L’Ukraine doit gagner. Maintenant.

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On se contente des revers russes, on parle de victoire à terme de l’Ukraine – pays ravagé, pourtant – et l’on accueille les réfugiés. Mais en n’intégrant pas maintenant l’Ukraine dans l’Europe, on rend déjà des armes que l’on n’a pas voulu utiliser. Où est la victoire ?

Olivier Magnan, rédacteur en chef

L’Ukraine doit gagner, éditorialise The Economist. C’est une évidence pour tout le monde. Mais dans ce doit, le célèbre hebdomadaire de Londres place tout le poids du must : sans une victoire nette et rapide, ce n’est pas l’Ukraine qui perd, c’est toute l’Europe démocratique et, au-delà, les États-Unis.

C’est en ce sens que j’avais titré ici il y a quelques semaines qu’Emmanuel Macron n’avait pas fini le job. À l’image des États européens apeurés, le président temporaire de l’UE ne cesse de tempérer par crainte de voir l’Otan – donc les États-Unis – provoquer la Russie. La dissuasion nucléaire revêt son autre sens. Ce n’est plus « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier de nous deux qui tirera sera détruit », mais, de la part de Poutine, « si vous me donnez une tapette, je lâche mes bombes ». Autrement dit, le dictateur sanglant de Russie nous « dissuade », à lui seul, de donner l’aide en avions et en armes que Volodymyr Zelensky réclame à cor et à cri. Tout embourbé qu’il soit, le cynique belligérant du Kremlin constate pleinement son pouvoir de nuisance et ne s’appuie plus que sur ce bluff efficace pour espérer encore gagner la guerre.

Le vieux Biden, pourtant, l’a compris : en parlant de « boucher » et en répliquant à Poutine à la hauteur de sa provocation, en le menaçant à son tour d’une réplique tout aussi dévastatrice pour la Russie si l’armée russe met une chenille dans un pays de l’Otan, il s’est comporté sans doute à la hauteur du drame. Mais les Européens et son opposition l’ont vite remis à sa place.

Sans même envisager une riposte militaire, l’Europe devrait au moins faire comprendre au petit génocidaire qu’elle est prête, sans délai, à accueillir l’Ukraine comme 28e membre. C’eût été la première réponse ferme qui aurait galvanisé l’héroïque résistance ukrainienne d’une part et montré à Poutine que ses menaces lui valaient la perte définitive de ses espoirs de conquête. Au lieu de quoi, les 27 promettent un long processus d’intégration et l’Allemagne égoïste fait valoir ses intérêts énergétiques à court terme (Angela Merkel aurait peut-être montré une autre trempe).

Nous abandonnons les Ukrainien·es à leur sort en nous targuant d’accueillir les réfugié·es à bras ouverts (à part l’extrême droite française, bien sûr…). Voyez comme nous sommes solidaires ! Hélas, c’est à une autre solidarité qu’aspire ce peuple attaqué à nos portes.

L’Ukraine, dit-on, finira par gagner, le pays n’est-il pas en passe de remporter la première phase ? Il s’agirait au mieux d’une mauvaise paix, comme conclut The Economist. Une mauvaise paix retombera sur l’Europe pour des décennies.

Si Emmanuel Macron finit par emporter un second mandat en France, peut-être de justesse, il n’incarnera pas une France courageuse, combative, consciente des enjeux qui se nouent sur le long terme. Il faut plus que jamais sauver le soldat malgré lui Zelensky.

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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