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Joe Biden pose avec des enfants devant le Château de Varsovie, en Pologne, le 21 février 2023.

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L’Europe de l’Est est victime d’un très fort contrecoup économique, conséquence immédiate de la guerre d’Ukraine.

Les pays de la « New Europe », dont la Pologne est l’épicentre, font face à une situation paradoxale. Alors qu’ils sont plus que jamais au cœur de la stratégie de Washington, en remplacement du « couple franco-allemand », leur économie flanche dangereusement.

Il l’a eu, son moment Kennedy. Mardi 21 février au soir, Joe Biden a tenté de reprendre l’élan du « Ich bin ein Berliner », ce discours mémorable prononcé par « JFK » devant le mur de Berlin, en 1963. Sur la place du château de Varsovie, l’homme de la Maison-Blanche a défendu l’Ukraine en défiant la Russie. Son discours se voulait une réplique à celui de Vladimir Poutine, prononcé plus tôt dans la journée devant la Douma d’État.

Pour rendre hommage au président octogénaire, la foule polonaise agite des drapeaux dans la nuit froide. Ceux de la Pologne, de l’Ukraine et des États-Unis. Il n’y avait pas, en revanche, le drapeau bleu aux étoiles d’or, la bannière de l’Union européenne… Étrange : la Pologne touche pourtant chaque année 11 milliards d’euros, issus des fonds européens. Ce qui fait d’elle le premier bénéficiaire net de l’UE. La Pologne ignorerait-elle la main qui la nourrit ?

La Pologne, parfois qualifiée de « cinquante-et-unième État des États-Unis », demeure la place forte de l’atlantisme en Europe. Avec Londres, elle est sans aucun doute l’allié le plus docile, décidé à suivre, voire à devancer les objectifs stratégiques de l’Otan. La guerre d’Ukraine lui offre une position dominante, elle se rêve même, à horizon vingt ans, première armée du continent… L’axe Washington-Londres-Varsovie-Kiev semble supplanter le « couple franco-allemand », qui a décidément du plomb dans l’aile.

L’inflation : boomerang terrible de la guerre

Pourtant, sur le front économique, rien ne va plus pour la Pologne. En janvier 2023, l’inflation sur un an s’élève à +17,3 %, d’après Trading Economics. Une tendance générale en Europe de l’Est. On citera la Bulgarie (16,4 %) ou la République tchèque (17,5 %). La situation est encore pire dans les États baltes… Le coût de la vie y a littéralement explosé : 18,6 % en Estonie, 20 % en Lituanie, 21,5 % en Lettonie. Leur grande proximité avec la Russie et l’Ukraine explique évidemment cet état de fait. Trois pays font encore pire, dans ce que l’on pourrait appeler « l’Europe au sens large ». Justement l’Ukraine (26 %), la Moldavie (27,3 %) et la Turquie (57,6 %). Record battu !

Pour mémoire, en Russie, l’inflation se limite à 12 %. Cela semble presque faible en comparaison… Comment expliquer cette différence ? Il est vrai que l’Europe de l’Est affichait, avant-guerre, une grande dépendance économique et énergétique envers Moscou. Ainsi, et c’est un choix géostratégique étrange, la Pologne ou les États baltes, qui sont pourtant depuis longtemps hostiles à la Russie, se sont massivement approvisionnés auprès d’elle…

La croissance en panne

En 2020, la dépendance de l’Europe de l’Est pour le gaz russe restait massive. 57 % en Pologne, 43 % en Roumanie, 42 % en Lituanie… Certains pays allaient même encore plus loin. 94 % en Hongrie ; 100 % en République tchèque ou en Lettonie ! En comparaison, l’Allemagne en dépendait à 55 %. Des chiffres qui proviennent d’Omnegy, agence française de stratégie énergétique.

Quelles conséquences pour la croissance de la zone ? Elles sont énormes. La Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) fondée à la chute du Mur pour remettre sur pied l’Est de l’Europe, s’attend au pire. Dans ses prévisions, elle estime que d’une croissance forte, située entre 4 et 6 % ces dix dernières années, l’Europe de l’Est va passer en 2023 à… 0,6 %. En bref, c’est la panne et la récession guette. La Pologne peut toutefois compter sur une croissance un brin meilleure (1 %).

Dernière conséquence de la guerre : la fuite des investisseurs internationaux dans la région. Ils sont peu nombreux désormais à vouloir s’implanter en Europe de l’Est, par crainte d’un débordement du conflit. En effet, il paraît peu malin d’installer une usine au pied du volcan de la guerre-monde.

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