Parité des élu·es et diversité, l’exemple écossais

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La République paritaire, idéal à portée de main ou vœu pieu incapable d’assurer l’égalité « réelle » entre les sexes ? Le renouvellement de l’Assemblée écossaise en atteste : la diversité des élu·es et la représentativité de la société doivent devenir la norme. Et légitiment d’autant plus le rôle des élu·es.

Adam Belghiti Alaoui, Journaliste à la rédaction

D’un côté une « nation sans État » dont le Parlement est composé à 45 % de femmes et fait la part belle à la diversité, de l’autre un pays des « droits de l’Homme » où les femmes ne représentent toujours que 38 % des parlementaires. Qui est qui ? Un indice : mon premier porte un kilt et une cornemuse, et mon second un béret et une baguette sous le bras. Inutile de laisser planer le suspens ni d’alimenter les stéréotypes au-delà de la simple boutade: c’est bel et bien la France qui a beaucoup à apprendre de l’exemple écossais. Et ce n’est pas peu dire.

L’Assemblée régionale écossaise peut se targuer d’être l’un des premiers hémicycles au monde à s’approcher aussi près de la (véritable) parité. Et d’une représentativité qui est ce qu’elle devrait être. Sur les 129 député·es fraichement élu·es, 45 % sont des femmes, six sont issu·es des minorités et une élue est en fauteuil roulant.

Outre la diversité des genres, on retrouve également une diversité de langues. Anglais pour le plus clair des débats, mais aussi gaélique, allemand, pendjabi et le langage des signes. L’Écosse a fait le choix de ne pas s’opposer aux diversité culturelles, linguistiques et genrées qui la compose. Pendant qu’en France le Conseil constitutionnel vient de retoquer partiellement la loi en faveur des langues régionales, en censurant l’enseignement immersif et l’utilisation de signes diacritiques (signe accompagnant une lettre pour en modifier la prononciation).

Mieux, une femme de couleur, Kaubab Stewart, a prêté serment en habit traditionnel pakistanais. Et Holyrood, le palais qui accueille le Parlement écossais, intègre également une femme voilée et une première députée handicapée. Autant de gages d’ouverture et de respect de la diversité et de la représentativité encore quasi impensables en France. Particulièrement à l’heure où nombre d’élu·es de la République s’attaque à la diversité plutôt que de lui accorder l’importance qu’elle mérite.

En France, la parité et la représentativité évoluent dans le bon sens, mais sont loin d’être satisfaisantes. En 2017, lors des dernières élections législatives, 224 femmes ont été élues sur les 577 député·es que compte l’Assemblée nationale. Soit un total de 38,7 %, contre 26,9 % (155 sur 577) en 2012. Le constat est plus amer au Sénat : 31,6 % de sénatrices depuis 2017 (110 sur 348), contre 25 % en 2014 (87 sur 348). Les progrès sont là, certes. Mais, n’en déplaise à beaucoup trop de personnes, c’est une honte d’en être encore là en 2021. Et la parité est un de ces combats qui ne devraient pas en être.

13e sur 28, voilà à quel rang se hisse la France au sein de l’Union européenne, en termes de parité. Juste au-dessus de la moyenne donc, mais mauvais bulletin et avertissement tout de même. La copie est à revoir. D’autant plus quand on sait qu’au 1er janvier 2019, il y avait 51,5 % de femmes parmi les 66,9 millions de Français·es et que les femmes représentent 52,3 % des électeur·rices inscrit·es sur les listes électorales.

L’Écosse est un exemple à suivre. Pour la France, et pour l’Europe, dont le Parlement comporte 36 % de femmes seulement. Parité et diversité sont également synonymes de légitimité : le taux de participation des dernières élections législatives écossaises fut de 63,5 %. En France, en 2017, il fut de 42,6 %.

Depuis 2014, l’Écosse est dirigée par une femme, la Première ministre Nicola Sturgeon. La France n’a jamais connu de présidente, et une seule Première ministre, Édith Cresson, de mai 1991 à avril 1992. Que dire de plus ?

Adam Belghiti Alaoui

2 Commentaires

  1. Article simpliste et caricatural, sans doute de la mauvaise foi plutôt que de l’angélisme.
    Continuer à dire « béret baguette » pour désigner la France, c’est montrer votre mépris; J’aime les bérets du sud-ouest et la bonne baguette de chez nous, et je regrette que ces 2 objets servent à dénigrer mon pays.
    Prôner un idéal de diversité ethnique et religieuse , avec des femmes voilées au Parlement dans un pays occidental, c’est méconnaître et mépriser notre identité et nos valeurs ancestrales.

