Temps de lecture estimé : 2 minutes
Temps de lecture : 2’30
À 7 mois de l’élection présidentielle, le pays s’offre un spectacle et se donne en spectacle tandis qu’un entrepreneur affolant disparaît.

C’est une semaine « française » qui vient de s’écouler, autrement dit pleine de remous, de passions, de coups tordus et de tordus tout court. La condamnation d’un ancien président de la République à porter un bracelet électronique fait partie des petites hontes politiques nationales d’un pays où les dirigeants se croient au-dessus de leurs lois et qui accusent la justice quand elle ne les blanchit plus. Le pseudo-gel des bonds erratiques des prix de l’énergie fossile montre à quel point le système libéral international est adéquat à condition d’en contrarier la logique quand il risque de mécontenter un électorat.
Mais l’essentiel de l’attention des médias se porte sur les yoyos des sondages électoraux tirés d’un panier de candidats qui déborde.
À 7 mois de l’élection présidentielle, ils grouillent. Les primaires vertes auraient pu dégénérer – mais Sandrine Rousseau a eu le mérite de restaurer la démocratie au sein de son parti. Les primaires bleues se muent en congrès – ce qui en dit long sur l’assurance de son rond candidat Xavier Bertrand qui pense en avoir fini avec les Pécresse, Ciotti, Juvin, Barnier, Payre, ce que les intéressé·es contestent. Les fausses primaires socialistes s’évanouissent sans réel·le candidat·e – Anne Hidalgo semble devoir payer cher son image de Parisienne reine du bouchon et Le Fol trouve qu’elle pousse ledit bouchon un peu loin. L’Insoumis sans primaires, Mélenchon, s’en crée une puisqu’il n’ira, dit-il, qu’avec 150 000 parrainages. Et bien sûr le Rassemblement d’une héritière fauchée déchante, avec une candidate plus si sûre de refaire le coup de servir la réélection d’Emmanuel Macron
Au fond du panier, s’agitent tous les candidat·es dits libres qui font le charme des scrutins aux bulletins gâchés. Asselineau (UPR), parti le premier et vite étouffé, comme d’habitude. Poisson le souverainiste prêt à se désister pour Zemmour, ce qui ne ferait pas lourd dans l’escarcelle du chouchou des médias. Lasalle, unique membre ou presque de Résistons. Dupont-Aignan allégé de Marine Le Pen mais lesté par son silence. Arthaud, la Force ouvrière toujours plus faible. Poutou l’anticapitaliste sans moyens. Montebourg sûr de sa Remontada, davantage que les sondé·es. Et même Waechter, 72 ans, l’ex-Vert nostalgique des plateaux.
Sans oublier… Marie Cau (maire de Tilloy-lez-Marchiennes, Nord !). Mme Thouy l’animaliste. Langlois « ni de droite ni de gauche ». Clara Egger, championne du référendum d’initiative populaire. Jacline Mouraud qui n’a jamais tombé son gilet jaune. Martinez le militaire droit dans ses bottes, le lieutenant-colonel Ollier… Ce qui fait au final beaucoup de pinces dans le panier.
Bien sûr, tous et toutes n’obtiendront pas les 500 voix, le viatique des maires, si tricolore et si pathétique. Ouf.
Restent deux non-candidats, Zemmour et Macron.
Sur le premier, flashent une part des sondé·s comme le firent les Français·es sur… Coluche en 1981, personne ne l’a relevé. Nous avons-là notre nouvel amuseur public sans la drôlerie géniale du premier ni sa générosité, quoique son dédain des femmes (lire Le premier sexe !), qui fait de lui le premier islamiste de France, devrait nous faire rire…
Quant à Emmanuel Macron, il lui suffit de soulever le panier de crabes avec précaution en prenant soin de n’en laisser sortir aucune pince pour se les déguster tranquillement le moment venu.
Heureusement qu’en ces temps de covid refoulée la France s’offre un spectacle aussi divertissant.
PS : La disparition de Bernard Tapie et le flot de témoignages positifs qu’elle fait naître font partie des « remous et passions » qui agitent la France du moment. Pour avoir rencontré l’homme en son hôtel particulier du temps de sa pleine santé et de son plein combat contre l’ex-Crédit Lyonnais, je garde le souvenir du titi géant qui allongeait ses jambes sur une table basse de grand prix quand une soubrette nous servait du café, et qui égrenait ses arguments en faveur d’une écologie entrepreneuriale de croissance. J’avais bien sûr titré mon papier Tapie vert tellement ce gentleman cambrioleur jouait sa vie sans fin. Une fin survenue sur un dernier coup de dé. La France conservera le souvenir de Bernard Tapie, lui consacrera livres et docufictions, puis rêvera peut-être d’un président qui lui ressemblerait : un peu voyou, flambeur et infiniment entreprenant.