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Alors, quel avenir pour le secteur de l’immobilier ?
Bientôt un an et demi qu’une fichue pandémie dérègle notre façon de vivre et a fortiori de travailler. Si les sautes d’humeur de la crise sanitaire n’ont pas frappé tous les secteurs de l’économie avec la même intensité, tous ont dû faire preuve d’agilité. Et l’immobilier ne fait pas exception. Un secteur pour lequel il a fallu s’adapter à coups de démarches en ligne et visites virtuelles. Gestes barrières et distanciation sociale obligent. À l’arrivée, l’ère Sars-CoV-2 a donné un coup de punch’ à la numérisation des agences immobilières. Entretien avec Nicolas Gay, CEO et cofondateur de l’agence en ligne Welmo.
Comment le secteur de l’immobilier traverse-t-il cette longue parenthèse covid-19 ?
Chaque crise entraîne avec elle son lot de gagnants et de perdants. Or celle-ci a démontré que l’immobilier constitue une valeur refuge en temps de crise. Que ce soit pour l’achat d’une résidence principale ou de l’investissement locatif. Les ménages français ont confiance dans la pierre. Laquelle les rassure. Et puis, les taux d’emprunts sont restés très bas*. Historiquement bas. De là, forcément, les acheteur·ses se manifestent ! C’est le bon moment pour vendre et acheter. Du côté des emplois, idem, le secteur de l’immobilier s’en sort très bien – comparativement à d’autres filières.
On n’a pas non plus observé un grand chamboulement sur les prix. Alors certes, on a constaté une baisse moyenne sur l’ensemble de Paris. Mais ce repli est à prendre avec des pincettes ! Pendant que les prix au mètre carré (à l’achat) baissent dans l’ouest parisien, comme dans le 7e arrondissement, ils grimpent à l’est de la capitale… Pas de changement majeur donc. Au global, l’immobilier tire son épingle du jeu. Et d’autant plus les agences moins traditionnelles, en ligne, comme Welmo. Qui a emprunté, dès sa création en 2016, la voie de la numérisation.
Quel avenir pour les visites virtuelles, véritable roue de secours pour les agences pendant les confinements ?
La réussite d’une visite virtuelle dépend surtout de la qualité de l’immersion pour rendre compte d’un bien. Un scan 3D permet aux intéressé·es de se déplacer virtuellement – via ordinateur ou smartphone – d’un point A à un point B. Et avec une parfaite connaissance de la distance. Mais l’avantage principal des visites virtuelles : on augmente significativement le nombre de visites (multiplié par 7) ! Donc les chances de vendre un bien aussi s’accroissent. En outre, lorsque vous hésitez à acheter ou non une résidence par exemple, vous avez souvent besoin de l’avis de votre entourage, votre famille ou vos amis. Or, la visite virtuelle se partage.
Je crois vraiment que les visites virtuelles vont perdurer. Je ne comprends pas que beaucoup d’agences ne l’utilisent pas… C’est un gain de temps considérable ! Il faut en finir avec l’ancien temps qui ronge parfois le secteur. Bien entendu, je ne dis pas que la visite virtuelle remplacera totalement la visite physique. Difficile de combler ce besoin de « ressentir les choses ». De notre expérience, la visite virtuelle constitue un très bon filtre avant un éventuel rendez-vous physique. Certain·es acheteur·ses – mais c’est très marginal – acquièrent un bien sans jamais l’avoir visité.
Quelle(s) leçon(s) tirer de cette crise pour le secteur ?
Aujourd’hui, trois vendeur·ses sur quatre ne veulent pas passer par un intermédiaire. Les agent·es immobilier·ères ne répondent pas au besoin des vendeur·ses. La crise a bousculé le modèle de l’agence immobilière classique. Alors le métier – et la pandémie a été un accélérateur – tend à se transformer. Un·e agent·e n’a plus besoin de se déplacer ! De fait, ils·elles peuvent déménager sans cette crainte de perdre un portefeuille de client·es spécifiques à une zone… Chez Welmo, les agent·es immobilier·ères s’apparentent à des consultant·es, des expert·es qui conseillent et accompagnent les propriétaires dans le processus de vente de leur bien. À chacun·e son rythme, certain·es continuent à se déplacer, d’autres font tout à distance. Les barrières propres au métier, comme effectuer des visites tard le soir ou le dimanche, tombent.
Enfin, du point de vue des acheteur·ses, la crise a accentué leur envie de s’expatrier loin des grandes villes comme Paris. Au printemps dernier, on a remarqué une explosion du trafic sur les annonces avec terrasse et jardin. Encore faut-il que le travail le permette. Car cette ruée vers la campagne, entre le rêve et la réalité… se cantonne plutôt, selon moi, aux cadres qui peuvent télétravailler.
Propos recueillis par Geoffrey Wetzel
*En mai 2021, le taux immobilier moyen a stagné à 1,07 %, selon le site lesfurets.com. Encore plus bas même si l’on se penche sur la moyenne des prêts sur 20 ans.