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Un problème économique peut en cacher un autre… Après l’inflation en 2022, la nouvelle année pourrait être placée sous le signe de la récession.
La récession, c’est le ventre mou de l’économie. Une croissance – ou décroissance – globale comprise entre -0,3 % et +0,3 %. En somme, une situation économique à éviter à tout prix tant la mollesse de cette dynamique contrasterait avec les taux enflammés de l’inflation.
L’économie mondiale navigue en eaux troubles à l’orée de 2023. Après une année 2022 cataclysmique pour l’économie, les prévisions sont à prendre avec des pincettes pour le nouvel exercice qui arrive. L’OCDE prévoit une croissance aux alentours de +0,6 % pour la France, qui éviterait alors – sur le fil du rasoir – cet état de récession.
Mais pour échapper au scénario récessionniste, il faudra tout de même redoubler d’efforts. L’inflation générale doit se calmer et atteindre au maximum 4 %. Sans quoi, l’économie n’arrivera pas à suivre. Pour faire simple, une flambée des prix au-delà de ce seuil impliquerait une hausse des salaires trop importante à assumer pour les entreprises. Résultat ? Réductions d’effectif, hausse du taux d’épargne et panique générale… Les vieux démons de 2008 ressurgiraient. Alors tous les acteurs économiques œuvrent pour éviter cela.
Un peu d’optimisme et c’est reparti ?
Les marchés boursiers fonctionnent ainsi… Quelques bons indicateurs et la crainte redescend. Nous vous le disions il y a quelques semaines, le taux d’inflation a enfin diminué en novembre après 17 mois d’escalade. Il aurait donc atteint son pic en octobre et entamerait, depuis, sa descente. Première bonne nouvelle.
Les bons résultats des grands groupes français constituent une deuxième bonne nouvelle. TotalÉnergies – un temps dans la tourmente – porte aujourd’hui le CAC 40. Le géant pétrolier français permet à notre indice boursier de se maintenir sur les marchés et d’espérer un retour à l’équilibre. Un bon signal pour les investisseurs.
Enfin, c’est le recul des troupes russes en Ukraine qui rassure le plus. Le scénario d’une victoire soviétique écrasante s’éloigne, et avec lui les craintes des acteurs boursiers. Les marchés n’aiment pas l’imprévisibilité, notamment celle de Vladimir Poutine… Mais ce dernier voit sa marge de manœuvre fondre en même temps que son armée s’enlise.
Ces questions, qui ont ponctué l’année, semblent se résoudre – peu à peu – avant 2023. En voilà un bon timing. Cette dynamique positive doit être entretenue pour atteindre l’objectif de l’OCDE et nous tirer d’affaire… in extremis.
Le protectionnisme comme solution ?
Et si l’Europe développait son propre IRA ? La mesure de Joe Biden fait son effet outre-Atlantique. Depuis son lancement, la FED – l’équivalent étasunien de la BCE – table sur une diminution jusqu’à 2 % du taux d’inflation. Au pays de l’oncle Sam, même si l’on ne prévoit pas une grande année 2023, les problématiques d’énergie et d’inflation semblent s’adoucir. L’IRA viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sans vergogne, mais sauve son pays d’une situation compliquée. La fin justifie-t-elle alors les moyens ?
Parce que privilégier l’économie locale permet de s’absoudre des fluctuations arbitraires des pays exportateurs. Les prix des produits chinois par exemple. Ils s’étaient élevés jusqu’à +14 % au pic de l’inflation. Et si depuis ils descendent et atteignent même des taux négatifs, leur caractère volatil ne rassure pas – pour autant – les investisseurs.
Privilégier l’économie locale c’est aussi éviter de creuser la balance commerciale, historiquement déficitaire en 2022. Cela passe par une réindustrialisation du pays, mais aussi le maintien des récentes mesures d’embargo contre les hydrocarbures russes. Adopter une posture forte face à la Russie permet de voir le Kremlin brader son pétrole pour pouvoir le vendre.
Dans un monde où le commerce international vit mollement, le réflexe serait de se renfermer sur soi. En quelques mots, laisser passer l’orage. À l’échelle européenne, cela semble être une solution de secours envisageable.
La BCE maintient le cap
Si le scénario optimiste venait à se produire, que l’inflation venait à se calmer et atteindre les taux espérés, la BCE devrait réagir en conséquence. Par définition, cet organisme régit les 19 pays de la zone euro. Ces mêmes États qui ont des intérêts divers et des comportements singuliers. Les pays surendettés comme la France et l’Italie militent pour des taux directeurs plus bas quand l’Allemagne, elle, souhaite les voir maintenus.
De manière générale, pour accompagner cette potentielle déflation, la BCE a tout intérêt à garder des taux assez hauts. Maintenir la pression pour revenir le plus rapidement possible à une inflation acceptable, autour de 3,5 % en 2024. Les premiers signes de cette baisse ne s’accompagneront donc pas de souplesse financière mais bien d’un maintien de la rigueur jusqu’aux objectifs fixés. N’en déplaisent aux plus grands emprunteurs…
Rigueur, optimisme et solidarité européenne. Voilà les clés pour faire baisser l’inflation dans une économie molle et ainsi éviter la spirale récessionniste et tout ce que cela implique…