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À l’occasion d’une visite à l’usine General Electric (GE) de Belfort (90), le chef de l’État a annoncé la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires et la création d’au moins six nouveaux réacteurs EPR2.
La sphère politique s’agite depuis la visite du chef de l’État à l’usine General Electric (GE) de Belfort, le 10 février. Emmanuel Macron a entrepris un virage « pro-nucléaire ». En 2017, le candidat à la présidentielle souhaitait, dans le sillage de François Hollande, réduire la production électrique de la part du nucléaire de 50 %. Le changement de cap est édifiant. Aujourd’hui, Emmanuel Macron entend « reprendre en main le « destin énergétique et industriel » de la France.
Sous la turbine Arabelle de l’usine GE, le chef de l’État a posé les jalons du plan d’investissement « France 2030 ». Il a demandé à EDF d’étudier la prolongation de « tous les réacteurs qui peuvent l’être ». En parallèle, il souhaite faire construire six réacteurs EPR nouvelle génération, « EPR2 ». Les travaux devraient débuter en 2028. Emmanuel Macron envisage la mise en chantier de huit autres EPR d’ici à 2050.
« Pour augmenter la production électrique, il nous faut, à côté des énergies renouvelables reprendre le fil de la grande aventure nucléaire civil en France », a affirmé le président.
Une politique énergétique basée sur une « stratégie plurielle »
Le chef de l’État mise sur le développement conjoint du nucléaire et du renouvelable afin de sortir des énergies fossiles. L’objectif ? réduire la consommation d’énergie de 40 % en 2050. Emmanuel Macron a annoncé un déploiement conséquent de l’énergie solaire. Il souhaite multiplier la puissance installée par 10 d’ici à 2050. L’éolien terrestre, actuellement à 18,2 gigawatts, verrait sa puissance doubler. L’éolien en mer n’est pas en reste, avec l’ouverture d’une cinquantaine de parcs (40 gigawatts) en service d’ici à 2030. Le premier chantier consiste à réduire la consommation d’énergie et le second à produire davantage d’énergies décarbonnées.
Emmanuel Macron vante les mérites d’une production d’énergie décarbonnée, au cœur de cette « stratégie plurielle » qui vise le « développement des énergies renouvelables et du nucléaire ».
Alstom bientôt sous pavillon français, Fessenheim en colère
Le chef de l’État s’est exprimé depuis l’usine General Electric de Belfort, anciennement Alstom, vendue aux Américains en 2015 sous le mandat de François Hollande. Emmanuel Macron, collaborateur d’Hollande à l’époque, s’est défendu : « C’était ça ou l’arrêt. C’était mieux que la suppression complète des activités. » L’usine Alstom repasse officiellement sous pavillon français, le rachat du site par EDF s’est achevé le 10 février.
La direction de l’usine Fessenheim en Alsace, fermée depuis 2020, a vivement réagi aux déclarations d’Emmanuel Macron. Claude Brender, maire de Fessenheim, demeure consterné. Le chef de l’État n’a en effet pas prononcé un mot au sujet de la centrale alsacienne. De nouveaux réacteurs vont voir le jour tandis que Fessenheim garde portes closes. Pour les dirigeant·es de l’usine, la pilule est amère.
« France 2030 », un projet vivement contesté par les candidat·es à la présidentielle
À droite comme à gauche, les esprits s’échauffent. Les candidat·es de gauche, radicalement opposé·es au nucléaire, sont scandalisé·es par le virage stratégique opéré par le chef de l’État. Le candidat écologiste Yannick Jadot a déclaré qu’Emmanuel Macron condamnait « l’ébriété énergétique », il dénonce un« pari irresponsable qui engage à très long terme ». Le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, est également en désaccord avec la stratégie de Macron : « Une nouvelle fois, un homme tout seul décide d’engager le pays dans le tout nucléaire pour les 30 prochaines années. »
La droite, plutôt pro-nucléaire, dénonce également ce changement de posture. « Un revirement électoraliste » pour Éric Zemmour et « un gâchis incroyable » pour Bruno Retailleau, patron des sénateurs Les Républicains et sympathisant de Valérie Pécresse.
Si Emmanuel Macron n’a pas encore annoncé sa réélection, elle devrait être efficiente d’ici à la fin du mois de février. Une chose est sûre : l’épineux sujet du nucléaire et des ressources énergétiques constitue l’une des thématiques majeures de cette élection présidentielle 2022.