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Candidat inattendu, Vivek Ramaswamy va tenter sa chance aux primaires républicaines.
37 ans, chemise ouverte, sourire Colgate, figure de la « diversité ». Au premier coup d’œil, Vivek Ramaswamy a tout du parfait espoir démocrate. Et pourtant ! Cet entrepreneur à succès, qui a gagné énormément d’argent grâce aux biotechnologies, est bel et bien engagé au Parti républicain.
Il sera l’invité inattendu de la primaire, qui opposera dans les prochains mois Donald Trump à bien des candidats, tels Ron DeSantis, le gouverneur libertarien de la Floride, ou Nikki Haley, la néo-conservatrice de Caroline du Sud. Mike Pence, l’ex vice-président de Donald Trump, rejoindra sans doute le bal dans les prochaines semaines pour représenter l’électorat évangéliste.
Même chose pour Mike Pompeo, ancien chef de la diplomatie, Ted Crux, le sénateur nationaliste du Texas, Tim Scott, sénateur de Caroline du Sud, qui rêve d’être le premier noir à être élu président sous l’étiquette des républicains… Autant le dire, ça se bouscule au portillon !
Ce businessman prône un retour aux valeurs du mérite
Et Vivek Ramaswamy ? Loin d’être un « petit poucet », ce trentenaire extrêmement populaire sur Internet pourrait créer la surprise. Sorte « d’Idriss Aberkane » américain, il bat en brèche les idées en vogue, partisan de l’intelligence artificielle. Le milliardaire s’est lancé dans une croisade contre le wokisme dans un ouvrage à succès intitulé Woke, Inc. (Woke & Compagnie) – publié en 2021.
Son clip de campagne, qui a suscité un vif intérêt, commence comme un film d’horreur pour s’achever en tribune politique. Le docteur Anthony Fauci et Greta Thunberg sont pointés du doigt comme des personnalités qui voudraient attenter aux libertés publiques. Lorsque leurs visages apparaissent, le candidat Ramaswamy cite les trois périls qui, selon lui, menacent l’Amérique : « covidisme », « climatisme » (sic), « identité de genre ».
Il poursuit, d’une voix un brin nasillarde et assez désagréable : « Nous sommes au milieu d’une crise d’identité nationale. La foi, le patriotisme et le travail acharné ont disparu ». « Nous avons faim de faire partie de quelque chose de plus grand que nous. Pourtant, nous ne pouvons même pas répondre à la question de savoir ce que cela signifie d’être un Américain ».
Il estime que la liberté est en danger aux États-Unis
Vivek Ramaswamy s’attaque ensuite frontalement à son obsession, le wokisme, présenté comme la source unique du mal-être collectif… La « gauche woke créé une nouvelle culture de la peur dans notre pays qui a complètement remplacé notre culture de la liberté d’expression en Amérique ».
Désireux d’attaquer Joe Biden, Ramaswamy décrit l’actuel gouvernement comme « une bande de gens qui veulent nous convaincre que nous sommes divisés pour accumuler toujours plus de pouvoir […] Ils vous disent votre race, votre genre et votre orientation sexuelle gouvernent qui vous êtes, ce que vous êtes capable d’accomplir et ce que vous êtes autorisés à penser ».
Face caméra, et vêtu pour une fois d’un costume-cravate, le descendant d’immigrés indiens dévoile enfin son intention : « Voilà pourquoi j’annonce aujourd’hui ma candidature à la présidence des États-Unis. Ce n’est pas seulement une campagne politique, c’est un mouvement culturel pour créer un nouveau rêve américain pour la nouvelle génération ».
Entre Martin Luther King et Donald Trump
« A new American dream ». Son slogan, d’une originalité proche de zéro, veut replacer le mérite au cœur d’un pays qui a fait, depuis vingt ans, le pari de la discrimination positive. Vivek Ramaswamy explicite son projet : « Cela veut dire que réussir dans ce pays ne doit pas dépendre de la couleur de notre peau, mais de votre caractère et de votre contribution […] Cela veut dire que les personnes que nous éliront à la tête du gouvernement seront vraiment les gens qui dirigeront le gouvernement, pas une administration fédérale qui grandit sans cesse et qui est notre cancer national ».
Convaincant sur la forme, celui qui se définit bizarrement comme « un citoyen et un capitaliste » conclut son message en combinant le « I have a dream » du pasteur Martin Luther King et le « Make America Great Again » de Donald Trump ! Un étonnant mélange… « You know what ? I have a dream. That we can be one people again ». (Vous savez quoi ? J’ai un rêve. Celui que nous soyons de nouveau un peuple).
Pour conclure, le candidat détonnant s’adresse à son public en citant la devise des États-Unis : « E pluribus unum » – « un seul à partir de plusieurs ».
Le projet d’un tel rassemblement transpartisan semble aujourd’hui hors de portée, tant les Américains sont divisés politiquement. Vivek Ramaswamy parviendra-t-il à faire passer son message ?