À l’échelle d’une Europe nouvelle

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Emmanuel Macron qui officialise sa candidature d’une simple lettre fait tout pour que l’élection française passe pour une « formalité ». Sa présidence de l’UE ne pouvait survenir à meilleur moment.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Un président de la République qui prend la parole, à 20 heures, sur toutes les chaînes d’information, à quelques heures de la forclusion du dépôt de candidature à l’élection dite suprême, quoi de plus « normal » ? On se souvient des déclarations de candidature, formelles ou à l’occasion d’un JT, de tous les présidents sortants de la Ve République. Sauf que cette fois, le président des crises, Emmanuel Macron, ne souffle mot de sa candidature. C’est un chef d’État grave et inquiet qui s’adresse aux Français·es. Bien sûr, son unique propos se consacre à la guerre aux portes de l’Europe. Mais sa candidature, malgré tout, tient en une phrase : « Vous protéger ». Assortie d’un « programme » : trouver de nouveaux fournisseurs d’énergie et confier au Premier ministre un « plan de résilience économique et sociale ». Autrement dit, un « quoi qu’il en coûte » de cette autre guerre, après celle qu’il avait engagée contre la pandémie. Mais avec cet avertissement : entreprises et citoyens, cette fois, vont en payer le prix.

Comment confier la destinée du pays à un autre que lui ? devient habilement le filigrane, le sous-entendu de ce président-protecteur, pas seulement de la France mais, souvenons-nous en bien, de l’Europe. Car à bien l’écouter, la destinée de ce jeune démocrate dépasse l’hexagone. Les réunions au sommet qu’il convoque à Versailles les 10 et 11 mars, à une portée de missile du premier tour de l’élection du 10 avril, l’auto-installe dans une dimension européenne qu’il qualifie de « nouvelle ère ». Ce changement d’échelle – et d’ambition – du personnage n’a pas souvent été relevé par les commentateurs. À l’issue d’un supposé deuxième quinquennat, un Emmanuel Macron pourra-t-il ne pas briguer une présidence européenne, non pas celle du Conseil de l’UE qu’il préside pour six mois, mais de la Commission européenne (aujourd’hui l’Allemande Ursula von der Leyen) ou, au moins, du Conseil européen (aujourd’hui la Maltaise Roberta Metsola) ?

On n’en est pas là, même si la « désinvolture » du candidat épistolaire ancre l’idée que l’élection d’avril sera une formalité. Ne pas envisager de débattre avec ses adversaires ajoute à cette stratégie délibérée d’apparaître comme le président « sans solution de continuité » (ce qui veut dire sans rupture de mandat).

En attendant, le monde entier a besoin que le président français qui a pris le leadership de la défense ukrainienne en sa qualité de président de l’Union garde toute sa crédibilité. Il est peu probable que l’électorat ne le ressente pas.

Des souffrances des Ukrainien·nes semble émerger un bloc de démocraties à l’épreuve des dictatures. Quoi qu’il en coûte.

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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