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Ces deux mots bizarrement juxtaposés traduisent le sentiment global des patrons du Medef et du gouvernement Macron II face à ce qui ressemble à une stagflation attendue (une inflation sans croissance, quand le PIB a chuté de 0,2 %).

Pour l’heure, la courbe du chômage, en nette récession en France et ailleurs dans le monde depuis la sortie de pandémie, n’a pas nettement repris son ascension, pourtant prédite par la plupart des économistes. Dans son rôle, le réembauché ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, distille les croyances rassurantes : « Je ne crois pas à la récession… ». Croire est une chose. Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, à son tour parle d’incertitude, mais sans noircir le tableau. Il constate pour l’heure une remontée de l’activité de filières et des branches clés, telle l’aéronautique, rencontre des « patrons ni démoralisés ni en train de licencier, plutôt d’embaucher » (Franceinfo, 1er juin). Mieux, il estime qu’il faudra aux entreprises qu’il représente, à l’instar des ménages, accepter le prix de la guerre en Ukraine avec ses retombées : « Un mal nécessaire. »
Mais « l’économie ne se commande pas à Matignon », rappelle-t-il aussitôt, même si le tandem Macron-Borne détient une clé majeure : revenir, en termes de taxation des entreprises, à la moyenne européenne, alors que les impôts de production français se montrent supérieurs à ceux de l’Allemagne de 35 milliards. « Taxez-nous comme les Allemands », lance Roux de Bézieux à Le Maire, et nous augmenterons les salaires.
Le numéro anniversaire – 9 ans ! – d’ÉcoRéseau Business – le 90e – à paraître le 14 juin, analyse les deux leviers dont l’entreprise dispose pour répondre à l’inflation et la menace sur le pouvoir d’achat : recruter et compenser par les salaires, sans même évoquer d’indexation. Encore faut-il qu’elles le puissent au moment où le remboursement des PGE s’actualise. Et que l’État les y incite autrement qu’en évoquant leur patriotisme.
Pourtant, dans cette « incertitude optimiste », les entreprises dans le monde entier font face à un phénomène de démissions, surtout au sein des générations X et Y, nous le montrons dans ce même numéro. Quand ils et elles ne lèvent pas le pied (« le grand désistement », lui aussi évoqué dans nos pages).
Dans la restauration ou le transport routier, l’augmentation des salaires et les aménagements des temps de travail sont effectifs, non pour obéir au ministre de l’Économie, mais simplement pour continuer à exister.
Bref, le monde ressemble à un énorme shaker où les ingrédients d’une formule fondée sur la croissance s’agitent et se recomposent sous l’effet de la chaleur climatique.
L’incertitude sera la règle. Pourvu qu’elle reste optimiste.