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D’un côté, un homme ligué contre le cancer, de l’autre un PDG richissime contre la covid. Les deux faces de l’humanité ?

La mort « socratique » annoncée par lui-même du président de la Ligue contre le cancer, Axel Kahn, rattrapé par le cancer dont il souffre lui-même après avoir tant travaillé à le combattre pour les autres, rompt avec l’angoisse qui étreint les vivants au seuil de leur disparition. La notoriété du personnage l’aide bien sûr à faire passer un message que l’anonyme ne pourra jamais offrir au seuil de sa propre mort. Mais l’exemplarité médiatisée d’un tel témoignage va aider bon nombre d’entre nous à se souvenir que la mort n’est pas sempiternellement une angoisse.
Hormis les fins cruelles et douloureuses – que le professeur appelle à adoucir par tous les moyens –, il ne dit pas abréger la vie par le suicide : « Qu’un médecin provoque la mort d’une personne en lui injectant une substance ou en lui donnant une ordonnance dont l’exécution est létale, c’est la même chose, en l’occurrence il s’agit dans les deux cas d’un homicide par empoisonnement. Il y a selon moi une grande hypocrisie dans l’idée que donner l’autorisation au médecin de faire une ordonnance létale permettrait de faire l’économie d’une loi d’euthanasie car cela en serait sans conteste une. » (On notera au passage qu’Axel Kahn ne devrait pas admettre qu’un vaccin tue, définition même de l’homicide par empoisonnement. D’où mon antienne sur le refus de l’AstraZeneca et de tout autre vaccin capable de provoquer une thrombose mortelle.)
En réalité, l’attitude stoïque d’Axel Kahn face à sa mort prochaine nous rappelle toute l’ambivalence éthique que suscite une pandémie à 3,5 millions de morts dans le monde. Dans le dernier Journal du Dimanche, le Français Stéphane Bancel, PDG de l’américain Moderna, nous convainc que les 3,5 milliards de sa fortune personnelle qu’il veut, dit-il, dépenser au sein de sa fondation Champions de l’amour, lui sont échus sans qu’il ait jamais « travaillé pour l’argent ». De quoi lui donner le moyen d’expliquer que si ses brevets avaient été levés pour inonder le monde entier de vaccins, ses « investisseurs auraient été découragés ».
La morale de cette histoire s’énonce ainsi : pour faire face à la pandémie (le PDG de Moderna prévoit une 3e dose et des vaccinations de rappel répétées, donc une montagne de milliards pour les investisseurs des labos) et financer les promesses à venir de Moderna (guérir le cœur affaibli par un infarctus et même mettre au point des traitements personnalisés contre le cancer – ce qui aurait pu sauver Axel Kahn), il faut enrichir les investisseurs et les patrons des labos.
Le médecin qui va nous quitter sans peur et sans reproche a lui aussi essayé de réunir quelques fonds pour que les 9,6 millions de gens qui meurent chaque année, comme lui, d’un cancer, en soient préservés.
Peut-être eût-il fallu qu’Axel Kahn, au lieu d’en appeler à la générosité publique, crée un labo, devienne milliardaire (bien sûr fondation à l’appui) et assure la fortune d’investisseurs ?
Mais ce n’était pas la logique du chercheur qui va nous quitter… Je ne sais pourquoi, il apparaît nettement plus humain qu’un Bancel qui tente lui aussi de s’offrir une éthique. Chiffrée en dollars.
PS : dons à la ligue contre le cancer, en hommage à Axel Kahn.
Sans peur face à la mort, Axel Kahn fait preuve de beaucoup de prétention… la mort est précisément ce qui doit nous faire ressentir nos limites et l’humilité de l’homme… il ne peut pas affirmer maîtriser son destin après la mort, car nul ne peut le faire! scientifiquement la mort nous fait perdre les privilèges d’être humain face aux bactéries et religieusement elle pose le risque de la damnation, Axel Kahn ne devrait donc pas penser que sa mort n’est pas grave, car elle l’est très probablement
Je commence à être agacée par cette mise en scène d’une mort annoncée. M. Kahn, célébrissime président de la Ligue contre le cancer, homme d’influence et de pouvoir, veut faire de sa mort un roman – voir son journal quotidien sur son site. Pourquoi pas ? Là où c’est un peu indécent, c’est qu’il se surmédiatise – tv, réseaux sociaux, radio –, se présente comme un témoin de l’antichambre de la mort et des soins palliatifs, mais sans humilité ni altruisme. On aimerait qu’il fasse son examen de conscience, et pourquoi pas quelques bonnes actions… À l’évidence, il préfère devenir une star avant de mourir.