Pour le recrutement, bientôt la fin du CV ?

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Catherine Marché, DEMOS GROUP

Par Catherine Marché, directeur des ressources humaines, Demos Group.

TRIBUNE. Le CV, étape incontournable du process de recrutement. Il met en lumière l’expertise et les convictions du candidat en décrivant succinctement ses réalisations. Il est le trait d’union entre le candidat et le recruteur. Le curriculum vitae constitue une clé d’entrée pour engager une rencontre entre les deux parties. Mais demain, va-t-il disparaître ?

Tri digitalisé, efficacité ou déshumanisation ?

Au fil des années, certaines entreprises ont numérisé le tri des CV pour gagner en efficacité. De bons candidats ont pu être écartés car les algorithmes n’ont pas trouvé les mots clés attendus dans le document soumis. Cette déshumanisation des ressources humaines – qui semble contraire au métier – a découragé un certain nombre de candidats. Parfois refusés quelques minutes après envoi de leur dossier !

Une nouvelle tendance a vu le jour dans la construction du CV. Désormais, il doit ne comporter qu’une page pour faciliter la lecture du recruteur, mettre en exergue les points majeurs de réalisation, annoncer un projet professionnel et non une demande. Des effets de présentation ont également été relevés, le candidat est lui-même en position d’un directeur de marketing ou de communication pour présenter une forme attrayante du CV et donner envie d’aller plus loin. Sans oublier les discussions sur la photo en couleur ou en noir et blanc… un long débat philosophique ! Lequel n’est pas forcément utile pour appréhender les compétences réelles du candidat, certes. Mais ces discussions, concentrées sur la forme, témoignent bien de cette approche de séduction qui se joue.

Le CV a-t-il dit son dernier mot ?

La tyrannie du CV a été remise en question ces derniers temps par l’univers de la tech et des start-up. Un souffle inspiré du monde « anglo-américain », plutôt basé sur des compétences et des soft skills, a amené une autre dimension au process de sélection.

En effet, lors de la mise en ligne de l’annonce, les candidats se lancent d’abord dans une nouvelle expérience : sur une plate-forme pour vérifier si les compétences sont suffisantes pour le poste. Le but ? Déceler les soft skills et la capacité à s’intégrer dans le poste.  À aucun moment en début de process, il ne leur est demandé l’envoi d’un CV…

Parmi les vertus mises en avant via cette nouvelle expérience de recrutement : capter des potentiels qui étaient écartés dans le cadre d’un process traditionnel et assurer à tous les candidats une égalité de traitement – ce que le CV, seul, ne permettait pas. Les débats sur le lieu de résidence ou encore la mention de la situation familiale restent présents dans le cadre de la lutte contre la discrimination en entreprise.

Au regard de ces deux propositions de recrutement, il est à mon sens un besoin de simplifier le process car au fil des années, les exigences des recruteurs ou des chasseurs ont amené un vrai parcours du combattant pour le candidat et pour l’employeur. Le marché de l’emploi est tendu et les candidats potentiels restent peu de temps sur le marché. À mon sens, le CV reste un document utile, une base de discussion entre les parties. Pour autant, il doit se décliner sous une forme minimaliste et mettre en avant des réalisations et un projet de carrière. Le travail préparatoire de CV permet avant tout au candidat de se poser les questions pertinentes de son évolution et dans quel projet d’entreprise il se projette.

En somme, le CV devient une carte de visite synthétisant les points forts du candidat, pourquoi il est unique et comment il correspond au besoin de l’entreprise. Il reste une part de doute sur le fait qu’une plate-forme soit vraiment adaptée pour proposer à des candidats, experts de leur métier, des mises en situation pour valider des compétences ou des connaissances. La tentation de tout contrôler ou calibrer se fera vite dans ce type de démarches. Les candidats attendent avant tout une rencontre et une entreprise qui leur donne envie d’adhérer à leur projet et non de justifier ses compétences dans un format digital, une démarche déshumanisée.  Le CV a encore une raison d’être mais doit s’adapter aux évolutions du recrutement qui proposent d’autres alternatives pour évaluer les compétences des candidats.

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