Conflits de valeurs au travail : six actif·ives sur dix concerné·es, selon la Dares

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Or, les conflits de valeurs au travail entraînent une dégradation de la santé mentale et physique.

Plus de la moitié des actif·ives se heurtent à des conflits de valeurs au travail. Voilà le principal enseignement d’une étude publiée le 27 mai par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), et qui porte sur des données 2016. Parmi ces conflits : faire des choses que les salarié·es désapprouvent ou l’impression de ne pas faire un job utile. Un constat à prendre au sérieux. Car s’exposer à des conflits de valeurs dans son emploi favorise la dégradation de la santé mentale et physique.

Conflits de valeurs au travail, quésaco ? La Dares le rappelle : « L’ensemble des conflits qui  portent  sur  des  choses  auxquelles  les  travailleurs  octroient de la valeur : conflits éthiques, qualité empêchée, sentiment d’inutilité du travail, atteinte à l’image du métier ». Sur ces critères, 60 % des actif·ives occupé·es signalent se confronter à ce type de conflits dans le cadre de leur profession.

18 % font face à des conflits éthiques
C’est le conflit de valeurs qui se manifeste le plus souvent, selon la Dares. Presque un cinquième des actif·ives en emploi avouent faire face à des conflits éthiques majeurs. Comme faire une chose qu’ils·elles désapprouvent – le cas pour 92 % d’entre eux·elles. Autre conflit éthique : mentir à ses client·es, patient·es ou usager·ères (63 %) ! Bref, ces salarié·es ne souffrent pas d’un manque de moyens dans leur travail. Mais agissent parfois à contre-courant de leurs valeurs. Pour la moitié, ils·elles se retrouvent amené·es à faire des choses « inutiles ou dégradantes », rapporte l’étude. Sur leur profil, ce sont le plus souvent des hommes en situation précaire ou en insécurité.

Par ailleurs, 12 % des travailleur·ses expriment une satisfaction quant à l’utilité de leur activité mais estiment clairement manquer de moyens. Un manque de temps, de matériel ou de formations adaptées. Problème, cette insuffisance de moyens entraîne – pour 68 % d’entre eux·elles – le regret de « sacrifier la qualité » de leur travail. Le plus souvent des femmes âgées de 41 à 50 ans. Et qui exercent notamment dans l’enseignement ou la santé.

Des conséquences sur la santé
Enfin, un certain nombre d’actif·ives occupé·es ont le sentiment de mener un job inutile. Même avec des moyens, 11 % « ressentent leur travail comme inutile », pointe l’étude. Pire, 80 % d’entre eux·elles ne jugent leur travail comme utile que « parfois ou jamais » ! À côté de ça, 8 % des personnes en emploi cumulent le sentiment d’occuper un poste inutile et l’impression de ne pas disposer des moyens pour travailler correctement. Bref, le livre Bullshit jobs – tous ces boulots à la con, vides de sens et superficiels – écrit par l’anthropologue américain David Graeber, a les oreilles qui sifflent…

Problème, ces conflits de valeurs au travail aboutissent à une dégradation de la santé des travailleur·ses. « Les  salariés les plus exposés aux conflits de valeurs et à leur cumul déclarent plus fréquemment une santé physique et mentale dégradée », remarque la Dares. En outre, pour les actif·ives en emploi surexposé·es à ces conflits, leur risque relatif de déclarer un mauvais état de santé s’affiche deux fois plus élevé par rapport aux individus peu ou pas exposés aux conflits de valeurs. Exercer une activité que l’on juge inutile favorise aussi les troubles du sommeil. Idem, « si 4 % des personnes peu ou pas exposées [aux conflits de valeurs, ndlr], présentent un symptôme dépressif, cette proportion s’élève à 16 % pour le groupe dont le travail « manque de sens et de qualité ». Assez de moyens, utilité, sens… difficile parfois de réunir tous ces paramètres dans son emploi. Alors certain·es travailleur·ses ont fait le choix d’exercer plusieurs professions. Une manière de cocher toutes les cases de leur satisfaction. Vers la voie du « slashing » ?

GW

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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