Muselier se rapproche d’En Marche avant de se rétracter… La droite s’est tirée une balle dans le pied !

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L’« affaire Muselier » sème la zizanie au sein des Républicains.

Geoffrey Wetzel,
journaliste à la rédaction

Un rapprochement à double tranchant pour la droite. Dans les colonnes du JDD, le Premier ministre Jean Castex annonce le retrait de la liste En Marche dans la région Paca en perspective des élections régionales des 20 et 27 juin. Au profit de la liste conduite par le président sortant Les Républicains, Renaud Muselier. Mais dans la journée d’hier, celui que son camp qualifie de « traitre » se rétracte en partie : « Il n’y a pas et il n’y aura pas d’accord à quelque niveau que ce soit avec En Marche, pas plus qu’avec d’autres appareils. » De la tambouille politique qui résonne surtout comme un faux pas pour la droite. Mauvais timing, moins d’un an avant l’échéance présidentielle.

« Ces petites manœuvres électorales » n’ont rien de surprenant du côté de La République en Marche. Habituée, comme je l’avais déjà soufflé, à « déjeuner à tous les râteliers ». Prête à perpétuer un renouvellement d’identité récurrent pour durer. Une survie illusoire. LREM le sait, sa candidate Sophie Cluzel ne peut faire mieux que jouer les arbitres entre LR et RN dans le Sud-est.

Alors, autant préparer 2022 pour la Macronie. La portée de l’opération Muselier-LREM dépasse les élections régionales, annoncée d’ailleurs par Jean Castex en personne. Macron et sa bande entendent bien faire exploser la droite. Pour mieux convaincre ensuite les électeurs·rices LR, réticent·es à Marine Le Pen, de glisser le bulletin LREM dans l’urne aux présidentielles.

C’est avant tout cette volonté de contrer le RN qui a poussé Muselier à faire les yeux doux à la majorité. Une façon de contenir cette peur excessive de voir triompher la liste menée par Thierry Mariani (RN) – donnée gagnante par un sondage Ifop – dans la région, terre de prédilection de la droite de la droite. En 2015, Marion Maréchal-Le Pen se qualifiait au second tour en région Paca, avec plus de 40 % des voix face au maire de Nice, Christian Estrosi. Renaud Muselier l’a assez répété, il préfère « additionner les compétences ». Au risque de soustraire les chances de victoire pour la droite l’an prochain.

Cette obsession à contenir la percée des allié·es de Marine Le Pen sur le territoire justifie-t-elle le travestissement des partis politiques français ? En Marche a une nouvelle fois démontré sa capacité à déjouer ses principaux rivaux. Mais peine – de plus en plus – à camoufler son impopularité. Avec ce coup de poker, la droite, elle, avait bien plus à perdre. Souvent, c’est au second tour que l’on se marie. Pas avant.

En interne, la division des Républicains s’est accentuée. Comme deux familles politiques – irréconciliables – à l’intérieur d’un même parti. Alors qu’Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, ne digère pas la manœuvre (« Ils ont osé l’inacceptable »), Martine Vassalle, de son côté, a encouragé le rapprochement LR-LREM. « L’unité doit l’emporter pour faire barrage aux extrêmes lors des régionales », (r)assure la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence. Pour Xavier Bertrand, qui a déjà annoncé sa candidature en 2022, « cet accord est irresponsable, car il fait du RN le seul opposant. Il nous amènera au déshonneur et à la défaite. LR n’a pas vocation à être les supplétifs d’En Marche » ! Au milieu, le patron du parti Christian Jacob tente de tempérer les envolées des un·es et des autres. Et précise à l’issue d’une réunion de crise que sa famille ne se retrouve pas « dans un sujet d’exclusion » par rapport au cas Muselier. Lequel n’a pas tardé à faire machine arrière : « Il n’y aura pas d’accord avec En Marche », a-t-il lancé dans un communiqué. Muselier reste toutefois « sensible à tous les soutiens »…. Mais l’erreur est-elle réparable ?

Une fois de plus, la scène politique nous offre un numéro de chaises musicales. Régi par une logique de petits calculs politiques au détriment des idées, des convictions… D’une cohérence finalement.

Geoffrey Wetzel

 

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise...). Friand de football et politiquement égaré.

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