    Faites l’effort de décompter les élus chrétiens en Algérie, Tunisie, Maroc, etc. Il n’y en a AUCUN.
    Ni aucun européen d’origine non plus, et on trouve cela normal, parce qu’ils sont ultra-minoritaires et que la population ne l’accepterait pas.
    En Europe, nul reférendum sur ces sujets par crainte d’un refus massif, alors on nous l’impose, par la loi ou au nom d’une pseudo-égalité, nouvelle morale citoyenne, ou encore par des manoeuvres électorales.
    De plus, si l’Ecosse est un très bon élève dans le domaine de la parité et de la diversité, il maximise ses chances de rejoindre l’Union européenne après son indépendance, et aussi d’avoir des soutiens influents pour réussir à se séparer du méchant Royaume Uni .

    • Chère Madame,

      Merci de votre commentaire sur mon article auquel je me permets de répondre avec clarté et courtoisie.

      Tout d’abord, au cas où le ton ironique et volontairement caricatural de la phrase vous aurait échappé, l’utilisation du cliché « béret baguette » est bien entendu faite pour le cliché et sur le ton de la boutade et non pas pour résumer sérieusement la culture française. Un peu de second degré ne fait jamais de mal, vous en attesterez je l’espère.

      Ensuite, vous semblez choquée que je laisse supposer qu’un Parlement plus représentatif de la diversité culturelle et ethnique de notre pays serait souhaitable. J’en suis navré et de tels avis font partie du problème que je soulève. Quelles sont donc les valeurs ancestrales et l’identité française dont vous parlez ? Je m’interroge sérieusement. Ne vous déplaise, la France contemporaine est une France colorée, où religions et ethnies se mélangent. Quelles démocratie dignes de ce nom peuvent-elles se permettre d’ignorer la pluralité de ses citoyens? Je vous conseille sérieusement de vous ouvrir au monde qui vous entoure. Si le fait de voir des femmes et des hommes représenter leur richesse culturelle vous effraie tant, le vivre ensemble n’est donc pas possible à vos yeux.

      Pour prendre l’exemple de la société britannique, la diversité y est bien plus visible et respectée, notamment parmi les élu.es (l’actuel maire de Londres est d’origine indienne). Trouvez-vous normal qu’en France, un pays qui doit une partie de son développement fulgurant de l’après-guerre à la main d’œuvre immigrée et qui compte aujourd’hui des millions de citoyens issus de l’immigration africaine et nord-africaine, ce ne soit pas le cas? Je ne pense pas. Je ne prône aucunement le communautarisme, mais appelle au respect égal de toutes les citoyennes et de tous les citoyens. Ni plus ni moins.

      Vous citez insidieusement les exemples des pays maghrébins. Effectivement la représentativité est loin, très loin, d’y être ce qu’elle devrait être. Est-ce pour autant que nous pouvons dès lors ignorer nos propres erreurs et progrès à accomplir ? S’il suffisait de répondre que le voisin fait pire quand on nous démontre que l’on peut faire mieux, dans quel monde vivrait-on. Je cite l’exemple de l’Écosse, en y retenant ce que je pense bénéfique pour mon pays. Ne vous méprenez pas, je suis français, et je suis persuadé qu’une plus grande tolérance et intégration de notre diversité ne fera que faire grandir notre pays. N’en déplaise à celles et ceux qui, comme vous, s’obstinent à vivre dans le passé et à dénigrer des millions de nos concitoyens au nom d’une prétendue culture ancestrale française. Je vous conseille la lecture des textes d’Ernest Renan, notamment ses travaux sur la laïcité et la nation.
      « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble », écrit-il.

      Le vivre ensemble devrait être cher à vos yeux, vous qui défendez la culture française. Lorsque notre pays, ses élites et ses institutions intégreront qu’il faut tendre la main à la diversité et aux différentes communautés culturelles, et non les ignorer et ne pas les considérer à leur juste valeur, la France fera un grand pas en avant. La critique des institutions et le fondement de la démocratie. Enfin, cet article était un éditorial, positionné et inspiré par la moralité du journaliste. Il n’engage que moi et mes avis.

      Je vous remercie pour votre commentaire, tout débat est constructif.

      Bien cordialement,

      Adam Belghiti Alaoui

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