Le projet entre TF1 et M6 est tombé à l'eau...

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« La Une » projetait de racheter M6 et d’en faire sa petite sœur. Le projet est tombé à l’eau…

Les deux chaînes privées généralistes espéraient conjuguer leurs forces pour bâtir un géant de l’audiovisuel français, capable de rivaliser avec les plates-formes américaines. Raté. L’Autorité de la concurrence dégaine son veto. Et maintenant ?

Il s’appelle Benoît Coeuré. L’archétype du haut-fonctionnaire. Au premier coup d’œil, il ne paie pas de mine. Pourtant, le patron de l’Autorité de la concurrence, anciennement en poste à la BCE, est craint de tous les grands patrons français. Son nom circule d’ailleurs régulièrement pour un poste à Bercy. D’un trait de plume, il peut briser leurs projets les plus ambitieux. Le tout au nom de la lutte contre les monopoles. Et c’est là l’éternel débat. Faut-il laisser des entreprises nationales s’arroger des positions ultra-dominantes ou, au contraire, doit-on toujours veiller à protéger la pluralité économique ?

Benoît Coeuré a tranché. Il dit non. Non à TF1, et donc à son actionnaire principal Martin Bouygues. Non à M6, et donc à RTL Group, émanation de la famille Bertelsmann, qui possède « la petite chaîne qui monte ». Ces deux groupes, unis ensemble, représenteraient un mastodonte ultra-puissant. Sept chaînes de la TNT et 75 % du marché de la publicité audiovisuelle ! Le terme de « monopole » ne paraît pas absurde.

Il n’y a qu’un malheur. Si dans le petit marché de l’audiovisuel français, l’alliance TF1-M6 a bel et bien des airs de géants ; elle restait, sur le plan international, un véritable nain par rapport à Netflix ou Disney.

Cartes rebattues à TF1

Les états-majors de TF1 et de M6 ne peuvent qu’être secoués par cette décision. Les deux chaînes, depuis de nombreux mois, œuvraient déjà de concert. Elles se séparent aujourd’hui dans l’amertume. Du côté de « la Une », la tentation va être de trouver un autre groupe audiovisuel à racheter, ou avec lequel s’allier. Mais le marché n’est pas infini. Une alliance avec le service public paraît improbable. Et du côté de Canal Plus, cela semble encore moins bien engagé tant les relations entre Vincent Bolloré et Martin Bouygues virent à l’exécrable. Il y a aussi Altice, le groupe de Patrick Drahi, qui possède notamment BFMTV et RMC. Une nouvelle fois, rien d’évident. Martin Bouygues et Patrick Drahi sont rivaux dans le domaine de la téléphonie mobile (le premier possède Bouygues Télécom ; le second SFR). Et puis leurs deux groupes comportent une chaîne d’info (LCI et BFM). L’Autorité de la concurrence tiquerait tout de suite.

Alors, pour TF1, l’avenir passerait par une réinvention. Devenir autre chose qu’une chaîne de télé « linéaire ». Gilles Pélisson, le PDG du groupe, mise beaucoup sur le domaine de la production, qu’il entend renforcer.

M6 : Maison à vendre

Du côté de M6, le flou est total. Son actionnaire majoritaire, Bertelsmann, est en désengagement. Il cherche à vendre. Puisque TF1 est désormais hors-jeu, la voie est libre pour bien des appétits.

Il y a ceux qui sont déjà sur le marché : Patrick Drahi ? Vincent Bolloré ? Et ceux qui pourraient s’y investir : Xavier Niel, le fondateur de Free ? Rodolphe Saadé, le PDG du géant du fret maritime CMA CGM ?

Et peut-être même… Silvio Berlusconi ! L’homme politique italien, à la tête d’un empire audiovisuel nommé Mediaset, conserve, même à 85 ans, bien des ambitions. Après avoir présidé trois fois le gouvernement italien, il a tenté de se faire élire à la présidence de la République. Échec. Il vise désormais celle du Sénat. Mediaset, déjà présent en Italie, en Espagne et en Allemagne, rêve depuis longtemps du marché français. Et pour Berlusconi, il s’agirait d’une revanche personnelle, plus de trente ans après l’échec de « La Cinq »…

Mediaset et Canal Plus demeurent, à ce jour, les deux seuls acteurs audiovisuels européens à pouvoir rivaliser dans la compétition mondiale. Quant à TF1 et M6, ils n’ont plus, pour l’instant, qu’à régler les frais d’avocats de cette fusion-acquisition manquée. Une addition qui se compte en plusieurs dizaines de millions d’euros de chaque côté.

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