Emploi : décrocheur·euses scolaires, un droit à la deuxième chance ?

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En 2015, 2016 et 2017, 90 000 jeunes décrocheur·euses scolaires étaient encore recensé·es. Quel effet sur leur accès à l’emploi ?

Le décrochage scolaire se révèle-t-il rédhibitoire pour ensuite accéder à l’emploi ? Rédhibitoire, non. C’est ce qu’a annoncé une étude publiée mi-octobre par la direction de l’Animation et de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du Travail. Bien entendu, sortir du système scolaire avec un diplôme favorise l’accès au marché du travail. Mais dans le cas contraire, une formation continue certifiante ou une expérience professionnelle ont de quoi compenser un parcours antérieur plus chaotique. Points clés.

La lutte contre le décrochage scolaire tend vers la bonne direction. À la fin des années 2000, environ 122 000 jeunes sortaient du système éducatif de façon prématurée, sans diplôme ou au mieux avec le brevet des collèges en poche. En 2015, 2016 et 2017, 90 000 jeunes décrocheur·euses scolaires étaient encore recensé·es. Ces jeunes se tirent-ils·elles une balle dans le pied dès lors qu’il s’agit de trouver un emploi ? Pour y répondre, la Dares a opéré un testing sur une période donnée en 2018 : l’enquête a consisté en un envoi de près de 11 000 candidatures à des employeurs pour deux métiers, cuisinier·ère et maçon·ne. Des candidatures envoyées avec CV, lettre de motivation et mail introductif, et simulées de façon à différencier uniquement le profil scolaire et professionnel des jeunes (décrocheurs ou non par exemple). Pour quels résultats ?

L’arme du diplôme sans surprise, des effets compensés par l’expérience
et la formation continue
Mieux vaut un diplôme pour trouver un emploi. D’autant plus à l’ère covid où même les bacs + 5 angoissent à l’idée de s’insérer conformément à leurs attentes. L’enquête menée par la Dares assure que « le taux de rappel des jeunes qui sont allé·es au bout de leur formation initiale est le plus élevé (27,9 %). » On entend par taux de rappel la réponse d’un recruteur·euse qui souhaite obtenir des informations complémentaires sur une candidature, qui propose un entretien ou qui répond de manière favorable à une demande d’embauche. À l’inverse, « le taux de rappel des jeunes décrocheur·euses resté·es principalement inactif·ives pendant deux ans (sans expérience ni formation continue) est le plus faible (10 %) », constate l’étude.

Toutefois, voilà qui a de quoi rassurer celles et ceux qui auraient affiché un parcours scolaire antérieur laborieux : l’expérience professionnelle et la formation professionnelle continue limitent la casse. Parfois même bien mieux. Car si un·e décrocheur·euse parvient tout de même à témoigner à la fois d’une expérience professionnelle et d’une formation professionnelle continue et certifiante (comme obtenir un CAP), là, le taux de rappel bondit à 26 %, un chiffre presque identique au taux de rappel des non-décrocheur·euses.

Des différences selon la taille de l’entreprise et l’éloignement géographique
A priori, les entreprises de plus grande taille, soit plus de 10 salarié·es, favoriseraient moins les candidat·es sans diplôme. Les données de l’enquête précisent qu’« un·e candidat·e avec un an d’expérience dans le métier subit une perte de taux de rappel de 11,2 points de pourcentage, alors que la perte est de 5,8 points de pourcentage lorsqu’il·elle postule dans une plus petite entreprise », en comparaison avec les profils non-décrocheurs.

Autre paramètre à prendre en compte : l’éloignement géographique. Pour les candidat·es non-décrocheur·euses, ils·elles bénéficient d’un meilleur taux de rappel lorsque les offres d’emplois se situent à moins de 30 kilomètres. Or, ce chiffre ne bouge pas pour les décrocheur·euses, ce qui signifie que plus le lieu de travail se révèle éloigné, moins les jeunes sorti·es du système scolaire sans diplôme se retrouvent pénalisé·es (toutes les candidatures indiquent la détention du permis B pour se déplacer). Pourquoi, alors ? La Dares avance l’hypothèse que les recruteur·euses anticiperaient un plus grand désistement aux entretiens d’embauches de postulant·es non-décrocheur·euses qui auraient la possibilité de trouver plus proche de chez eux·elles. De quoi tout de même croire à la deuxième chance… GW.

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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