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Qui est vraiment Catherine Colonna ? La ministre des Affaires étrangères demeure largement inconnue des Français.

Choisie par Emmanuel Macron en mai 2022 pour représenter la France à l’Étranger, Catherine Colonna peine à exprimer une voix singulière.

Lorsqu’elle pénètre dans le studio de C à vous, mardi 21 janvier, Catherine Colonna semble pensive. Elle sait que l’œil noir de la caméra ne va pas la quitter, pendant plus de vingt minutes. Si les questions d’Anne-Élisabeth Lemoine et Patrick Cohen n’ont rien de désarçonnant (c’est le moins que l’on puisse dire…), celle qui doit porter la voix de la France semble pourtant sur la réserve, presque effacée. Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, demeure encore une inconnue pour les Français.

Si elle s’exprime, c’est pour évoquer des banalités, botter en touche. Certes, c’est un peu son travail, le ministère des Affaires étrangères oblige à surveiller particulièrement son langage. De surcroît, Catherine Colonna est diplomate de carrière, elle a eu l’honneur de représenter notre pays en Italie puis en Grande-Bretagne, en tant qu’ambassadeur de France. Sans oublier deux autres postes plus techniques, à Paris, auprès de l’Unesco puis de l’OCDE. Un parcours remarquable, où elle a toujours su prouver sa compétence. Sans fausse note certes, sans non plus faire preuve d’une originalité quelconque. C’est une femme du rang, attachée à l’ordre établi, qui dirige aujourd’hui le Quai d’Orsay.

Son principal faux pas ? Le 16 juin, en gare de Kiev. Alors qu’elle accompagne Emmanuel Macron, un journaliste lui demande : « Madame la ministre, quel est le climat en arrivant à Kiev ? ». Totalement à côté de la plaque, visiblement drainée par l’enjeu guerrier, elle rétorque : « Magnifique. Il fait beau ! ». Voilà qui fait mauvais genre…

Chirac lui a tout appris

Qui se souvient qu’elle fut la ministre des Affaires européennes de Jacques Chirac, entre 2005 et 2007 ? Plus tôt, elle fut même la porte-parole de la Présidence de la République ; entre 1995 et 2004. Un poste qui aujourd’hui n’existe plus. Elle fut aussi, très temporairement présidente du Centre national de la cinématographie et vice-présidente du festival de Cannes… Chiraquienne avant d’être macroniste, comme Roselyne Bachelot.

Son entrée au gouvernement, en mai 2022, reste entourée d’un certain mystère. Certains, comme au Figaro, pensaient qu’on se dirigeait vers la nomination d’Anne-Marie Descôtes, alors ambassadrice de France en Allemagne. C’est finalement Catherine Colonna, alors en poste à Londres, qui est subitement rappelée à Paris.

Face à la fronde des diplomates

Son profil de diplomate de carrière est d’abord perçu comme un atout, alors qu’Emmanuel Macron vient justement de provoquer une bronca au Quai d’Orsay, en supprimant le statut historique de deux corps diplomatiques.

À l’appel d’un collectif de jeunes diplomates, « le Quai » s’est même mis en grève, le 2 juin dernier… Si les ressources humaines n’ont jamais été simples dans ce ministère, il s’agissait seulement de la deuxième grève de toute son histoire.

Comment faire pour exister au Quai d’Orsay ? Rien d’évident, pour Catherine Colonna ou pour d’autres. Même Jean-Yves Le Drian, qui bénéficie pourtant d’une surface politique importante, s’y est cassé les dents entre 2017 et 2022. Contrairement au ministère de la Défense, où il était parvenu à imposer sa marque sous François Hollande, le Quai d’Orsay fut pour lui une délicate entreprise. On ne retient pas grand-chose, à dire vrai, de son bilan… « Quels sont les grands succès de la diplomatie française depuis la COP 21 en 2015 ? Rien », souligne à juste titre un ambassadeur anonyme, auprès de nos collègues de la chaîne de la francophonie, TV5Monde.

Un ministère où il est difficile d’exister

Ainsi, plus que jamais, la diplomatie française se prépare à l’Élysée. La marge de manœuvre du Quai d’Orsay se réduit comme peau de chagrin. Le dernier locataire qui a pu y marquer les esprits fut sans doute Dominique de Villepin, resté célèbre pour son discours du 14 février 2003, prononcé à l’Onu contre la guerre en Irak.

Dominique de Villepin et Catherine Colonna se connaissent bien. Leur passé chiraquien ne peut que les rapprocher l’un de l’autre. Ils se sont surtout connus en poste à Washington, au début des années 90. Entre le fils de la haute-bourgeoisie (dix-huit légions d’honneur dans la famille) et la fille d’agriculteur qui a plutôt le cœur à gauche, le courant passe bien depuis toujours.

Mais entre le flamboyant et la discrète, les Français ont fait leur choix. Invité sur France Inter lundi 20 février, Dominique de Villepin a pu constater qu’au standard, les auditeurs réclamaient son « retour aux affaires ». Le voudrait-il ? En tout cas, il a pris la plume pour dispenser ses conseils à Emmanuel Macron… Pas de réponse pour l’instant. Emmanuel Macron a toujours voulu casser tout ce qui s’apparente à de l’autorité paternelle.


Les Indiscrets d’ERB…

 

Macron fait une grand-croix sur Raffarin • Mercredi 22 février, soir tombant, palais de l’Élysée. Dans une séquence émotion, Emmanuel Macron remet la grand-croix de la légion d’honneur à Jean-Pierre Raffarin. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, ami de la Chine, se voit ainsi récompenser par le plus haut niveau de distinction possible dans la République Française. Parmi les invités, l’homme des régions a notamment convié Édouard Philippe. Le Havrais à la barbe blanche a donc retrouvé Emmanuel Macron, son ancien chef… avec lequel les relations sont désormais très grinçantes.

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