5G, parce que « les autres » l’adoptent ?

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En lançant la France dans la com instantanée et les objets interconnectés sans tenir compte de ses dangers, le président Macron joue à pile ou face : pile, je rempile, face, je surpasse.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

C’est merveilleux un gouvernement qui s’exprime d’une seule voix. Un président parle et tout est clair : « Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine », lance Emmanuel Macron devant la French Tech aux anges, en adoptant sans débat la technologie 5G. Reçu 5 sur 5. La ministre de l’environnement : « Le gouvernement veille et veillera… » [à l’évaluation sanitaire]. Le ministre de l’Économie : « La 5G est absolument stratégique pour la France… » Le ministre de la Santé : « Il n’existe aujourd’hui aucun effet néfaste avéré des radiofréquences sur la santé humaine en dessous des limites fixées par la réglementation. » Le ministre du Numérique : « La 5G est une opportunité pour la France et les Français.es. Elle nous permettra d’éviter la saturation des réseaux 4G en déployant des équipements significativement plus respectueux de l’environnement. »

Mais qu’est-ce que ces obscurantistes d’écologistes vont encore nous bassiner avec leurs principes de précaution et de mise en garde contre cette technologie de com miracle qui va révolutionner notre quotidien virusé ? Voitures autonomes, drones-livreurs de repas, chirurgie à distance, film téléchargé en quelques secondes… (des besoins essentiels, notamment pour les petits salaires). Tous les objets interconnectés. L’État numérisé, plus réactif. La SF en marche : pourquoi pas les bandits détectés avant leur passage à l’acte, les contaminé.es détecté.es avant même les symptômes, le frigo rempli de légumes bio par commande automatique… Peur de quoi ? Les 26 GHz de fréquence au-delà desquels on risque de rentrer dans un micro-onde ne seront pas même employés en France à court terme*.

Bref, les 10 à 20 milliards de connexions de réfrigérateurs, de machines à laver, de caméras de surveillance, de voitures et de bus sans conducteur – Internet des objets – auront beau plonger les populations dans le champ électromagnétique du sans-fil, nous ne serons pas des « souris de laboratoire » (comme s’en inquiète la ministre bruxelloise de l’Environnement, contrairement à la « nôtre » de ministre, Barbara Pompili).

Il existe sans aucun doute autant de scientifiques et de médecins dans l’un et l’autre camp : oui, la 5G est potentiellement dangereuse (170 de ces scientifiques et médecins de 37 pays ont demandé un moratoire), non, elle ne l’est pas et de toute façon on veille (position française).

Mais ce qui est frappant, ionisant, à la veille du déploiement de cette 5G dont on ignore encore tout ce qu’elle produira (de dangers et de progrès), c’est que l’innovation même potentiellement dangereuse en soi n’est pas enrayable. Pas contournable. L’argument de Bruno Le Maire est imparable : « Ce serait une erreur économique de prendre du retard dans son déploiement par rapport aux autres pays. » Vingt et un pays ont lancé la 5G et la France n’entrerait pas dans la danse de 5Guy ? Mais alors, on n’adopterait pas la 5G parce qu’on est certain de son innocuité et de son utilité, mais parce que le monde nous l’impose ? C’est peut-être une bonne raison. Peut-être pas. Après tout, on a adopté la bombe atomique parce que « les autres » l’ont fait. Et nos pauvres Amish ont gardé l’agriculture bio à laquelle nous revenons parce que « les autres » l’ont empoisonnée ? Décidément, la mondialisation par « les autres » est invincible et elle passera désormais par l’instantané. Y compris la fulgurance des pandémies technologiques.

Olivier Magnan

* Ces mots « court terme » figurent bel et bien dans le texte du rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G demandé par le gouvernement. Nous ne serons donc pas électromagnétisés à haute fréquence tout de suite. Après…

 

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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