Facturation électronique obligatoire : comment remporter l’adhésion des entreprises ?

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Pierre Dutaret

Pierre Dutaret est CEO et co-fondateur de Libeo, spécialiste du paiement entre entreprises en Europe. 

Initiée en 2020 par la loi Finances, la facturation électronique deviendra, progressivement, obligatoire dès 2024 pour les entreprises de France. Ce nouveau cadre réglementaire intervient notamment dans un désir de lutte contre une fraude à la TVA – qui s’élèverait entre 3 et 10 milliards d’euros par an.

Cette facture électronique, c’est aussi l’opportunité de s’attaquer au fléau des impayés et retards de paiements qui mettent en péril les entreprises, et gagner du temps au quotidien dans la gestion de sa trésorerie. Une problématique à laquelle s’attaquent bon nombre de jeunes pousses ces dernières années pour dépoussiérer un marché comptable encadré par des normes bien trop complexes. C’est sur celles-ci que le gouvernement devra compter pour démocratiser l’accès à une architecture technologique fiable et sécurisée, et à un parcours utilisateur innovant qui répond aux besoins quotidiens des patrons, directeurs financiers et experts-comptables.

Deux choix principaux s’offrent aux entreprises :

  • passer par un portail public de facturation qui transmettra directement les informations à la Direction générale des Finances Publiques
  • opter pour une plate-forme de dématérialisation partenaire (PDP), certifiée par l’Etat, habilitée à convertir, émettre, contrôler et recevoir des factures électroniques et à envoyer le e-reporting. Des services supplémentaires (comme le suivi, le paiement ou encaissement des factures, le recouvrement, etc.), propres à l’architecture choisie sont associés.

Penser l’accompagnement des utilisateurs

Par sa nature qui vient avant tout servir des intérêts fiscaux, la réforme prend peu en compte les besoins singuliers des principaux intéressés. En outre l’ampleur de sa mise en application n’est pas à négliger puisqu’elle concerne divers types d’entreprises, indépendants, experts-comptables, commerces et restaurants. Chacun devra faire en sorte de s’équiper – peu importe son passé technologique ou ses transactions usuelles.

Rappelons le quotidien de ces acteurs : peu de temps à consacrer à la paperasse et aux relances, 4 à 6 validations bancaires par transaction, un besoin de centralisation des opérations, mais aussi d’écoute et d’innovation qui répondent aux spécificités métiers. Le succès de cette numérisation passe par une capacité d’évolution rapide et agile des portails partenaires, pour répondre à une mise en œuvre constante de nouveaux usages. Une tâche confiée à une poignée d’acteurs financiers.

C’est face à ce constat que l’État a mis en place un système de certification, la plate-forme publique peut rebuter les moins avertis, créer un engorgement administratif ou imposer des contraintes trop importantes de rentrées d’information. Penser l’accompagnement des utilisateurs s’avère nécessaire pour éviter un résultat contre-productif, soit la création de nouveaux canaux parallèles qui viendront compliquer la tâche. C’est pourquoi il convient aux acteurs technologiques sélectionnés d’imaginer les meilleures opportunités possibles pour une transition indolore, qui puisse démontrer la capacité des entreprises françaises à s’adapter.

Un succès qui passera par une connaissance fine de la facturation, des enjeux business, de sécurité et d’accompagnement. Mais aussi une proposition innovante qui puisse s’attaquer à chaque point de douleur du quotidien des dirigeants. Ceux qui y répondront sauront remporter l’adhésion.

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