Castex a du pain sur la planche !

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Jean Castex vient de prendre ses fonctions à la RATP.

Du pain sur la planche. Jean Castex, nouveau PDG de la RATP va devoir s’employer à remettre sur pied l’entreprise publique, en pleine déroute.

Jean Castex aime le train. Tant mieux : il sera servi. Le métro, c’est désormais son boulot. De Creil à Montargis, de Gisors à Laon, il va devoir organiser et articuler un réseau incroyablement dense et complexe. 69 000 salariés pour 8 modes de transport et 12 millions de voyages par jour. Beaucoup de Français ne le savent pas, mais la RATP est aussi un groupe mondial, qui en plus de gérer le schéma directeur des déplacements franciliens, opère dans des métropoles mondiales comme Le Caire, Casablanca, Hong-Kong, Washington, Riyad…

Une entreprise qui se porte mal, décidément mal. Sa dernière PDG, Catherine Guillouard, a démissionné avec fracas fin septembre. Depuis, l’entreprise est gérée vaille que vaille, à la petite semaine…

Avec un nouveau chef bien identifié de la population, les salariés peuvent espérer retrouver une direction, même si Jean Castex n’a pas fait montre d’un réel volontarisme lors des auditions parlementaires.

Rendre aux Franciliens une offre normale

Premier défi pour la figure des territoires : redéployer une offre normale sur le réseau, près de trois ans après l’irruption du coronavirus. Métros et surtout bus affichent des retards toujours plus conséquents… L’offre est en ce moment à 2 bus sur 3 ! La faute à un absentéisme bondissant et à une pluie de démissions chez les chauffeurs. Un malaise social que Jean Castex devra juguler, entre carotte et bâton. Jean Castex a évoqué un « enjeu de qualité de vie au travail ». Il faudra veiller à redonner un sens à leur travail et à prévoir des revalorisations salariales. La question sociale peut vite devenir explosive avec la réforme des retraites qui pointe le bout de son nez. L’imminence d’une grève serait une terrible nouvelle pour les usagers.

Jean Castex va aussi devoir régler la facture électrique. La RATP, très endettée, doit se prémunir de l’inflation et de l’explosion des tarifs de l’électricité. Réduction des luminaires ou du chauffage ? Il faudra trancher. La Régie représente 2 % des dépenses électriques de toute l’Île-de-France !

Le nœud gordien des JO

Il y a aussi le considérable défi des JO de Paris 2024… Les Franciliens, râleurs comme souvent, le disent déjà à la machine à café : « Quand on voit la pagaille actuelle on se dit : mais comment ça va être aux JO ! ». La région capitale est-elle prête à accueillir sur son territoire cet événement d’envergure ? La thématique des transports sera fondamentale, car les Jeux se dérouleront à la fois dans Paris intra-muros et en Seine-Saint-Denis.

Préparer la RATP à la concurrence

Le « Grand-Paris Express », nouvelle architecture des transports de l’agglomération, doit également être articulé dans les temps. Ce réseau banlieue-banlieue, qui permet d’éviter l’actuelle « circulation en étoile » où tout transite par le centre parisien, est crucial pour de nombreux franciliens qui l’attendent depuis des années.

L’ouverture à la concurrence est également dans toutes les têtes. Le 1er janvier 2025, il en sera fini du monopole de la Régie sur les transports publics. Des acteurs privés viendront la déranger dans ses habitudes… Paris et sa banlieue seront découpés en 12 lots qu’il faudra aller chercher avec les dents. Il faudra convaincre Île-de-France Mobilités, l’autorité régulatrice des transports, sous le contrôle direct de Valérie Pécresse. La présidente de la première région d’Europe, qui n’a jamais caché ses aspirations libérales, va forcément challenger l’entreprise publique. Dans le même temps, la présidente de Région est contrainte d’augmenter fortement le prix du passe Navigo : il passera bientôt à 90 euros par mois.

Entre Pécresse et Hidalgo

Jean Castex va devoir reconstruire les relations avec la Région, sa grande interlocutrice, mais aussi avec la Ville de Paris. Anne Hidalgo, un brin oubliée sur ces dossiers, voudrait pouvoir dire son mot. Surtout au sujet des bus, désormais considérablement ralentis dans l’agglomération capitale (9 km/h de vitesse commerciale).

Enfin, le nouveau patron de la Régie va devoir inventer une nouvelle manière de dialoguer avec l’État. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) interdit à l’ancien Premier ministre de solliciter en direct un grand nombre de membres du gouvernement actuel (Élisabeth Borne, Bruno Le Maire, Clément Beaune, Olivier Dussopt, Gérald Darmanin, etc.) Pas simple.

Jean Castex, qui fut successivement « Monsieur Déconfinement », « Monsieur Reconfinement », « Monsieur Redéconfinement » puis « Monsieur Vaccin » ; va désormais devoir s’inventer une toute nouvelle casquette, celle de « Monsieur Fini la Galère »…

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