Réforme des retraites, quand ça ne veut pas…

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Geoffrey Wetzel, journaliste-chef de service

Travailler jusqu’à 65 ans, les Français n’en veulent pas. Sans cesse repoussée aux calendes grecques, la réforme des retraites aura lieu en 2023, assure un Emmanuel Macron obstiné. Le gouvernement présentera les contours de cette réforme ultra-controversée mardi 10 janvier.

« Cette année sera en effet celle d’une réforme des retraites qui vise à assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir », dixit le président de la République lors de la présentation de ses vœux pour 2023. Adresseriez-vous à vos proches, vous, des vœux dont ils ne souhaitent pas ? Car oui, plus des deux tiers des Français restent opposés au report de l’âge légal de départ à la retraite.

Les retraites, aucun président de la République n’y échappe. Une sorte de passage obligé. Emmanuel Macron ne fait pas exception et s’entête à vouloir faire de la réforme des retraites l’une des priorités du second quinquennat. En 2010, souvenez-vous, avec Nicolas Sarkozy à la tête de la France et François Fillon à Matignon, le recul de l’âge légal de 60 à 62 ans avait poussé trois millions de manifestants à descendre dans la rue. Macron irait plus loin avec ses 65 ans sur la table.

La réforme, elle, ressemble moins au bazar social-démocrate de la retraite à points qu’on nous promettait en 2017. À l’époque – et encore aujourd’hui – personne n’y comprenait vraiment quelque chose. Un micmac pris de court par la crise sanitaire. Depuis, Macron et son gouvernement insistent. Justice sociale, préserver les niveaux de pensions, résoudre le défi du taux d’emploi des seniors, tout est bon pour convaincre de la nécessité d’une telle réforme. Objectif numéro un sans doute : rééquilibrer les finances d’un régime bien mal en point.

Au gouvernement, on aligne les arguments pour convaincre : la promesse d’une retraite minimum à 1 200 euros par mois, un index senior dans les entreprises – la mesure fait évidemment grincer des dents le patronat – ou encore la prise en compte des carrières longues, l’idée serait un départ anticipé de quatre ans pour dix trimestres validés avant vingt ans. En vain, la mayonnaise ne prend pas…

… Parce que les Français n’entendent pas passer leurs derniers jours en bonne santé à travailler. Du moins ceux qui n’exercent pas un métier passion. Ceux qui attendent leur retraite pour souffler, car usés physiquement et mentalement. « Nous vivons plus longtemps […] Et donc nous devons travailler plus longtemps », n’a cessé de marteler le ministre du Travail Olivier Dussopt. Conclusion un poil rapide. Vivre plus ne signifie pas nécessairement vivre mieux.

L’espérance de vie en bonne santé progresse elle aussi, mais diffère évidemment selon les classes sociales. Une infographie d’Alternatives Économiques précise : « Les hommes et les femmes cadres vivent en moyenne douze ans sans incapacité entre 50 et 65 ans, contre neuf pour les ouvriers et dix pour les ouvrières. » Bref, arrivés à 64 ou 65 ans, le nombre d’années à vivre en bonne santé pour beaucoup d’ouvriers se compte sur les doigts d’une main, de deux peut-être.

À l’heure de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, de l’inflation, Macron et sa bande marchent sur des œufs. D’ailleurs, la Première ministre Élisabeth Borne a tenu à le rappeler : l’âge de 65 ans n’est pas un « totem ». Le gouvernement s’essaie à l’apaisement, alors que le mouvement des gilets jaunes a redémarré, timidement. Mais la réforme des retraites pourrait lui redonner un nouveau souffle.

De leur côté, Les Républicains, pour faire passer la pilule, planchent plutôt pour un report de l’âge légal à 64 ans et espèrent étaler la réforme sur « deux quinquennats » avec un relèvement de l’âge légal de départ à 63 ans en 2027, puis 64 ans en 2032. Pour la droite, la réforme macronienne est nécessaire mais trop brutale, c’est dire. Or la Macronie ne peut que s’appuyer sur ses alliés LR pour arriver à ses fins… et surtout éviter le recours au 49.3, le passage en force de trop.

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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