Le Royaume-Uni et ses crises…

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Geoffrey Wetzel,
journaliste-chef de service

Le décès d’Elizabeth II survient dans un contexte où le Royaume-Uni fait face à des crises multiples : politique, économique et énergétique. L’union du Royaume en sortira-t-elle indemne ?

En période de crise, l’on a tendance à se raccrocher à des repères. Des piliers. Des symboles. La reine Elizabeth II en était un. Le symbole d’un royaume, uni par celle qui fêtait ses 70 ans de règne – son jubilé de platine – début juin. Uni par celle que l’extrême majorité des Britanniques admiraient. Pour la plupart ils n’avaient connu qu’elle sur le trône. Mais depuis ce jeudi 8 septembre, et le décès de Sa Très Gracieuse Majesté à l’âge de 96 ans, le socle du royaume a volé en éclats. Au moment où le peuple britannique en avait le plus besoin.

D’abord parce que le Royaume-Uni vit l’un des plus violents orages politiques de son histoire récente. En à peine six ans, quatre Premiers ministres ont posé leurs valises au 10 Downing Street – David Cameron, Theresa May, Boris Johnson et, depuis peu, Liz Truss. D’autant plus inquiétant lorsque l’on se penche sur la façon dont certains ont claqué la porte. Boris Johnson, par exemple, a été contraint de démissionner à la suite de multiples scandales politiques. Partygate, un appartement rénové grâce aux contribuables, la nomination de Christopher Pincher, accusé d’agressions sexuelles, au poste de « whip » en chef adjoint, chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs. Bref, BoJo finit par laisser sa place à Liz Truss…

… laquelle devra se réconcilier avec des Britanniques qui n’ont pas oublié l’image d’antimonarchiste qu’elle incarnait autrefois. « Nous ne croyons pas que les gens sont nés pour gouverner. Abolissez la monarchie, nous en avons assez », clamait-t-elle du haut de ses 19 ans. Une autre époque. Liz Truss dit le regretter aujourd’hui.

Crise politique… et crise économique. Les Britanniques et leurs « grèves de la colère » réclament une hausse des salaires. L’on retrouve souvent l’argent à la racine des tensions sociales. Faut dire qu’avec une inflation chiffrée à +10 % sur un an au mois de juillet – soit un record depuis 40 ans – le peuple du royaume ne parvient plus à joindre les deux bouts. La BBC le rappelle, le prix du pain et des céréales a augmenté de 12,4 %. Et Les foyers les plus pauvres sont les premiers à trinquer. En parallèle, la livre s’échange à environ 1,16 dollar. Soit une perte de plus de 15 % sur un an.

Le Royaume-Uni redoute l’hiver. Car il le sait, il paie sa forte dépendance aux livraisons de gaz russe. Conséquence : un bond des tarifs réglementés d’électricité de 80 %… par mois et par foyer ! Pour les plus pauvres, outre-Manche, la sobriété énergétique (que l’on ne cesse de marteler en France) s’impose à eux – pour certains ils ne se chaufferont plus !

Alors le gouvernement britannique vole au secours d’une main invisible en démission. Mr. Smith, le libéralisme a ses limites. Liz Truss annonce un plan de sauvetage massif : à partir d’octobre, les factures d’énergie des particuliers ne devraient pas excéder en moyenne 2 500 livres par an – soit 2 882 euros. Cela reste élevé mais ces factures auraient pu grimper à 3 500 livres par an dès l’automne. On ne s’invente pas État social du jour au lendemain. L’Union européenne, elle, s’attelle à protéger ses ménages les plus fragiles : « nous allons proposer une série de mesures immédiates qui protégeront les consommateurs et les entreprises vulnérables et les aideront à s’adapter », explique début septembre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Cette solidarité européenne, effective ou non, écarte de fait de son plan d’action la Grande-Bretagne, qui a emprunté la voie du Brexit.

Last but not least, une crise de cohésion. Car derrière tant de vulnérabilités, c’est l’Écosse qui pourrait bien insuffler, une nouvelle fois, son désir d’indépendance Alors, quel après pour le Royaume-Uni ?  

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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