Alain Minc et sa nouvelle théorie...

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Dans Les Échos, Alain Minc postule que grâce au bouclier tarifaire, la France pourrait se retrouver, d’ici à deux ans, nation la plus compétitive d’Europe !  (ouvre un nouvel onglet)

La cruauté un brin géniale de l’historien et prospectiviste Emmanuel Todd n’est plus à prouver. Un sens très anglais de l’ironie. « J’ai une certaine admiration de statisticien pour Minc… Minc se trompe dans 100 % des cas, et en théorie de probabilité, c’est beaucoup plus difficile de se tromper dans 100 % des cas, que d’avoir raison dans 75 % des cas. » Todd, lui, bénéficie d’un certain respect international depuis qu’il annonça, en 1976, dans La Chute Finale, l’effondrement de l’URSS avec quinze ans d’avance.

Alain Minc. Celui qui murmure à l’oreille des grandes fortunes. Une figure du XVIe arrondissement. Et pourtant, il incarne pour beaucoup l’exemple parfait de la boussole qui affiche le sud. Une constance dans l’erreur qui tient presque du prodige. Ce très proche des présidents français, de Mitterrand à Macron (sauf Chirac, qui le boudait ouvertement), n’a pas toujours eu raison sur tout. C’est le moins que l’on puisse dire. En 1995, il prévoyait avec certitude la victoire de Balladur. Puis de Jospin. Puis de Juppé. Puis de DSK. Puis d’Aubry. Puis de Pécresse. Heureusement qu’il ne parie pas aux courses hippiques ! La mondialisation, pour lui, s’annonçait comme une aventure heureuse et prospère… En 2003, le même Minc en était persuadé : l’Irak de Saddam Hussein regorgeait « d’armes de destruction massive ». Une certitude à son avis. Sauf qu’on les cherche encore…

Il faut donc se munir de minutieuses pincettes pour étudier les prédictions de ce circuit sans doute génial… mais monté à l’envers. Les Échos lui donnaient la parole, dans leur édition du vendredi 23 septembre. L’ancien inspecteur des finances, confortablement assis sur sa chaise, fait la moue lorsqu’on l’interroge sur l’inflation. « Il y aurait de quoi être inquiet si rien n’avait été fait mais l’État a su prendre les choses en main et agir. La politique économique menée en France est très maline, même si je ne suis pas tout à fait sûr que leurs auteurs aient pleinement conceptualisé leur action. » En bref, tout roule comme sur des roulettes.

Mieux encore. Non seulement cette crise inflationniste est à relativiser, mais de surcroît, à son avis, les mesures prises par Emmanuel Macron et consorts pourraient aboutir à un sursaut véritable pour l’économie française. Alain Minc, que l’on a connu fervent pourfendeur de la dette, semble désormais se réjouir de voir notre déficit tonitruer dans les hautes sphères de la dépense publique.

Tout va bien Madame la Marquise !

Le médecin livre son diagnostic : grâce au bouclier tarifaire et à la pléiade des chèques signés par le gouvernement, nous avons une inflation qui tourne « autour de 6 % quand elle va être de l’ordre de 10 % chez beaucoup de nos voisins ». Certes. Incontestable même. En France, l’État prend sur lui l’essentiel du choc de l’inflation. Un choix qui tranche avec l’exemple britannique, où ce sont les ménages qui accusent l’essentiel du coup. Avec une grande différence : la pression fiscale y est bien moindre…

Voilà sa grande théorie : « Les revendications salariales se calent sur des anticipations d’inflation beaucoup plus faibles chez nous qu’ailleurs. Nous sommes le seul pays d’Europe continentale dans ce cas. C’est une excellente chose. Si, sur deux ans, les salaires augmentent bien plus chez nos voisins que chez nous, cela nous permettra de regagner en compétitivité du travail. Et l’on parle d’un choc positif qui pourrait être de 8 % sur la période. C’est le résultat d’une utilisation intelligente de l’arme budgétaire. », prédit Alain Minc.

En bref, grâce au bouclier tarifaire, au chèque énergie, au chèque fioul et au chèque bois ; notre pays devrait prendre 8 % de compétitivité ! De quoi dépasser l’Allemagne, l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Italie… La France se retrouverait ainsi la plus compétitive d’Europe par ce tour de passe-passe dément. Presque un miracle.

Qui vivra verra… Et qui vivra paiera.

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