Temps de lecture estimé : 2 minutes
L’Assemblée nationale divisée s’est discréditée par les propos haineux d’oppositions elles-mêmes minoritaires, par ses mouvements d’entrées et de sorties, par ses huées et son irrespect à l’encontre de la Présidente Yaël Braun-Pivet. Un triste spectacle.

Un déluge d’attaques personnelles (ad hominen dit le latin qui n’avait pas prévu sans doute qu’une femme serait Première ministre), des torrents de menaces, un procès d’intentions, une vengeance ourlée de haine. Sous le masque de coton, le visage d’Élisabeth Borne devait bien rougir, le 6 juillet, jour de sa déclaration de politique générale devant les imprécations des deux oppositions, celle du RN et celles de la Nupes, alliées dans l’injure. Je suis prêt à penser qu’un Premier ministre homme, s’il eût été malmené, n’eût pas été ainsi insulté. Mais personne ne peut le dire.
Il est quand même insupportable que les deux femmes de cette opposition additionnée dans l’invective, Marine Le Pen, RN, puis Mathilde Panot, France insoumise, aient à ce point manqué de retenue dans une Assemblée dénationale désormais libérée de toute mesure, de toute courtoisie minimale.
Bien sûr, l’Assemblée nationale s’est au fil de l’histoire toujours illustrée tour à tour par sa véhémence ou par ses députés godillots. Mais en 2022, la Première ministre d’un président, qu’on le veuille ou non, solidement réélu face à une extrême droite toujours tenue en échec, n’avait pas à subir des attaques d’une si basse extraction.
Que les élus RN sortent de l’hémicycle quand Aurore Berger, patronne de Renaissance, le parti présidentiel, ou quand le socialiste Boris Vallaud accède au micro, est inadmissible. Il en est de même pour les député·es qui firent le vide face à Le Pen. Ces gens que nous avons portés à des fonctions démocratiques majeures, dont les indemnités souvent cumulées et qui ont été les premiers à inventer le télétravail, ont le devoir absolu de rester à leur place, surtout quand une Première ministre énonce sa politique générale.
Il était bien sûr prévisible que « les oppositions » marquent leur défiance face à la cheffe du gouvernement et, au-delà d’elle, au président réélu. Mais défiance n’implique pas indécence. Traiter la Première ministre de « mascarade », de « forfaiture morale et politique », lui « apprendre le mot de démocratie », évoquer ses « méfaits », la qualifier de « chaos » pour conclure qu’il lui fallait « se soumettre ou se démettre », de la part de Mathilde Panot (FI) relève presque de l’offense punie par la loi.
Ce ne sont pas les prises de parole plus respectueuses des partis alliés, des Démocrates (Modem et Indépendants) et des Horizons et apparentés, qui ont pu relever le degré de déliquescence d’une Assemblée d’aigri·es où les oppositions confirment ne voter que les projets de lois qu’elles auraient elles-mêmes votées. Pour Les Républicains, les places de prison, les sanctions à l’encontre des délinquants, la limitation de l’immigration et l’application des expulsions, la mise au travail des RSA, ce que le chef de file des LR Olivier Marleix nomme le « sursaut national » que n’aurait pas renié Marine Le Pen. Tout aussi honteux l’attitude de Le Pen (RN) et Vallaud (Socialiste) heureusement recadrés par la Présidente Yaël Braun-Pivet lorsqu’ils ont l’une et l’autre dépassé leur temps de parole.
Non, Élisabeth Borne aura eu beau évoquer, parmi d’autres figures politiques féminines, Édith Cresson en soulevant les sarcasmes de cette indigne représentation nationale, elle n’avait pas à servir de bouc émissaire chargé de la haine recuite à l’encontre d’Emmanuel Macron. Et, surtout, cette opposition revancharde pouvait faire état de son intention de s’opposer sans attaquer de la sorte la Première ministre la plus exposée de toute l’histoire de la Ve République. Démocratie n’est pas insultocratie. L’arme des petits.