Elon Musk, le serial entrepreneur qui se croit tout permis…

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Geoffrey Wetzel,
journaliste-chef de service

Un entrepreneur qui relève les paris les plus fous. Oui M. Musk représente l’homme aux mille et une idées que l’on défend, nous, à ÉcoRéseau Business. On raffole moins du patron mégalomane et antipathique envers ses salariés…

Zip2, PayPal, SpaceX, Tesla, Hyperloop, OpenAI, Neuralink, The Boring Company… rarement un homme n’était parvenu à amener aussi haut des entreprises aux secteurs diversifiés. Voitures électriques, paiement en ligne ou encore fusées. C’est indéniable, tout ce que touche Elon Musk devient de l’or. Le natif de Pretoria maîtrise à merveille les rouages du monde d’aujourd’hui pour fabriquer celui qu’il souhaite, demain, pour l’humanité. Sans forcément la consulter.

Fidèle aux portraits que l’on dresse généralement des entrepreneurs multimilliardaires, Elon Musk, lui aussi, est un précoce : à 12 ans, le blondinet créait son propre jeu vidéo – c’est du moins le storytelling que l’on en fait des années après. Un enfant, forcément pas comme les autres, qui se passionne pour la programmation : ses prouesses lui valent le surnom de « genius boy ». Alors sa réussite, voyez-vous, Elon Musk la doit à la sueur de son front. D’ailleurs, son doctorat de physique n’aura duré que deux jours, puisque le jeune visionnaire préfère se consacrer, avec son frère Kimbal, à son premier projet, Zip2 – soit aider les médias à se développer sur le Web.

Arriver jusqu’en doctorat de physique énergétique… plutôt singulier comme parcours d’autodidacte. Quant à l’ascenseur social… Elon Musk est le fils d’un ingénieur en astromécanique sud-africain et d’une mannequin diététicienne d’origine canadienne. Cela n’a rien d’un délit. Simplement, le mérite du self-made man provient aussi, au risque de nuancer la belle histoire, de son environnement.

Mais une chose est sûre, Elon Musk a cette capacité de s’adapter au monde dans lequel il baigne. C’est aussi cela, l’intelligence – lui qui aurait 155 de QI ! À l’ère des nouvelles technologies, Elon Musk, figure de la tech, sait jouer avec les réseaux sociaux. Et comprend vite le lien très étroit entre ses publications, parfois lunaires, sur Twitter and co, et les conséquences qu’elles entraînent dans la sphère économique et financière, comme les cours boursiers. En août 2018, par exemple, Musk déclare sur Twitter vouloir retirer Tesla de la Bourse et promet « un financement assuré » à la suite de discussions avec un fonds saoudien…

Un projet qui n’aboutira pas, l’ancien de Stanford finit par se rétracter : « La voie la meilleure pour Tesla est de demeurer en Bourse », avait-il précisé. Un coup de génie qui aura eu le mérite d’augmenter artificiellement le cours de l’action du constructeur américain (avant de redescendre), et surtout, de faire fuir les vendeurs à découvert. Mais un tweet « faux et trompeur », et le milliardaire se voit condamner à payer une amende de 20 millions d’euros. Anecdotique. Il doit aussi se retirer du poste de président de Tesla, raison pour laquelle il occupe depuis 2018 la fonction de directeur général. Peu importe, qui connaît aujourd’hui Robyn M. Denholm, actuelle présidente de Tesla ? L’homme d’affaires retombe toujours sur ses pieds.

Oui, Musk, mégalomane invétéré, réussit, peut-être malgré lui, à faire oublier les protagonistes de ses projets. On entreprend rarement seul. L’entreprise Tesla a, par exemple, été fondée par deux ingénieurs américains, Martin Eberhard et Marc Tarpenning. Deux patronymes relégués aux oubliettes de l’histoire de l’innovation. Certes, Musk s’invite comme le principal artisan de ce que devient, peu à peu, Tesla. Malgré tout, rendons à César ce qui est à César.

« J’aimerais mourir en pensant que l’humanité a un bel avenir devant elle », ambitionne le directeur général de Tesla. Un bel avenir devant elle, et à tant faire, grâce à moi. Comment un homme obsédé par le futur de l’être humain peut-il paraître aussi antipathique ? « Tu auras beaucoup plus de temps pour voir ta famille quand on aura fait faillite », lance-t-il à un de ses employés à Tesla qui estime trop travailler. « S’il y avait un moyen de ne pas manger et de pouvoir travailler plus, je ne mangerais plus. J’aimerais qu’il y ait un moyen d’engranger des éléments nutritifs sans avoir à prendre un repas », imagine le fantasque Elon Musk. Ses employés, aussi, seraient plus productifs.

Ce pragmatisme à l’extrême, on le retrouve dans l’affaire du rachat de Twitter : Musk se dit prêt à supprimer « 75 % des emplois du réseau social » et passer ainsi de 7 500 employés à 2 000. Une purge sociale. La morale et l’éthique n’ont pas leur place dans le cheminement logique du quinquagénaire. Après tout, à quoi bon garder une flopée de modérateurs sur un réseau qui deviendrait le temple de la liberté d’expression ? En parallèle, Musk recherche des co-investisseurs pour finaliser l’acquisition, parmi les noms de financiers qui circulent à la SEC (le gendarme boursier américain) : le prince saoudien Alwaleed bin Talal, qui détient déjà une participation de 1,9 milliard de dollars dans le réseau social, et le fonds souverain du Qatar. Drôle de liberté d’expression.

Elon Musk se croit tout permis. Au point d’avoir une influence sur le destin d’une nation : il proposait le 3 octobre un plan de paix en Ukraine : laisser la Crimée aux Russes, refaire voter les habitants des zones occupées, imposer la neutralité au pays agressé. Cet Elon Musk-là n’a aucune limite. Cela doit-il nous rassurer sur l’avenir qu’il nous réserve ?

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise...). Friand de football et politiquement égaré.

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