vente à perte

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Les distributeurs de carburant refusent de vendre à perte. La méthode Borne finit dans les choux.

Comme nous l’annoncions dans un précédent article, les effets pervers de la possibilité de vente à perte du carburant, annoncée pour six mois à compter du 1er décembre, ont conduit les distributeurs à refuser la mesure.

Mais quel sévère démenti ! Mercredi 19 septembre, à Bercy, les distributeurs de carburant avaient la tête des mauvais jours. Thierry Cotillard (Les Mousquetaires), Yves Claude (Auchan), Dominique Schelcher (Système U) … D’habitude si prompts à s’exprimer devant les micros, ils préférèrent pour une fois partir par la porte de service… Le journaliste de l’émission de divertissement « Quotidien » (TMC) est reparti bredouille. Les distributeurs ont dit non. Ils ne vendront pas « à perte ». « La possibilité de vente à perte ne sera pas suivie car elle n’est économiquement pas tenable », ont-ils expliqué en chœur à Bruno Le Maire et Olivia Grégoire. Ainsi, les patrons des grandes surfaces n’ont pas manqué de fustiger le double-discours du gouvernement, qui a fait voter l’an passé la loi dite Decrozailles, qui relève le seuil de revente à perte pour les produits alimentaires… Nouvelle poussée de fièvre enmemetempiste ?

Patrick Pouyanné déchire la copie du gouvernement

Si les grands noms des « hypers » n’ont pas voulu s’exprimer publiquement, ils ne se privent pas d’échanges avec la presse, sous le sceau de l’anonymat… « La Première » est clairement dans leur viseur. Dans Le Parisien, on lit : « Samedi soir dernier, quand on a découvert l’interview, on a d’abord cru que les propos de la Première ministre n’avaient pas été compris par vos journalistes » ; « Franchement, elle a fumé la moquette ! », réplique un autre. Il n’y a pourtant que du parquet à Matignon…

Si le journaliste de « Quotidien », campant devant Bercy avec son micro rouge, n’a pas eu grand-chose à ramener à sa rédaction, son collègue a eu plus de chance, grâce à son bagout. Présent au même moment dans un événement où se rendait Patrick Pouyanné (TotalEnergies), le journaliste alpague le grand patron : « Monsieur Pouyanné ! Est-ce que vous allez vendre à perte comme vous le demande le gouvernement ? ». Réponse de l’intéressé : « Vous vendez souvent à perte vous ? Un peu de bon sens ! ». Plus loin, il poursuit : « 1,99 euro c’est un plafond, la politique de TotalEnergies sera assurée parce que c’est une bonne politique, mais non, je ne descendrai pas plus bas. Notre tarification s’applique dans à peu près 3 000 stations aujourd’hui, donc ça veut dire que le prix est au-dessus ».

La Première se retrouve Gros-jean comme devant

TotalEnergies, qui a la différence de ses concurrents est non seulement distributeur mais surtout producteur de carburant, a fermé le ban du débat qui agite la France depuis une semaine. Une sacrée pierre dans le jardin de la Première ministre. Cette autorisation de vendre à perte, accordée pour six mois, était sa seule carte pour baisser les prix de l’essence… « La Première » se retrouve Gros-jean comme devant, désavouée dans ses choix par les grands patrons du pays. Elle le sait, dans les tous prochains jours, la gauche moquera une fois de plus son équipe, contrainte à réclamer, voire à quémander des baisses de prix auprès de la grande distribution. Tandis qu’à droite, on fustigera l’impréparation d’un gouvernement qui semble avoir brûlé tous ses vaisseaux.

Dans Marianne, l’économiste Maxime Combes livre déjà un diagnostic implacable : « C’est stratosphérique de bêtise ». Xavier Bertrand, sur RMC, en revient à son idée fixe, la baisse des taxes : « La vente à perte de carburant est une idée mort-née. N’attendons pas le 1er décembre alors qu’il ne se passera rien. Il faut dès maintenant une remise sur le litre : l’État doit rendre aux Français le surplus de taxes récolté avec la hausse du coût du carburant ! ». Le gouvernement s’y refuse, catégoriquement.

Gilets jaunes : la grande peur des gouvernants

Alors, que faire ? Impossible de réactiver le « bouclier énergétique » au coût désastreux pour les finances publiques (8 milliards d’euros – ce qui équivaut au budget du ministère de la Justice). Ce n’est pas tout : Élisabeth Borne va devoir avancer avec les images du dîner de Versailles, qui réunira Emmanuel Macron et Charles III. Un symbole qui tombe mal, à l’heure où, selon Le Figaro, « il manque 588 euros par mois aux Français pour vivre confortablement ». D’un naturel assez prudent, la cheffe du gouvernement semble avoir cédé à la panique, ce qui ne lui ressemble guère. Une angoisse qui s’explique. Derrière le coût de la vie, il y a la grande peur des gouvernants : le retour des Gilets jaunes.

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