Le temps de la chance et celui de l’intelligence

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La pandémie n’a rien d’une chance. Mais elle incite aux paris.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Quand on écrira l’histoire de la covid en France, 2019-2022, la pandémie qui fit trembler le monde, on décrira les paris permanents d’un jeune président dont les réformes majeures attendues auront été mises en réanimation dès les prémices de la crise sanitaire.

Pari sur les courbes de la contamination, à la manière d’un trader en Bourse, jusqu’à ne pas confiner une fois de trop, à l’aune des autres pays européens, contre l’avis du Comité scientifique qu’il avait juré d’écouter.

Pari sur une concertation citoyenne et des cahiers de doléances en guise de trêve avec les gilets jaunes qu’il se dépêchera de ne pas appliquer – Didier Le Bret, ancien conseiller de François Hollande, essaie, à travers Rendez les doléances ! (JC Lattès) de ressusciter ces 400 000 pages délibérément oubliées.

Pari d’un « quoi qu’il en coûte » abyssal qui lui vaudra peut-être sa réélection – en bon banquier, il sait pertinemment que même s’il faut la rembourser, une dette n’est qu’une création de monnaie des banques centrales, autrement dit le système bancaire ne sera jamais impacté par un éventuel défaut.

Pari sur une vraie-fausse vaccination obligatoire au prix d’un passe vaccinal et pari d’une déclaration de guerre à la Cambronne à l’encontre des non-vaccinés.

Pari « du retour à la normale », comme le titre Les Échos du week-end.

Pari enfin sur un second quinquennat alors même qu’en décembre 2020, dans une interview du média en ligne Brut, il déclare qu’il « ne pourra peut-être pas » se présenter pour un second quinquennat en raison des « décisions impopulaires » qu’il sera amené à prendre, et parce qu’une nouvelle campagne présidentielle l’empêcherait de « prendre les bonnes décisions ».

Peut-être remportera-t-il cet ultime pari sur sa chance, puissamment aidé par les divisions de ses adversaires et protégé par un parti en quelque sorte au-dessus des partis.

Mais si tel est le cas, son prochain pari sera celui de l’avenir. Si jamais le syndrome du Sars-CoV-2 se mue en grippe saisonnière – ce qui n’est pas encore avéré –, il aura cinq ans, non seulement pour rebooster ce pays en mutation, mais aussi pour ne plus l’exposer aux avanies sanitaires et climatiques de toutes sortes qui joueront les épées de Damoclès au-dessus de l’Élysée. Système de santé, mutation « écolonomique » à grande échelle, pouvoir d’achat, fiscalité, enseignement et formation ne pourront reposer désormais sur les paris d’un président « en guerre ». Des électeurs·rices ne parient pas. Ils et elles veulent une présidence enfin libre de gouverner intelligemment.

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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