Le Président qui jouait à la roulette russe

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Satire tragi-comique.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Tout le monde connaît ce jeu morbide, la roulette russe, un « voyage au bout de l’enfer » qui consiste à glisser une seule balle dans un barillet qui en compte six ou sept, puis à faire tourner ledit barillet de façon aléatoire avant de diriger le canon de l’arme sur sa tempe. Un risque sur six ou sept d’y laisser sa peau.

Le 10 avril, tout s’est passé comme si les douze candidat·es, à commencer par le premier d’entre eux et elles, le président sortant, avaient joué mentalement à la roulette russe.

Le premier à tenter le sort fut le Président Macron. Si son pari d’affronter les suffrages sans débat ni campagne échouait, la balle le fracasserait. Le coup part, le détonateur heurte le vide : 27,6 % des suffrages contre 23 % pour Marine Le Pen, présidente du RN, que l’on disait en mesure de se placer en tête de la course.

Aussitôt, Marine arme et tire : « Le coup passa si près que le chapeau de Macron tomba et que son cheval “En marche” fit un écart en arrière. Donne-lui tout de même une 2e chance, dit le père de la nation » (ce sera 55/45 % au 2e tour, merci à Victor Hugo pour ce mauvais pastiche).

Troisième rotation de barillet, le tour de Jean-Luc Mélenchon. Cette fois encore, le coup part… mais ne traverse qu’un hologramme, ce dont personne ne s’aperçoit. L’Insoumis reste en vie.

Zemmour passe son tour après avoir clamé à cor et à cri que la roulette russe, c’est son affaire. Ses ami·es lui en voudront qui passent le révolver aux LR.

Cette fois, le parti explose. Les amis de Pécresse, Jacob et Pradié, se précipitent, mais pas Ciotti, parti livrer des munitions à Marine Le Pen.

La trempe du PS vole en éclats, et chacun enterre Anne Hidalgo en expliquant en guise de sermon, comme Stéphane Le Fol, qu’il « l’avait bien dit ». Il est vrai que la maire de Paris avait été renversée juste avant par le cortège présidentiel du candidat Macron dans une rue de la capitale limitée à 30 km/h que les Safrane officielles dévalaient à 80 escortées de motards…

Lassalle, Arthaud, Poutou, Dupont-Aignan, Fabien Roussel, faute de moyens, se partagent une seule balle, mais, comme dit Philippe Poutou, « on s’en fout, nous sommes des ectoplasmes ».

Reste Yannick Jadot. Au moment du tir, Sandrine Rousseau veut s’emparer du feu, mais le canon dévie et EELV se prend une balle dans le pied. L’ambulance qui emmène le candidat est à propulsion électrique.

La satire se termine mal.

Cinq ans après que les macronistes ne se sont pas abstenus, pas plus que l’extrême droite, le Président Macron joue à nouveau à la roulette russe, mais c’est alors le pays qui s’effondre, à genoux, miné par les cataclysmes climatiques que le président qui a doublé la mise n’a su éviter, face aux lobbys de l’énergie, de l’agrochimie, de la chasse et de l’industrie du médicament. Une autre version de l’histoire laisse entendre que l’Empire russe aux portes de l’Europe a substitué un lance-roquettes au révolver. De la fumée sort de la bouche du canon, laquelle, un court instant, semble dessiner comme un sourire fugitif, celui de Vladimir Poutine.

Enfin il existe une version optimiste qui explique que le deuxième quinquennat Macron fut une réussite à tout point de vue et que les Français·es reconnaissant·es, l’élurent chef du gouvernement… à vie. Mais c’est une autre histoire, à la Boris Vian.

 

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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