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Tout le monde ne s’engage pas contre l’inflation. Certains semblent même s’accommoder de ce nouveau paradigme.

« Il y a pas mal de gens (mais pas que politiques, aussi dans le monde de l’entreprise) qui s’accommoderaient assez facilement d’une augmentation des prix », déclare Michel-Édouard Leclerc au micro de RMC.

Michel-Édouard Leclerc n’entend pas laisser prospérer le double-langage. Sus à l’hypocrisie générale. Oui, certaines forces économiques et politiques, qui jurent s’alarmer de la hausse des prix face aux caméras, se réjouissent en réalité de voir prospérer l’inflation. C’est Jean qui rit et Jean qui pleure ! Contrairement à ce qu’on aurait pu croire naïvement, toute l’économie française n’est pas rassemblée autour du seul objectif des baisses de prix. Bien au contraire.

Vers une décennie de l’inflation

Face à Apolline de Malherbe, le défenseur autoproclamé du pouvoir d’achat passe la seconde : « Le consommateur est le dindon de la farce […] L’inflation est un impôt qui n’est pas discuté au Parlement, c’est un impôt inégalitaire qui touche d’abord les plus pauvres ».

Michel-Édouard Leclerc livre son diagnostic empli d’anicroches : « Il y a d’une manière diffuse et d’une manière culturelle, une population française de décideurs qui n’a jamais connu l’inflation et qui est en train de se dire que finalement cela coûte moins cher aux finances publiques, à l’État, de laisser les entreprises augmenter leurs prix, voire augmenter leurs marges, quitte à faire un peu de chèques ciblés sur les populations les plus impactées ».

Au micro d’Europe 1, « MEL » tape plus fort encore : « Il y a des gens qui sont pour l’inflation. Une communauté financière a besoin de cette inflation… Elle donne l’illusion d’augmenter le chiffre d’affaires. Elle est entretenue, elle est souhaitée par beaucoup d’économistes ». Pire, sur un autre plateau, celui de LCI, le président des centres E. Leclerc annonce un combat de longue haleine : « L’inflation, nous en avons pour dix ans ». Sortons les gants de boxe !

L’État, premier gagnant face à la hausse des prix

C’est vrai que l’État est le premier gagnant de l’inflation. Par le mécanisme de la TVA, ses rentrées fiscales augmentent avec la cherté des prix. Ainsi, 2022 fut un record en termes de recettes pour le trésor public. 451 milliards d’euros, en hausse de 12 % sur un an d’après le rapport annuel de la Direction générale des finances publiques (DGFIP).

Le cru fiscal 2023, marqué par la hausse des prix et la cessation d’un certain nombre de dispositifs de soutien, sera sans doute excellent pour Bercy. De quoi alimenter la dénonciation de Marine Le Pen, qui évoque une « spoliation » et réclame « qu’on rende aux Français leur argent » ?

Ainsi, une légère inflation est-elle sans doute bienvenue pour l’État. Non seulement celui-ci engrange davantage, mais il peut se donner le beau rôle en distribuant des ressources à ses concitoyens, par le biais de chèques ou de ristournes. Même si, comme le rappelle David Lisnard sur CNews : « Les coups de pouce de L’État, ça s’appelle de la dette ou de l’impôt ».

L’inflation, oxygène du système ?

L’inflation structurelle vient nous replonger dans une époque révolue. Celle des années 1970, après les deux chocs pétroliers. Candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1974, François Mitterrand avait alors alerté : « L’inflation, impôt pour les pauvres, prime pour les riches est l’oxygène du système. Regardez-le qui s’époumone ». En effet, par un mécanisme bien connu, l’inflation profite à ceux qui vont bien et s’attaque aux plus précaires. Ceux pour lesquels les dépenses incompressibles (loyer, alimentation, transport) pèsent le plus lourd.

Dans une récente vidéo, Charles Gave, président de l’Institut des Libertés, dévoile son « indice Gilets jaunes », qui mesure la dégradation du niveau de vie du tiers le plus modeste de notre société. Révolté, le stratège déclare : « Les ménages les plus modestes voient leurs niveaux de vie baisser le plus lors des poussées inflationnistes et donc que suivre une politique inflationniste, c’est attaquer directement les plus pauvres dans la société, ce que je trouve personnellement tout à fait inacceptable ».

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