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Le président de la covid et du quoi qu’il en coûte a été réélu conformément à l’évidence. Mais ce 2e mandat historique l’engage face à un pays qui lui exprime un ultimatum.

La réélection d’Emmanuel Macron n’est bien sûr pas une surprise. Il aurait fallu un séisme électoral que rien ne laissait entrevoir pour créer sa défaite.
L’écart des voix n’est pas une surprise. L’on n’est plus dans l’exécration d’une extrême droite apprivoisée que Marine Le Pen aura réussi, malgré ses faiblesses congénitales, à faire passer pour une idéologie acceptable, mais pour autant les 17 points d’écart légitiment bien le mandat du réélu.
L’abstention – près de 30 % – n’est pas une surprise, elle était calculée depuis belle lurette par des instituts de sondage qui, cette fois, se sont réhabilités par leurs prévisions globales. Curieusement, du reste, cette abstention est favorisée par l’aberration de fixer la date du 2e tour au moment où toutes les académies sont en vacances (aberration qui ne semble soulever aucune vraie critique).
Mais ce président sans surprise va devoir la créer, la surprise (dans un pays qui doit encore lui donner le moyen d’agir en juin en lui donnant une majorité parlementaire qui ne sera pourtant pas un raz de marée).
Surprise en tenant sa parole fondamentale d’instaurer un quinquennat d’urgence écologique. Surprise en respectant les forces divisées. Surprise en replaçant durablement un pays provisoirement libéré d’une pandémie dans la dynamique d’une politique ouverte, inventive, respectueuse, soucieuse des défavorisé·es et attentive à l’avertissement des extrêmes. Surprise en s’engageant davantage dans un soutien matériel à l’Ukraine.
Le discours du Champ de Mars n’aura pas dit autre chose. Un Macron président d’« une grande nation écologique » qui aura énoncé son intention de tenir compte des différences et de « trouver une réponse » à « la colère » et aux « désaccords ». Le président souhaité par le Medef n’aura pas non plus oublié de citer « les forces entrepreneuriales » ni son objectif de travailler à l’égalité des femmes et des hommes.
Des propos de circonstance ? Pas si sûr. En soulignant ce qui l’« oblige », Macron sait très bien que cette réélection historique ne doit pas décevoir – et il est, là, sur la tribune, en cette nuit de printemps, en son for intérieur fermement décidé à réussir. Il sait aussi, et ses derniers mots sont un aveu lucide, que « les années à venir ne seront pas tranquilles », contrairement à la force du même nom brandie en son temps par l’autre président de rupture, Mitterrand.
Là encore, comme en 1981, les Français·es, par leur choix, se sont donné de l’optimisme.
S’ils·elles devaient le regretter, alors le premier ou la première charlatan venu·e aurait belle de les briser. Il faut que Macron réussisse. C’est un ultimatum.