Pourquoi avons-nous adopté l’écriture inclusive ?

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Pour en finir avec quatre siècles de machisme grammatical.

Au fil de votre lecture, qu’il s’agisse de la lettre quotidienne ou des magazines LMedia (ÉcoRéseau Business, Franchise & Concept(s), Parenthèse), vous avez bien compris que nous avons choisi l’écriture dite inclusive : autrement dit, chaque mot, adjectif ou participe passé ne s’accorde pas forcément au seul masculin : nos lecteur.trices savent que si ils.elles sont salarié.es, employé.es ou patron.nes, l’usage des deux genres transparaîtra dans nos articles.

« C’est très gênant », nous écrit parfois tel lecteur ou telle lectrice. Harry, qui nous houspille souvent dans ses commentaires, nous balance que « Vous nous fatiguez les yeux avec votre écriture all inclusive ». Outre que l’écriture française inclusive n’a nul besoin de cet anglais qui signifie « tout compris », je doute que nos accords à deux genres gênent à ce point la lecture. Vous savez pourquoi ? Parce que le cerveau possède cette faculté fort utile de photographier le mot et de puiser dans sa base de données en un millionième de seconde le vocable reconnu. Lire « des contaminé.es plus jeunes et mieux soigné.es » n’oblige en rien à épeler. Les mots sont reconnus à la volée et vous notez simplement, comme une information supplémentaire, cette nouvelle façon de ne plus tout réduire au seul genre masculin.

C’est tellement vrai qu’un drôle d’exercice qui consiste à vous donner à lire des mots apparemment complètement mélangés ne vous pose pas la moindre difficulté. Tenez, lisez : « Is vuos pvueoz lrie ccei, vuos aevz asusi nu dôrle de cvreeau ? » Surpris.e d’avoir décrypté sans effort « Si vous pouvez lire ceci, vous avez un drôle de cerveau ? » Pourtant, il a suffi à la fonction lecture d’identifier la première et la dernière lettre du mot. Son algorithme étonnant a identifié ce charabia en quelques microsecondes (il serait en difficulté si tous les mtos étaient de pures anagrammes : tmso serait beaucoup plus difficile à identifier).

Autant dire que l’écriture inclusive justifie largement son adoption tellement elle entre en rupture « militante » avec son objet : en finir avec la suprématie du masculin que certains grammairiens dignes du bourgeois gentilhomme nomment pudiquement « neutre ». Neutre, le masculin ? En rien. Il s’agit d’un choix arbitraire pas si vieux dans l’histoire du français : c’est au XVIIe siècle que les académiciens ont imposé l’accord selon « le genre le plus noble » (sic). « Un siècle plus tard, Beauzée justifie cette décision en ceci que “le genre masculin est réputé le plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle” » (resic, cité par Éliane Viennot, « historienne et professeuse », comme elle se qualifie).

Une affirmation tellement machiste, ridicule et intolérable que nous tenons pour honneur de contribuer à en effacer l’infamie. Du reste, notre ami le virus qui nous inocule la covid (maladie du coronavirus) s’amuse à nous rendre égaux.ales devant lui : il nous masque tous, homme et femme, sur un pied d’égalité…

Olivier Magnan

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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