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Mais nos pollutions sonores ont repris de plus belle.
En nous réduisant au silence par le confinement, le coronavirus nous a laissé entendre la planète. Nous savons que l’épuisement des ressources de la terre fut retardé d’un mois par l’inactivité forcée. J’ai suggéré dans un éditorial que nous devrions peut-être offrir de temps en temps de telles « vacances » à notre habitat. Vœu utopique que des pandémies à venir nous obligeront peut-être à exaucer. En tout cas, les bénéfices récoltés par la chute brutale des activités humaines ne furent pas minces… quand bien même les déficits économiques se montrent abyssaux. Mais au fond, pour sauvegarder notre habitat, notre survie future, les milliards de l’anthropocène ne sont rien.
Un long « papier » de The Observer de Londres, traduit et relayé par Courrier international, nous révèle que la science a puisé dans le silence provisoire une moisson de découvertes. Notamment l’acoustique, la science de l’atmosphère et l’écologie. Parce que les bruits urbains ont baissé de cinq décibels quand tout déplacement était conditionnel, les grandes oreilles des sismologues ont enfin pu corréler le son et l’activité économique. Comme l’impact des nuisances sonores sur le bien-être. On en a tiré de solides données sur le devenir des villes. Et l’agrément futur des mobilités électriques. Nos curieux de l’oreille sont parvenus à calculer le bruit sismique de chaque activité humaine. Jusqu’au point d’« entendre » le respect des règles de distanciation physique et les restrictions dans les transports ! Et de « surveiller » l’activité de chaque pays : que les déplacements ferroviaires chinois se soient arrêtés quand les italiens roulaient s’est entendu dans le relatif silence du brouhaha humain…
À leur tour, les mesures de la qualité de l’air ont mis en évidence les producteurs différenciés d’aérosols : voitures, mais aussi engrais, chauffage domestique, feux de forêt, poussières du désert. Impossibles, jusqu’alors, de trier ainsi parmi les gaz à effet de serre. Or les aérosols ont littéralement disparu pendant les confinements…
Il resterait à faire taire les bruits sous-marins qui tuent une partie de la faune. Mais les vraquiers et autres cargos pétroliers préfèrent se casser en deux et polluer les côtes plutôt que de se confiner…
Olivier Magnan