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journaliste à la rédaction
Le pays se tend autour de la vaccination. Celles et ceux que l’on assigne comme « antivax » se retrouvent de plus en plus stigmatisé·es.
Ce virus qui rend fou, titrait le philosophe Bernard-Henri Levy. Au-delà de cette psychose mondiale, ce virus nous divise. Entre les vacciné·es et les autres : les « antivax » ! À l’ère covid-19, ne pas se réclamer « pro-vaccin » fait forcément de vous un·e « antivax ». Soit le·la responsable de la quatrième vague qu’on annonce déjà pour la fin de l’été. Celle ou celui que l’on dépeint comme égoïste, inconscient·e, abruti·e ou complotiste. Quand ce n’est pas les quatre en même temps.
Or, au même titre que les « pro-vaccin » constituent une catégorie hétérogène – des extrêmes convaincu·es qui voient dans le vaccin notre seul recours pour renouer avec notre vie d’avant à celles et ceux qui se piquent parce qu’il faut le faire – derrière les « antivax » made in covid 19, on retrouve aussi des gens qui doutent. Des gens qui ont peur. Des gens qui attendent. Des gens qui n’ont plus confiance – non pas en la science – mais dans les institutions qui les gouvernent et incarnées via des politiques dépassés par une crise sanitaire que, certes, personne n’avait vu venir. Bref, parmi les « antivax » : des gens comme vous et moi !
Derrière ces « antivax », des soignant·es aussi. « Nos héros et héroïnes » en blouse blanche se retrouvent pointé·es du doigt. Les mêmes qu’on applaudissait l’an passé parce qu’ils·elles allaient au « front ». En première ligne, parfois désarmé·es sans blouses ni masques. Drôle de guerre que nous menons.
Car oui, souvenez-vous en mars 2020, « nous sommes en guerre » déclarait Emmanuel Macron. Quand vous placez le seuil de l’urgence très haut d’emblée, vous pouvez justifier toutes les décisions exceptionnelles ensuite. Que nous ne pensions jamais connaitre en temps de paix. Confinements successifs qui nécessitent un bout de papier pour sortir de chez soi, couvre-feu, arrêt volontaire d’une partie de l’économie. Les masques, un temps inutiles, devenus obligatoires, d’abord en intérieur, puis en extérieur. Tant de restrictions auxquelles nous nous sommes dangereusement habitué·es et qui nous pendent au nez si nous ne sommes pas assez « responsables », nous dit-on.
Le gouvernement, lui aussi, a le droit de commettre des erreurs. Surtout, il doit les reconnaitre pour garder une relation saine et de confiance avec son peuple. Et revenir sur ses propos lorsqu’il surfe avec de graves imprécisions. « Parmi les fake news que l’on entend, il y aurait celle qui consiste à dire que le vaccin serait encore en cours d’expérimentation, c’est absolument faux. La phase 3 est terminée depuis des mois, elle est validée », dixit notre ministre de la Santé Olivier Véran. Voilà une assertion qui ne se révèle pas complètement fausse… et qui ne demeure donc pas totalement vraie. « L’essai de phase 3 se poursuit », a concédé Pfizer lui-même. Une étape pendant laquelle le laboratoire continue de tester l’efficacité de son vaccin et cela encore « pour deux ans ». Les premiers résultats en novembre étaient plutôt rassurants – 95 % d’efficacité pour Pfizer-BioNTech par exemple.
Donc oui, déclarer que les vacciné·es d’aujourd’hui jouent les cobayes serait absurde. Mais à ne pas vouloir prendre le « risque » de clarifier l’état réel et actuel quant au processus d’avancement d’un vaccin – par peur sans doute de compromettre la campagne vaccinale – vous nourrissez le scepticisme de celles et ceux qu’on assigne comme « antivax ».
Enfin, parmi ces « antivax » : des jeunes aussi. La plupart du temps en parfaite santé. Pour eux·elles, la balance bénéfice-risque peine davantage à convaincre. Du moins plus que les femmes et hommes à risque – âgé·es ou atteint·es de comorbidités. Faudra-il obliger les jeunes – comme tous·tes les autres « antivax » – à se faire vacciner ? Pour le professeur Michaël Peyromaure, de l’AP-HP et chef de service d’urologie à l’hôpital Cochin, cela « n’aurait aucun sens ». Pour un virus dont le taux de létalité interroge sur l’arsenal de précautions déployé. Dans ce sens, on compte au 10 juillet en France 19 décès supplémentaires au cours des 24 heures précédentes. Ces décès – malheureux mais fort heureusement limités – justifient-t-ils l’hystérie collective à laquelle on s’adonne depuis de trop nombreux mois ?
Si le vaccin anti-covid protège des formes graves de la maladie et qu’il entend réduire l’arrivée de patient·es en réanimation, l’enjeu tend à inciter les personnes à risque à passer à l’acte. Pour les autres, cessons de les culpabiliser.
Ne faisons pas des « antivax » les parias de la société.
Geoffrey Wetzel
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