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Malgré une évolution très rapide, les boutiques de ventes en « vrac » ont pâti de la crise et des nouvelles habitudes des Français·es.
On en comptait une petite quinzaine en 2015. Depuis, selon les chiffres du Réseau Vrac, les boutiques spécialisées dans la vente de produits en « vrac » se sont multipliées – un peu moins de 1 000 sur tout le territoire français. Croissance ultra rapide. Mais ces boutiques font face depuis bientôt deux ans à la pandémie covid-19 et aux nouvelles habitudes des Français·es, qui pourraient perdurer post-crise.
Croissance trop rapide, croissance fragile ? Perçues comme très à la mode ces dernières années, les boutiques de ventes en « vrac » n’échappent pas – comme un tas de secteurs – aux effets Sars-CoV-2. Et aux transformations des habitudes des consommateur·rices, nées de la pandémie. Dans ce sens, selon une étude réalisée sur la période de mai à novembre 2021, Réseau Vrac dévoile que 81 % des commerces spécialisés dans la vente en « vrac » ont observé une baisse de chiffre d’affaires de 20 % par rapport à la même période en 2020. Qui s’expliquerait avant tout par une baisse de fréquentation de 30 %.
De nouvelles habitudes
« La crise sanitaire a modifié les habitudes de consommation des Français. Ils ont fortement recours au drive, à la livraison à domicile de repas et de courses, et ne veulent plus consacrer autant de temps qu’avant à faire leurs courses. Les épiceries en vrac souffrent du désintérêt des Français pour le commerce physique », explique pour Le Figaro Célia Rennesson, cofondatrice et directrice générale de Réseau Vrac. Les Français·es veulent perdre moins de temps à réaliser leurs courses de première nécessité. L’alimentaire, contrairement aux achats plaisir, se fait de manière mécanique, par livraison notamment. D’après le cabinet d’experts Food Service Vision, le marché de la livraison de repas à domicile a enregistré une croissance de près de 50 % entre 2018 et 2020.
En parallèle, les boutiques spécialisées souffrent de la multiplication des rayons « vrac » dans les grandes surfaces. Les ventes globales de « vrac » ? c’est un marché d’1,3 milliard d’euros en 2021 – mais les supermarchés représentent déjà 59 % des ventes ! « Les consommateurs de vrac ne sont pas forcément attachés au point de vente. S’ils peuvent acheter cela en supermarché, ils le font parce que c’est plus pratique et peut représenter un certain gain de temps», pointe Florence de Ferran, enseignante-chercheuse en consommation responsable. Gagner du temps, encore et toujours.
Difficile d’autant plus que le secteur est jeune
Et quand un commerce est jeune, il manque souvent de trésorerie. « Nous rencontrons les mêmes problématiques de fréquentation que l’ensemble des commerces physiques mais le problème est que les épiceries en vrac sont très jeunes et n’ont pas la trésorerie pour faire face à une crise qui dure », rappelle Célia Rennesson du Réseau Vrac. En outre une trentaine de magasins spécialisés ont fermé leurs portes en 2021 – contre une dizaine habituellement. Bref, rééquilibrer nos achats entre physique et numérique, voilà une bonne façon de soulager, en partie, les boutiques de « vrac ».