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Une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie.
Rien ne semble pouvoir arrêter la machine russe, plus de deux mois après le début du conflit en Ukraine. Les sanctions économiques se multiplient et échauffent les esprits. Cette fois, la Commission européenne envisage d’instaurer un embargo progressif sur les importations de pétrole russe afin de tarir le financement de la guerre.
La tension monte d’un cran. Une nouvelle salve de sanctions – la sixième – pourrait bien s’abattre sur la Russie et faire mal au portefeuille de Moscou. Dans la nuit de mardi 3 à mercredi 4 mai, la Commission européenne a présenté aux États membres un projet d’embargo sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie. Une mesure censée réduire le financement de la guerre que le pays mène contre l’Ukraine depuis le 24 février. « Il s’agira d’une interdiction complète des importations de tout le pétrole russe, transporté par voie maritime ou par oléoduc, brut et raffiné (…) de façon ordonnée, d’une manière qui nous permettra de mettre en place d’autres voies d’approvisionnement », a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les eurodéputé·es. Pour rappel, la Russie exporte les deux tiers de ses produits pétroliers vers l’Union européenne. Le tout pour un total de 80 milliards de dollars en 2021, selon Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.
Le projet doit être adopté à l’unanimité
Le projet en question propose l’arrêt progressif desdites importations. Ce, sur une période de six à huit mois. L’embargo prendrait pleinement effet à la fin de l’année 2022. Seront toutefois exemptées la Hongrie et la Slovaquie, complètement dépendantes aux produits russes. « Il ne s’agit pas d’une décision politique (…) c’est une véritable question d’approvisionnement pour nous, car il est actuellement impossible de faire fonctionner la Hongrie et son économie sans le pétrole russe », assure le ministre des Finances hongrois Péter Szijjarto. Mais cette situation ne plaît pas à certains États membres qui s’estimeraient lésés par l’application d’un tel embargo. En tête, la Bulgarie et la République tchèque, elles aussi très dépendantes des importations pétrolières russes. L’Allemagne a de son côté pris ses précautions, ayant réduit son pourcentage de dépendance à 12 % ces dernières semaines contre 35 % quelques semaines auparavant. La France se maintient sous la barre des 25 %.
« Je ne sais pas si l’adoption de la proposition sera possible d’ici au weekend, a déclaré le ministre allemand de l’Économie et du climat, Robert Habeck, car l’adoption d’un tel projet nécessite l’unanimité des 27. Rien n’est garanti. Chaque nouveau paquet de sanctions contre la Russie est plus difficile à adopter car il impose des choix politiques à chaque État membre », a-t-il ajouté.
Second, we de-swift Sberbank – by far Russia's largest bank – and two other major banks.
Third, we are banning three big Russian state-owned broadcasters from our airwaves, that amplify Putin´s lies and propaganda aggressively. pic.twitter.com/P556IGXFIl
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) May 4, 2022
Ce nouveau volet de sanctions ne s’arrête pas au seul embargo. Il comprend une taxe sur les transports par tankers. Mais aussi l’inscription sur liste noire des personnes interdites dans l’Union européenne des propagandistes du régime russe. Enfin, l’exclusion de nouvelles banques russes du système Swift est toujours d’actualité. Mercredi 4 mai, Ursula von der Leyen s’est exprimée sur Twitter, et a déclaré souhaiter exclure la principale banque russe, la Sbersbank, du système interbancaire.
Le Kremlin demande à l’Europe d’arrêter de fournir des armes à l’Ukraine
Le Kremlin, de son côté, n’entend pas céder de terrain. Les combats se poursuivent en Ukraine et les autorités russes tentent d’intimider leurs voisins européens à coups de menaces directes. Le 27 avril, la chaîne Rossiya 1, diffusait une image estimant à 200 secondes le temps nécessaire aux missiles nucléaires russes pour atteindre Paris et Londres. Le même jour, Vladimir Poutine s’adressait à ses opposants internationaux : « Si quelqu’un a l’intention de créer des menaces inacceptables pour la Russie, il doit savoir que notre réponse sera rapide et foudroyante ».
Mardi 3 mai, tout juste réélu et pas encore investi, le président Emmanuel Macron renfilait son costume de diplomate et de chef de l’Union européenne. Dans une conversation de plus de deux heures, le chef du Kremlin et notre président ont une nouvelle fois tenté de s’entendre. Un échange durant lequel Vladimir Poutine aurait déclaré : « L’Occident pourrait aider à arrêter ces atrocités en exerçant une influence appropriée sur les autorités de Kiev, ainsi qu’en arrêtant la fourniture d’armes à l’Ukraine. »