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Qui ? Energy Observer
Quoi ? Le premier navire qui fonctionne grâce aux « énergies propres »

« L’énergie, c’est la clé pour bâtir un monde plus propre et plus harmonieux. » Cette devise, c’est le leitmotiv de Victorien Erussard, président-fondateur d’Energy Observer, le premier navire autonome en énergie. Ce smart green flottant, imaginé en 2013 par ce marin au long cours est un véritable laboratoire. Ici, les avancées technologiques sont observées à la loupe : hydrogène, solaire, éolien, hydrolien ! Débordantes d’optimisme, les équipes d’Energy Observer n’ont qu’un seul objectif : faire des énergies propres une norme. Un pari qui fonctionne ! En 2018, Victorien Erussard est nommé premier ambassadeur français des 17 objectifs du développement durable par le ministère de la Transition écologique. Sa mission ? Porter le message de l’hexagone sur la nécessité d’agir sur tous les aspects de la transition écologique et inspirer le plus grand nombre d’acteurs. Le début d’un long voyage.
Pendant dix ans, Victorien, officier de marine marchande et skipper, écume les courses de voile : Route du Rhum, Transat Jacques Vabre… tout y passe ! Le déclic, il l’obtient lors d’une traversée de l’Atlantique. En panne de générateur diesel au milieu de l’océan, le jeune navigateur a une révélation : si les énergies renouvelables étaient davantage présentes sur les bateaux, les pannes seraient moins régulières et l’indice de pollution, inexistant ! Il en est convaincu : l’intelligence énergétique sera la clé du transport de demain. En 2013, il se lance dans la course aux faibles émissions. Il rachète un catamaran de course, ancienne propriété de Mike Birch et de Sir Peter Blake. Rien que ça ! Le navire, parrainé par Nicolas Hulot, est amarré à Saint-Malo. Très vite, le jeune lieutenant s’entoure d’une équipe d’ingénieur·es et de technicien·nes avant de démarrer le chantier. « C’est une reconversion à double sens : recycler un catamaran de course, léger et fiable, recordman autour du monde et permettre ainsi d’investir dans la recherche et le développement plutôt que dans le composite », dixit Victorien Erussard.
Un navire 100 % green !
Le navire entreposé dans la cité corsaire connaît bien des innovations. Les équipes d’Energy Observer travaillent d’arrache-pied. En 2017, ce cata’ 2.0 est fin prêt. À son bord, les toutes dernières technologies : 143 m2 de panneaux solaires, deux éoliennes et une aile de traction intelligente. Cette dernière agit comme un grand cerf-volant et permet, grâce au système de traction, de faire fonctionner les hydrogénérateurs. Au total, huit réservoirs d’hydrogène sont présents sur le bateau. Un fonctionnement unique : Energy Observer stocke son énergie sous forme d’hydrogène produit à partir de l’eau de mer. Une première mondiale. Cette technologie est révolutionnaire, elle est la clé de l’autonomie totale à bord des navires. Le soleil, le vent, les vagues et les courants d’air sont aujourd’hui les nouveaux partenaires du projet. En juin 2017, Energy Observer démarre son premier tour de France. Dix milles nautiques plus tard, le smart green boat se lance dans une traversée de la Méditerranée. L’objectif, multiplier les escales sur l’une des mers les plus polluées du monde. Pour le premier navire à zéro émission, c’est un joli symbole.
De la conquête du Svalbard à la crise sanitaire
En 2019, Energy Observer devient le premier navire à atteindre l’Arctique sans aucune émission, uniquement grâce aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. « Cette navigation vers le Svalbard avec des eaux et des températures extrêmement basses nous a permis de tout tester, du stockage à la production d’énergies propres. Une course contre les énergies fossiles que l’on ne pouvait pas perdre », déclarait le président-fondateur sur le site officiel la jeune pousse.
Depuis, Victorien et ses équipes multiplient les démonstrations et voguent au gré des rencontres avec les armateurs. Convaincus que l’hydrogène incarne l’avenir de la navigation. On peut le dire, Energy Observer a tout d’une success story. Le projet fascine ! Une première série documentaire, intitulée Energy Observer : l’odysée pour le futur et réalisée par Jérôme Delafosse, est diffusée sur Canal+. Ce format vidéo inspire la start-up qui décide de produire son propre contenu via la plate-forme Energy Observer Solutions. De courtes vidéos censées valoriser les initiatives citoyennes durables.
Un an après sa traversée de l’Arctique, les équipes d’EO se lancent un énième pari : partir 4 ans pour un tour du monde 100 % green ! Avant de se lancer, elles finalisent leur dernier chantier : l’installation d’un REX H2, la première pile à combustible « marine » qui fonctionne à l’hydrogène. Un moyen de donner de la puissance au système embarquer et de valider cette technologie ! Dans le même temps, le géant maritime CMA CGM s’associe à l’aventure en tant que partenaire stratégique. Mais c’était sans compter sur la crise de la covid-19… le navire qui devait toucher les côtes nipponnes pendant les Jeux Olympiques de Tokyo, puis la Californie (pionnière en matière de mobilité hydrogène), ferme ses portes. En 2020, l’équipage reste confiné en mer et repousse les limites de l’autonomie à bord.
Aujourd’hui, Energy Observer poursuit son ascension aux quatre coins du globe, repousse les limites de sa technologie et multiplie les actions solidaires et environnementales dans le monde.