Fin du ticket de caisse papier : « Les petit·es commerçant·es n’approuvent pas », estime Jessica Nguyen, directrice Europe de FlipNpik

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Jessica Nguyen, directrice Europe de FlipNpik

Le ticket de caisse papier pourrait disparaître d’ici à 2023.

Le bon vieux ticket de caisse va-t-il disparaître ? Dans certaines grandes enseignes déjà, le ticket de caisse papier n’est plus automatique. C’est le cas par exemple chez Système U ou les hypermarchés Carrefour. En parallèle, un article du Code de l’environnement prévoit de généraliser la mesure à tous les commerces d’ici à 2023. Mais les petit·es commerçant·es, qu’en pensent-ils·elles ? Sont-ils·elles prêt·es ? Entretien avec Jessica Nguyen, directrice Europe de FlipNpik, une plate-forme qui accompagne les petit·es commerçant·es dans leur passage au numérique.

 Selon vous, les petit·es commerçant·es approuvent-ils·elles la fin du ticket de caisse papier ?

Pas du tout ! D’abord parce qu’une minorité des commerçant·es, en France, font un bon usage du numérique. Alors que c’est le cas pour 75 % d’entre eux·elles en Allemagne, avant la pandémie. On le voit, les commerçant·es que nous accompagnons se montrent comme hermétiques au numérique. Qui s’apparente encore pour certain·es à quelque chose de farfelu. D’où les réticences à oublier le ticket de caisse papier ! Or, sans smartphone aujourd’hui, on ne fait plus rien. Et on l’a bien vu avec cette pandémie. Le numérique offre cette opportunité de communication. Via un site Web ou les réseaux sociaux. Un excellent moyen de se faire connaître et de montrer ses savoir-faire. Ouvrir au plus grand nombre ce qui fait souvent la fierté d’une région.

Mais pour ça, les commerçant·es doivent se transformer. Ce n’est pas toujours simple, car il faut forcément accepter des coûts aux changements. Le ticket de caisse en est l’illustration. Et puis le gouvernement a aussi un rôle à jouer. Oui, la mise en place des chèques numériques pour accélérer la numérisation des commerçant·es va dans la bonne direction ! Mais, ça reste insuffisant. Un chèque de 500 euros, un tout petit pas quand vous savez qu’une campagne sur Facebook – pour bénéficier d’un retour sur investissement – tourne autour de 2 500 euros…

Les petit·es commerçant·es que vous accompagnez sont-ils·elles sensibles à la cause écologique mise en avant pour justifier la fin du ticket de caisse papier ?

C’est très variable. D’une région à l’autre, d’un·e commerçant·e à l’autre, les sensibilités à l’égard de l’écologie ne sont pas les mêmes. Mais il est vrai qu’ils·elles le sont d’autant moins que la crise sanitaire et économique frappe leur commerce. Certain·es commerçant·es se retrouvent déjà occupé·es à survivre. Surmonter et dépasser cette crise. Beaucoup me disent : « On verra après […] Quand j’aurai les moyens d’investir dans ce sens, je m’occuperai de l’écologie » !

Mais attention, il ne faut pas croire que les grandes enseignes veulent mettre fin au ticket de caisse papier uniquement en raison d’une logique environnementale. Car oui, c’est avant tout une démarche commerciale. Une façon pour elles de collecter les données auprès des consommateur·rices. De les tracer. Il y a évidemment « baleine sous gravillon » ! Mais, je dois le concéder, mettre la fin du ticket de caisse au crédit de l’écologie constitue une stratégie intelligente de la part des grandes enseignes.

Et les client·es, sont-ils·elles réceptif·ves ?

Je pense aux personnes âgées qui restent très attaché·es au bon vieux ticket de caisse. Et qui ne sont pas toujours à l’aise avec les nouvelles technologies et Internet. Nos aîné·es risquent d’être perdu·es ! Et puis, vous avez aussi celles et ceux qui ne voudront tout simplement pas d’un ticket de caisse numérique. Qu’il soit par SMS ou mail.

J’estime que les commerçant·es et les consommateur·rices doivent avoir le choix. Nous prônons chez FlipNpik le « phygital ». Autrement dit, le numérique se doit d’être au service de l’être humain. Problème, aujourd’hui, c’est l’inverse qui se passe. Nous, êtres humains, sommes au diapason de la nouvelle technologie…

Propos recueillis par Geoffrey Wetzel

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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