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Claude Tempé, vice-président de Freelance.com

Les aspirations des travailleurs se transforment. Le marché des freelances a de beaux jours devant lui.

Ils ont parfois travaillé de longues années en tant que salariés avant de devenir freelances. D’autres ont toujours tenu à leur indépendance pour exercer leur activité. Le marché des freelances s’accélère. Et se structure. Notamment parce que les travailleurs, en 2022, en ont assez qu’une hiérarchie leur impose les plages horaires auxquelles ils doivent se rendre disponibles. Assez de perdre un temps considérable dans les transports en commun pour assister à une réunion qui pourrait parfaitement se dérouler à distance. Assez aussi de prendre des vacances trois semaines en août « parce que c’est comme ça ». Avec l’éclairage de Claude Tempé, vice-président de Freelance.com – qui connecte les entreprises avec des experts indépendants.

« Non les freelances ne sont pas toutes et tous jeunes. » Voilà une des idées reçues balayées par Freelance.com, qui a publié mi-février une étude avec Datastorm pour « lever le voile sur la réalité des freelances en France », à partir des données de l’Ursaff et de l’Insee. Claude Tempé le pointe, il existe une hétérogénéité des freelances. Comme des agriculteurs, des commerçants ou des artisans. Mais Freelance.com se concentre sur une partie de ces indépendants : les prestataires intellectuels ! Soit environ 1 million d’individus en France, selon l’étude.

Casser les préjugés sur les freelances

Si l’on ne retient que les prestataires intellectuels, alors non les freelances ne sont pas seulement des jeunes. Puisque l’âge moyen atteint 45 ans ! Constat logique pour Claude Tempé : « Les freelances ont une expertise à proposer, qui s’acquiert le plus souvent avec de l’expérience. » Autre idée reçue : les freelances travaillent essentiellement dans la tech. Ce serait oublier la finance, la gestion et achats, le premier secteur des freelances prestataires intellectuels (27 %). Ou encore l’ingénierie.

Alors que l’on s’attendait à une crise sur le marché des indépendants en pleine pandémie, le Sars-CoV-2 a, au contraire, dopé le marché des freelances : « Les entreprises auraient pu s’attaquer en priorité aux freelances pour réduire leurs effectifs […] Il n’en a pas été ainsi », explique Claude Tempé. À l’inverse, la pandémie a donné des idées aux salariés à bout de souffle et fatigués de penser à la suite de leur « carrière ». Le sens a pris le dessus. Le bon sens peut-être.

Pourquoi devenir freelance ?

Ce n’est pas pour l’argent. « Beaucoup trop de gens croient que l’on devient freelance pour gagner plus d’argent, mais en réalité un freelance est rarement plus riche que son équivalent salarié […] Les charges sont nombreuses pour les indépendants, il ne suffit pas de multiplier le taux journalier par le nombre de jours de travail, par exemple ! », précise le vice-président de Freelance.com. Non, la raison majeure, c’est bien le sens que l’on donne à ce que l’on fait. C’est choisir, en fonction de ses valeurs, de l’éthique, avec quelles entreprises je souhaite travailler, avec l’idée d’un éloignement de la marque employeur, « ma compétence peut être partagée avec plusieurs entreprises, pourquoi s’en priver ? », soulève le spécialiste du conseil.

Tout le monde n’est pas fait pour être indépendant […] Vous avez des personnes qui préfèrent avoir un chef, et savoir qu’elles termineront tous les soirs à 18 h

Pierre angulaire aussi de la satisfaction des freelances : la liberté ! De ne pas avoir de patron. Et donc de choisir de travailler tel ou tel jour, le dimanche plutôt que le lundi, le soir plutôt que le matin. Cette flexibilité facilite la bonne entente du tandem vie professionnelle et vie privée. Dans le détail, pas impossible que certains freelances travaillent davantage que leurs homologues salariés… « mais ils l’auront décidé, là est toute la différence ! », lance Claude Tempé. Judicieux de raisonner aussi en termes de temps de travail annuel. Les freelances prendront peut-être un mois de vacances – ou plus – au cours de l’été. Là où les salariés se contenteront de trois semaines.

Le marché des freelances a de beaux jours devant lui, c’est certain. Même si, rappelons-le, « tout le monde n’est pas fait pour être indépendant […] Vous avez des personnes qui préfèrent avoir un chef, et savoir qu’elles termineront tous les soirs à 18 h, c’est un cadre qui les rassure et leur offre une certaine stabilité », estime Claude Tempé. Mais les entreprises, elles, feront une place grandissante à tous types de profils. Et les freelances n’échappent pas à la règle. Après tout, un grand nombre de grands groupes, ETI ou PME n’ont eu d’autres choix que de placer leurs salariés en télétravail dès le printemps 2020. Avec, à l’arrivée, les bienfaits que l’on connaît. Alors ces mêmes entreprises ont compris qu’elles pouvaient recourir aux indépendants sans compromettre leurs performances économiques. Bien au contraire.

Geoffrey Wetzel


Le portage salarial, quèsaco ?

Il permet à une personne de proposer son travail – et par la même occasion de tester ses capacités à entreprendre – sans créer une véritable entreprise.

Voici les trois principes qui caractérisent le portage salarial, selon Bpifrance :

  • Un contrat de prestation de service signé entre la société de portage et la société cliente. Il s’agit d’un contrat classique qui doit mentionner la nature de la prestation à effectuer, les dates de début et de fin de la mission. Ainsi que les modalités de paiement.
  • Un contrat de travail entre le consultant et la société de portage. Il est établi en même temps que le précédent contrat.
  • Une convention d’adhésion peut également être signée entre ces mêmes personnes. Avec l’objectif de prévoir les modalités de refacturation des honoraires ainsi que les prestations annexes proposées par les sociétés de portage.
Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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