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Le président de la République laïque prend des risques, mais autrement plus calculés que ceux des États religieux ou des dirigeants imbéciles.

Semaine sans limite kilométrique mais avec couvre-feu, calendrier graduel de réouvertures des commerces, espérance de beaux jours et de terrasses ouvertes le 19 mai dans un contexte de contaminations des plus mitigés : Emmanuel Macron qui se défend de gérer la crise à coups de paris, comme je le soutiens depuis février, l’avoue pourtant à sa manière : « Vivre avec le virus, y compris face à un niveau d’incidence supérieur à celui de nos voisins » : c’est la définition même de la prise de risque.
Autrement dit, il faudra à ce lucky président la chance dont il a bénéficié pour son improbable élection de 2017. Car au moment où il décide de cette réouverture à peine tempérée sur moins d’un mois, les indicateurs sont tout sauf favorables : il suffirait de presque rien pour que le plateau en léger infléchissement ne reprenne sa course vers le haut. Si tant est que le rideau de la vaccination confirme son efficacité – tous·tes les vacciné·es ont cette tendance de croire que, dès la première dose, ils et elles sont à l’abri du virus et de sa transmission, ce qui n’est pas acquis –, il n’est pour l’heure pas assez épais pour servir d’écran.
La prise de risque du Président colle bien à l’état d’esprit du moment : il sent bien que s’il durcissait ou prolongeait l’espèce de semi-confinement qu’il a bricolé, l’opinion lui en voudrait : les Français·es en ont marre. Nous tous préférons « vivre avec le virus » plutôt que de rester chez nous, encouragé·es par les infectiologues dont la doxa s’adapte : alors qu’ils et elles prônaient il y a peu un cantonnement à la maison, voilà que ces scientifiques découvrent que nos intérieurs ne sont pas si sûrs.
Un autre facteur maintient le risque de pandémie à des échelles inouïes dans le monde, la bêtise. Le Brésil à cause d’un président imbécile qui relèverait de la cour internationale de justice. L’Inde parce que la fête religieuse de la Kumbh Mela sans aucune limitation a provoqué une hécatombe nationale susceptible de s’exporter. Après nombre de clusters déclenchés par des croyants des trois religions du Livre, quand une chrétienne invente qu’elle ne peut « se présenter masquée devant Dieu », Emmanuel Macron, dès mars, interdit les rassemblements de Pâques, du ramadan ou de Pessah. La République laïque a du bon.
Olivier Magnan