Euros for Docs : une plate-forme pour dénoncer les conflits d’intérêts dans le monde de la santé

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Le collectif Euros for Docs a mis en ligne le site Eurosfordocs.eu pour mettre en lumière les liens entre industrie pharmaceutique et professionnel·les de santé.

À l’heure de la crise de la covid, du développement express des vaccins et des oppositions entre médecins ou simples citoyen·nes sur la gestion sanitaire, les conflits d’intérêt sont devenus un argument massue. Le site Internet Eurosfordocs.eu, lancé ce mardi 1er juin, jette un pavé dans la mare en présentant les liens financiers dans le monde de la santé.

« Pour la transparence du lobbying des industries de santé », la devise du site résume toute l’entreprise du collectif associatif Euros for Docs. La base de données a été finalement lancée mardi 1er juin, malgré l’obstruction technique et les pressions de l’industrie pharmaceutique. Le nom, Euros for Docs, est directement inspiré de celui de la base de données états-unienne Dollars for Docs, lancée en 2012 par le site d’investigation ProPublica. Le site d’Euros for Docs offre l’accès organisé aux informations extraites d’une série de registres publics ou issues d’initiatives de transparence de l’industrie dans sept pays. Par nom de professionnel·le, d’organisation médicale, d’entreprise ou de firme pharmaceutique, l’exploration de la base de données est à la carte. Parmi les écarts financiers et les transferts de valeur opérés par les laboratoires et recensés sur le site : honoraires pour une activité de consultant, intervention dans un congrès, frais de voyage ou autres avantages et rémunération. En tout, rien qu’entre 2017 et 2019, ce ne sont pas moins de 7 milliards d’euros qui ont été versés par l’industrie pharmaceutique aux professionnel·les de santé dans onze pays européens.

Faciliter l’accès aux informations
Comme l’explique le site sur sa page d’accueil, « derrière les crises sanitaires se cachent souvent des conflits d’intérêts majeurs. Les études scientifiques et les prescriptions médicales manquent d’indépendance, influencées par une industrie discrètement omniprésente ». Mais depuis plusieurs années, les scandales poussent à plus de transparence : « Depuis 2010, le scandale du Médiator a amorcé une évolution. Les industriels doivent désormais déclarer tous leurs liens d’intérêts financiers dans la base Transparence-Santé. Problème, malgré la richesse de la base de données, son exploration est très compliquée, au point que le dispositif de transparence rend encore plus opaque ce qu’il est censé rendre public. C’est là qu’intervient Euros for Docs et ses deux initiateurs Pierre-Alain Jachiet et Luc Martinon. Pendant plusieurs semaines, le collectif a localisé, extrait, nettoyé, harmonisé et assemblé les données au sein d’une interface simplifiée. « Tout démontre que l’influence de l’industrie pharmaceutique sur les médecins, les institutions politiques et les processus de réglementation est pernicieuse […] la pression des médias et des citoyens est la seule solution pour faire changer les mentalités », assurent les deux cofondateurs d’Euros for Docs.

Obstruction des lobbys pharmaceutiques
Si des lois ont imposé de premiers gages de transparence aux laboratoires ces dernières années, les anomalies, oublis, doublons et erreurs (volontaires ?) de la base de données publique française sont pointés du doigt. À tel point qu’Euro for Docs, qui a répertorié 7,5 milliards d’euros de paiements potentiellement porteurs de conflits d’intérêts en France entre 2012 et 2021, est devenu un outil de références pour les recherches universitaires ou journalistiques. En lieu et place de Transparence santé, le dispositif public lancé en 2014. Sans surprise, l’extraction des données ne furent pas chose aisée, et des difficultés auraient été orchestrées par l’industrie pharmaceutique. Grâce au travail d’Euros for Docs, les informations sont exploitables et « lisibles », certaines étant publiées par les laboratoires de manière à ne pas l’être. Contre vents et marées, la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (Efpia), l’organisation de lobbying des laboratoires, assure que « la collaboration de l’industrie avec les professionnel·les de santé profite aux patient·es ». Mais il y a un hic : des années de recherches et d’enquêtes journalistiques prouvent le contraire. Au bout de la chaîne, les conflits d’intérêts peuvent avoir un impact direct sur la qualité des soins délivrés. Un état de fait qu’Euros for Docs devrait grandement participer à faire connaître au plus grand nombre.

ABA

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