mettent davantage l’accent sur les compétences. Faudrait-il changer notre façon d’appréhender le talent d’un·e jeune ?
Malheureusement, les jeunes que nous accompagnons n’ont pas toujours conscience de l’éventail de métiers qui s’offrent à eux·elles. On valorise beaucoup les bacs +… et peu les formations professionnelles. Nous avons constaté que ces jeunes, aux parcours certes plus complexes, ont une volonté de réussir et d’insertion économique rapide.

Dans notre pays, nous avons besoin de mieux gérer nos ressources humaines, la relance économique passera par une meilleure gestion des ressources humaines sur notre territoire, notamment dans les métiers dits en tension. Ce qui passe donc par la valorisation des formations CFA (ndlr, Centre de formation d’apprenti·es) qui peuvent mener à un niveau de vie non négligeable et des carrières prometteuses. Car, nombre de métiers qui découlent de formations professionnelles, comme ceux du bâtiment, témoignent d’une forte valeur ajoutée et ne sont pas… délocalisables.

Propos recueillis par Geoffrey Wetzel

 

 

 

 

 

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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