Nicolas Dufourcq

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Nicolas Dufourcq, tout juste reconduit dans ses fonctions de directeur général de Bpifrance, ambitionne de relever l’industrie française.

Dans une tribune événement, publiée par le média Wansquare, Nicolas Dufourcq, président de Bpifrance, s’allie à Louis Gallois, ex-PDG d’Airbus et de la SNCF et Guillaume Bachelay, ancien député PS spécialisé dans les questions industrielles. Un objectif : reconstruire l’usine France !

Montebourg pose les bonnes questions. Récemment auditionné par la commission d’enquête sur la souveraineté industrielle, l’apiculteur-entrepreneur tape du poing sur la table. Témoin de la désindustrialisation, lors de son passage au gouvernement, le défenseur du fabriqué en France dresse un constat cinglant. « On a perdu en 15 ans : Arcelor, Pechiney, Alstom, Technip, Lafarge, Alcatel, Essilor […] Le tarif de la trahison de la France ? Entre 10 et 15 millions d’euros ».

Sombre constat !

Des mots forts pour une réalité acide et cruelle. Notre pays est en effet le plus désindustrialisé de l’Union européenne à l’exception de la Grèce – selon la Banque mondiale. En 2021, le secteur industriel représentait 16,8 % de notre PIB, contre 26,6 % en Allemagne, 22,6 % en Italie, 22 % en Suède, 20,5 % en Espagne…

Souvenons-nous des propos de Serge Tchuruk, patron d’Alcatel dans les années 1990, qui disait « rêver d’une France sans usines ». Le concept du « fabless », alors en vogue, revenait  à concentrer les métiers de recherche, de développement et de communication en Europe… et à externaliser la production en Asie, continent destiné à devenir l’atelier du monde. Pas très visionnaire !

Décennie 2020 : l’aube d’une nouvelle époque

La décennie 2020 est celle de la prise de conscience. La crise coronavirienne fut une sévère correction pour ceux qui croyaient en une mondialisation heureuse, au dépassement de la souveraineté… La France découvre chaque jour ses limites. Production de masques, de vaccins, de médicaments, de chars… et même de peluches !

Le plus brillant porte-parole du renouveau industriel est sans doute Nicolas Dufourcq. Celui qui dirige Bpifrance depuis sa création en 2013 s’évertue tout à la fois au constat – assez noir comme on l’a vu – et aux solutions. Elles sont nombreuses. La capacité de rebond des Français n’est plus à prouver.

Le banquier atypique, qui vient tout juste d’être confirmé par le Parlement pour un nouveau mandat à la tête de la BPI, opère un virage stratégique. Bpifrance, longtemps considérée comme la banque de la French Tech, fut aux premières loges pour accompagner le développement de l’écosystème des start-up. Un succès. Elle va maintenant changer d’identité.

Bpifrance sera le fer de lance du renouveau industriel

Désormais, tout en poursuivant l’effort dans l’économie numérique, Nicolas Dufourcq ouvre un ambitieux chantier pour Bpifrance, en ce nouveau mandat. Il s’agit de transformer la banque publique en fer de lance de la reconquête industrielle. Une mesure forte, prise début mars, illustre ce nouveau paradigme. Bpifrance entre au capital d’Alstom, à hauteur de 5 %. Plus qu’un symbole, cette prise de participation dans ce géant national malmené n’est qu’une première étape.

Partisan d’un aller-retour entre la réflexion et l’action, fidèle à Bergson, Nicolas Dufourcq développe ses idées dans La Désindustrialisation de la France, ouvrage paru en juin dernier chez Odile Jacob. « La désindustrialisation française est un moment majeur de l’histoire et pourtant elle est couverte d’un halo de mystère. Entre 1995 et 2015, le pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel. De nombreuses communes et vallées industrielles ont été rayées de la carte. ».

Le temps des solutions est venu

Désormais, place aux solutions. Dans la tribune cosignée avec Louis Gallois et Guillaume Bachelay, Nicolas Dufourcq dresse un plan pour l’action. Amélioration des coûts du travail, baisse de la fiscalité, financement accru de Bpifrance pour les PME et les ETI, porter l’effort budgétaire dans la recherche à 3 % du PIB, investir dans l’éducation et la formation des métiers de l’industrie, numérisation, réduction des délais administratifs, baisse des prix de l’énergie…

Voici la conclusion d’une tribune appelée à faire date : « Au-delà de politiques publiques constantes et lisibles, des aventures exaltantes vont pouvoir être proposées aux Français : celles de l’industrie innovante, au service d’un patriotisme ouvert sur le monde et l’avenir. Là est l’idéal qui protégera et renforcera le capital de civilisation industrielle dont la France est héritière ».

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