Les maisons de santé fleurissent dans nos campagnes

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Un rapport de la Cour des comptes vient battre en brèche les maisons de santé qui fleurissent dans les campagnes.

Les maisons de santé valent-elles le coup ? Censées être l’avenir pour la ruralité, ces ensembles qui concentrent divers médecins sur un même lieu seraient en vérité peu efficaces.

Le ministre de la Santé en est pourtant persuadé. « Le médecin qui exerce seul dans son cabinet, ça doit devenir l’exception ». Voilà ce que déclarait François Braun en février au micro de RTL. L’avenir serait donc à ces maisons de santé, qui rassemblent sur un même lieu divers praticiens. Avec pour objectif d’optimiser les coûts et de faciliter la vie.

Les nouveaux médecins ne veulent plus vivre la vie de leurs aïeux. Ah, le médecin de campagne d’autrefois ! Disponible à toute heure, qui œuvre sept jours sur sept, sans jamais (ou presque) prendre de vacances, ce professionnel de santé était jadis une référence incontournable. Il connaissait souvent toutes les familles d’un village voire même d’une vallée.

Désormais, les jeunes médecins rechignent à s’installer dans les zones désertifiées. Ils ne veulent plus être corvéables à merci. Comment ne pas les comprendre à l’heure où éclate un nouveau rapport au travail ? Alors, la maison de santé semble comme le remède miracle. Nombreux sont les maires qui s’organisent pour créer ce genre de structures idoines. Et voilà que fleurissent sur le territoire des MSP. (Maison de santé pluriprofessionnelle).

Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes

 Il n’y a qu’un malheur. La maison de santé, de l’avis de la Cour des comptes, ne serait pas forcément le modèle gagnant qu’on nous décrit. Dans un rapport qui vient d’être rendu public, l’institution de la rue Cambon égratigne ces « MSP » qui seraient dispendieuses et peu efficaces.

D’abord, on retrouve l’éternel problème de l’administration française. Qui fait quoi ? En matière de maison de santé, chaque couche du mille-feuille administratif tient à montrer qu’elle agit. Commune, communauté de communes, département, région, État et même Union européenne. Aucune coordination des acteurs publics n’existe. Ce qui cause de multiples doublons. L’argent est gaspillé.

8 % des Français ont du mal à accéder aux urgences

Le rapport marque également un « ciblage insuffisant ». Les maisons de santé ne sont pas implantées là où elles sont le plus nécessaires. « Certaines collectivités, pourtant confrontées à des situations complexes en matière d’accès aux soins, ne sont pas intervenues, faute de volonté, de moyens ou d’ingénierie. Au contraire, d’autres, qui ne connaissent pourtant pas de difficultés particulières, ont mis en place des dispositifs qui sont peu efficients ».

Selon la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) on peut estimer que 3 % de la population française vit dans un véritable désert médical. Mais au-delà de cette pointe avancée du problème, on note que 20 % de la population connaît des difficultés d’accès à la santé.

La même Drees qui relève ce chiffre inquiétant : 8 % des Français résident dans une zone où il est difficile d’accéder aux services d’urgence.

Les alternatives sont là

En bref et plus grave, il apparaît que les dispositifs d’aide à l’installation des « MSP » sont une gabegie financière. Les élus, tous désireux d’implanter sur leurs territoires de nouveaux médecins, se livrent une concurrence féroce au lieu d’unir les moyens.

A contrario, certaines initiatives sont saluées comme le site installeunmedecin.com. Lancé par le Conseil départemental de Saône-et-Loire, il propose de financer les études des étudiants en médecine qui s’engagent à s’installer ensuite en zone rurale.

Une autre piste, plus contraignante certes, a été lancée par le sénateur LR de la Vendée, Bruno Retailleau. Il propose une sorte de « service médical » pour les nouveaux médecins, qui seraient forcés à faire une quatrième année d’internat dans les zones en tension. Le tout en espérant que cela pousse certains à s’installer définitivement au vert…

Alors, quelle solution retenir ? Il y a urgence, car dans ce que certains médias nomment pompeusement « le monde rural », le manque de médecins est très mal vécu. Il renforce un sentiment d’abandon destructeur.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.