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Qui ? Jimmy
Quoi ? Une start-up qui conçoit des générateurs thermiques basés sur un microréacteur nucléaire.
Qui a dit qu’industrie et transition écologique ne faisaient pas bon ménage ? Pour répondre à l’urgence écologique et surtout engager les industries vers un fonctionnement plus responsable, la jeune pousse Jimmy – lancée en 2021 – tient sa solution. Le concept : des microréacteurs nucléaires pour vendre aux industriels de la chaleur décarbonée et compétitive. Et déjà, Jimmy vient de lever 2,2 millions d’euros.
La conviction de Jimmy, fondée par Antoine Guyot et Mathilde Grivet en 2021 : concevoir « la révolution industrielle comme solution au problème écologique ». Une vision portée par un concept simple : proposer une solution de court terme efficace et massivement applicable pour décarboner la chaleur industrielle. Avec les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre pour cible prioritaire. Et pour cause, les industries, leurs pertes et émissions d’énergie restent des pollueurs considérables qui dépendent des énergies fossiles pour créer de la chaleur. À lui seul, le secteur manufacturier représentait en 2019 18 % des émissions de gaz à effet de serre. Soit le quatrième émetteur en France. Dans le même temps, l’énergie rassemblait 10 % des émissions. Autant dire que les enjeux sont limpides.
Surtout, Jimmy a décidé de miser sur l’énergie nucléaire comme moyen pour décarboner. L’idée ambitieuse de la start-up de Levallois-Perret (92) : remplacer les classiques chaudières à gaz des sites industriels, très émettrices en CO2, par de petits réacteurs nucléaires. « Pour produire de la chaleur, les petits industriels n’ont pour le moment pas d’autre choix que de se tourner vers des dispositifs au gaz, qui sont à la fois chers et carbonés […] Nous proposons une alternative non émettrice de CO2 basée sur la fission nucléaire », explique Antoine Guyot, cofondateur et CEO. Une offre qui s’appuie sur une technologie de réacteur apparue dès les années 1960, les réacteurs nucléaires à haute température (HTR – high temperature reactor).

Production de chaleur
La particularité de ces réacteurs à haute température : leur finalité n’est pas de créer de l’électricité mais bien de la chaleur, contrairement aux réacteurs à eau pressurisée ou aux EPR (réacteurs pressurisés européens). Un HTR est un petit réacteur au sein duquel de l’hélium gazeux sous pression est utilisé comme fluide caloporteur (transmetteur de chaleur). Microréacteur nucléaire oblige, le combustible est de l’uranium enrobé de graphite. Le dispositif de Jimmy atteint entre 10 et 20 mégawatts thermiques (MWt), soit une puissance thermique 450 fois inférieure à celle d’un réacteur de centrale nucléaire. En revanche, « les HTR sont très sûrs car ils n’ont pas besoin de système actif de refroidissement », ajoute Antoine Guyot.
Jimmy a pour lui de produire peu de déchets avec ses réacteurs, qui pourraient également utiliser des déchets recyclés de centrales nucléaires. Selon les estimations de la jeune pousse, il faudrait environ 200 réacteurs estampillés Jimmy pour augmenter de 1 % la quantité de déchets nucléaires produits en France.
Objectif 2025
En quelques mois, Jimmy et son concept ont séduit. Et la start-up vient de boucler une levée de fonds de 2,2 millions d’euros auprès d’Eren Industries, Noria, Otium Capital, Polytechnique Ventures et d’investisseurs « Friends & Family ». Une manne nouvelle qui doit donner le moyen à Jimmy de recruter une dizaine d’ingénieur·es pour accélérer l’industrialisation de son premier générateur, avec des premières livraisons prévues pour 2025. Et un marché français estimé à un millier d’unités.
À court terme, l’alternative thermique et décarbonée pour les industriels pourrait bien se nommer Jimmy, et prendre la forme d’un microréacteur nucléaire installé à côté du site client. « Les industriels sont à court de moyens pour tenir leurs objectifs de décarbonation. Avec Jimmy, nous souhaitons leur apporter le savoir-faire nucléaire français pour créer la première industrie décarbonée compétitive mondiale », ambitionne le CEO.