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Qui ? BIBAK
Quoi ? Un modèle de consigne et de réemploi digitalisé qui lutte pour réduire les déchets d’emballage alimentaire.
BIBAK c’est pour Bring it back. Créée par Yasmine Dahmane et Lucas Graffan en 2018, l’entreprise se bat pour réduire les déchets via un modèle de consigne et de réemploi remis au goût du jour. Dans leur viseur ? Les emballages jetables de fast-food. Voilà une start-up qui en jette… enfin non, bien au contraire ! Entretien avec Yasmine.
Avant tout, un petit mot sur votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière très loin des questions environnementales, sur une plate-forme pétrolière de Schlumberger au Turkménistan. J’y ai appris beaucoup de choses, je m’y suis épanouie, mais j’ai surtout développé une énorme conscience écologique après avoir vu de mes propres yeux les effets du pétrole sur l’environnement.
Quand je suis rentrée en France, j’ai participé au lancement d’un parti apolitique (au-delà des clivages, ndlr) avec lequel nous nous sommes présentés aux élections régionales de 2015. Je gérais la partie énergie renouvelable. C’est à ce moment que j’ai mis la tête dans les déchets, avec un problème particulièrement marqué en Île-de-France. Je me le jure : je travaillerai dans ce domaine ! Mais je n’avais pas encore le bagage entrepreneurial pour le faire, je suis donc d’abord passée par McKinsey avant d’enfin pouvoir me lancer.
Et alors, comment est née la Consigne Green Go (ancêtre de BIBAK) ?
J’ai rencontré Lucas lors d’une conférence sur le sujet, on ne se connaissait pas et pourtant nous avons parlé pendant six heures de nos projets. II avait lui aussi l’idée de moderniser la consigne. C’était parti ! Le réseau Biocoop a été le premier à nous faire confiance, suivi par quelques early adopters soucieux de véhiculer des valeurs environnementales. En 2018, on était vraiment les pionniers. On a évangélisé le marché et essuyé les plâtres.
Concrètement, BIBAK c’est quoi ?
BIBAK propose un modèle de consignes aux restaurants avec une dimension digitale. Pourquoi la consigne a disparu en France ? Voilà la question que l’on se posait. On regardait aussi comment procédaient les pays où la consigne existait encore.
Nous avons finalement créé un parcours consommateur avec smartphone pour « gamifier » la démarche de rendre sa vaisselle. Le client obtient des récompenses pour éviter qu’il s’en aille avec les produits. On cible les emballages jetables de fast-foods, qui font partie des plus problématiques aujourd’hui en termes de volume.
Vous proposez aujourd’hui votre solution sur la plate-forme Uber Eats, comment vous vous y prenez ?
De ce côté-là, nous sommes en pleine phase d’expérimentation. Il y a une trentaine de restaurants qui participent sur l’application. Comme Bioburger ou des poké bars… Quand il commande au sein de ces enseignes, le consommateur a le choix sur Uber Eats entre emballage jetable ou consigné. S’il choisit la deuxième option, il rajoute trois euros de consigne. Les points de collectes où il pourra ensuite rendre son contenant lui seront communiqués.
Aujourd’hui, le client peut le rendre quand il veut, sans délai. Il sera alors crédité de cinq euros sur son compte Uber Eats, soit deux de plus que ce qu’il avait donné en consigne. On pense tout de même à d’autres modèles pour éviter le point de friction lié aux trois euros.
Cinq ans après le lancement de votre activité, comment se porte le marché de la consigne ?
On est encore sur un marché d’expansion. BIBAK a longtemps été sollicité par le gouvernement pour écrire des feuilles de route qui ont mené à la loi Agec (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, ndlr). C’est une loi unique sur le globe aujourd’hui, mais qui aura sûrement des résonances en Europe et dans le monde.
Nous voyons aussi d’un bon œil la concurrence qui arrive. Faire adopter la consigne et le réemploi aux consommateurs ne pourra se faire que grâce à plusieurs acteurs qui travaillent main dans la main, et de pair avec les grands groupes. Les principales enseignes de fast-food doivent devenir des références de la consigne en France. C’est un vaste marché qui s’ouvre.