Pouvoir d’achat et inflation, les recettes des huit principaux candidat·es, en attendant la (dé)marche du président sortant

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Pratique, quand on n’est pas (encore) candidat, d’annoncer son programme de restauration du pouvoir d’achat après que toute la concurrence s’est prononcée. Ce qui ne veut pas dire que les solutions avancées seront faciles à défendre.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Parce que le pouvoir d’achat lié à l’inflation est devenu l’inquiétude majeure des Français·es, les huit candidats de quelque notoriété sinon de quelque poids offrent tous et toutes une réponse magique, mais bien sûr pas la même. On pourrait croire, et c’est en partie vrai, que les solutions en question seraient choisies à l’aune de l’idéologie de son ou émetteur·rice. Mais des propositions apparentées mélangent les couleurs.

En réalité, les promesses électorales rassemblent des courants fort opposés a priori.

  • Une baisse de la TVA sur les énergies réunit Le Pen (RN), 5,5 % sur fioul, gaz, électricité, à Pécresse (LR), 5 % sur l’électricité. Hidalgo (PS) à son tour prône une baisse de la TVA sur l’essence à 5,5 % (provisoirement), comme sur les prix de l’énergie. Jadot (EELV) baisse, lui, la TVA sur les produits et services « écologiques » (0 % pour le bio, mais +20 % pour les transports polluants). Banco, lui répond Taubira (ex-Radicaux de gauche) elle aussi partante pour l’absence de TVA sur le bio.
  • Pour faire baisser le prix des énergies, Zemmour se contente de faire rembourser aux entreprises 50 % du carburant du trajet domicile-travail. Jadot applique 5,5 % de baisse de TVA pour les transports collectifs et les réparations, dans la logique de sa pensée, donc. Il distribue des chèques énergie de 400 euros aux 5,8 millions de « modestes » et 100 euros aux « classes moyennes ». Mélenchon (Insoumis) place « l’énergie hors du marché » et bloque les prix de l’essence (produit essentiel). Taubira étête les prix (eau, gaz, électricité) « à partir d’un certain niveau ». Roussel (PC) veut appliquer la TIPP flottante sur les produits pétroliers. Le Pen a annoncé vouloir stopper net le programme éolien dont elle entend redistribuer les 5 milliards actuels de subventions aux… ménages et sortir du marché de l’électricité européen.
  • Le traitement des entreprises à son tour reflète tous les scénarios. Le Pen chercherait à inciter les entreprises à augmenter les salaires de 10 %, jusqu’à 3 smic, moyennant exonérations des cotisations sociales que ces augmentations généreraient. Pécresse la sarkozyste demanderait elle aussi aux patrons d’augmenter de 10 % sur cinq ans les salaires nets jusqu’à 2,2 smic (3 % immédiatement après l’élection en abaissant les cotisations vieillesse, 5 % un an plus tard, 10 quatre ans plus tard, à la fin du quinquennat). Elle allège les normes et les charges sociales contre des augmentations de salaires (si les employeurs font la sourde oreille, l’État paiera !), elle promet de défiscaliser des heures supplémentaires, sans limite, de monnayer les RTT pour les salarié·es. Zemmour s’aligne sur une telle défiscalisation. Il ajoute une prime aux salarié·es « zéro charge, zéro Urssaf » (« jusqu’à 3 mois de salaires nets »). Il baisse à 2,5 % le taux de CSG pour des salaires jusqu’à 2 000 euros nets mensuels. Jadot préconise un smic à 1 500 euros, histoire, lui aussi, de viser à une augmentation de 10 %. D’aligner les branches professionnelles sur le smic (eh oui, le nombre de branches dans lesquelles les minimums salariaux des conventions collectives sont passés sous le smic a explosé !). Il revalorise le point d’indice de la fonction publique et des métiers médico-sociaux, de l’éducation populaire et du travail social. Roussel aussi vise les 1 500 nets mensuels et revalorise les fonctionnaires de 30 %. Pour lui, les minimums de branche seront réévalués automatiquement sitôt que le smic augmentera (le camarade Martinez de la CGT parle, lui, de 2 000 euros pour le smic, en répondant à un patron de PME qu’il lui faut facturer bien plus cher les donneurs d’ordre, à charge pour eux de ne plus verser de dividendes). Mélenchon est un poil moins généreux : 1 400 euros nets pour le smic (mais gratuité des protections hygiéniques et plafonnement des frais bancaires !). Enfin Hidalgo conditionne les aides publiques à des critères sociaux. Le smic prendrait sous sa présidence un élan de 15 % (+ 200 euros par mois). Son projet initial de doubler les salaires des enseignants semble s’être évanoui, au profit d’un objectif progressif de revalorisation à hauteur de la rémunération des cadres.
  • pour le logement, Pécresse évoque un « droit au logement » prioritaire dans leurs villes de résidence pour les travailleurs de « première ligne » (caissiers-vendeurs, aides à domicile, personnels soignants, routiers, livreurs…). Taubira présidente veut encadrer tous les loyers.
  • Alimentation : Taubira encore pense à un chèque alimentaire de 150 euros par mois sous conditions de ressources. Hidalgo baisse la TVA à 5,5 % sur les denrées de première nécessité.
  • Transports : seule Hidalgo parle « à terme » (?) de réduire la TVA sur les prix du transport et du train.

Reste… le programme du non-bientôt-candidat sur tous ces points, Emmanuel Macron. À propos des revalorisations salariales, l’inflation a déjà produit ses effets : 2,2 % pour le smic le 1er octobre 2021. Avec les augmentations légales, « le salaire minimum a gagné 64 euros (+ 4,1 %) depuis le 1er janvier 2021 », chiffre Les Échos. On attend donc au tournant de sa candidature le président de la crise covid appelé à résoudre la conséquence inflationniste, sorte de séquelle planétaire de pandémie. Devant la panoplie des mesures de ses concurrent·es, il lui revient de tenter d’autres bottes, sans oublier qu’il s’est forgé l’image de président ami des entreprises et des start-up. Et, au passage, de la paix, risque majeur de ses présidences (française et européenne) si Poutine veut s’offrir un bras d’honneur canon à la face du monde entier.

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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