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En matière de capital-risque, les investisseurs français se démarquent de par leur logique d’investissement, par rapport aux autres pays européens. Une véritable chambre des secrets stratégiques, bien française.
L’école de commerce Audencia a publié une étude sur les pratiques des capital-investisseurs européens. Une étude menée par ses professeurs, experts en capital-risque et qui souligne « une manière bien française d’aborder l’investissement ».
Le capital-risque ne concerne que les opérations en fonds propres réalisées dans les entreprises innovantes en cours de création ou bien celles dont le potentiel de croissance est important. Contrairement au capital-investissement qui consiste à prendre des participations au capital de sociétés non cotées en Bourse, à différents stades de la vie de l’entreprise.
Si la France est championne en termes de proportion de transactions réalisées, elle n’accorde pas exactement la même importance aux critères de sélection des start-up. Ses capitaux-risqueurs s’associent davantage à des homologues qui partagent la même vision concernant le développement de l’entreprise, et la rentabilité de leurs investissements est légèrement supérieure à la moyenne européenne.
En effet, 1 353 propositions d’investissement sont reçues comme par enchantement, en moyenne par an, en France, contre 851 en Europe et moins de 1 000 du côté ouest-européen. La France constitue également la première nation européenne, en matière de transactions réalisées. En outre 10 % des dossiers d’investissements reçus sont financés en moyenne en France, contre seulement 6 % en moyenne en Europe. Un joli coup de baguette magique.
De « chouettes » entreprises
Les investisseurs français sont plus attentifs aux profils des équipes entrepreneuriales au moment d’investir que leurs pairs européens. 98 % considèrent ce facteur comme important, contre 93 % en Europe. Néanmoins, il convient de souligner que parmi les caractéristiques de l’équipe de management les plus importantes, les voisins européens attachent plus d’importance à l’engagement et à la passion.
Les Français sont en revanche un peu plus attentifs à l’offre de l’entreprise à 67 %, contre 62 % pour l’Europe. Autre constat, ils attachent moins d’importance au business model, seuls 39 % en font un critère important, contre 47 % en Europe. Les Français sont également plus nombreux à viser un taux de détention entre 10 et 20 % du capital de leurs cibles d’investissement. Soit 69 % des investisseurs français, ayant cette stratégie en tête, contre 63 % pour l’Europe entière.
La France et les reliques de la réussite
Les Français se déclarent globalement plus impliqués que leurs homologues d’Europe dans l’accompagnement non-financier de leurs entreprises en portefeuille :
- 85 % participent activement à l’orientation stratégique à coup de balai, contre 83 % en Europe.
- 68 % accompagnent les décisions opérationnelles, contre 64 % en Europe.
- 82 % des investisseurs français font partie du conseil d’administration, contre 75 % seulement chez leurs voisins.
- 83 % des Français considèrent que l’importance donnée à l’équipe entrepreneuriale dans les critères d’investissement est un critère décisif, contre seulement 72 % en Europe.
Il semblerait que les Français cherchent surtout à compléter leur expertise au bénéfice d’une bonne sélection des start-up, et d’un bon accompagnement des entrepreneurs post-investissement.
Des résultats différents pour la France
Même si la France est l’un des pays les moins pétrifiés en matière de transactions réalisées, la proportion de sorties aux rendements très élevés est en revanche légèrement inférieure aux chiffres européens. Ainsi, seuls 10 % des investisseurs français rapportent une rentabilité multipliée par 5 à 10, contre 13 % en Europe. Seulement 7 % des Français réalisent un multiple supérieur à 10 ou plus à la sortie, contre 9 % de leurs voisins européens.
En revanche, le taux de rentabilité interne moyen des investissements français est très légèrement supérieur à la moyenne européenne, 14 % contre 13 %. Enfin, les prises de décision au sein des investissements français, diffèrent également de l’Europe en général, notamment par moins d’unanimité, 22 % contre 31 % en Europe, mais plus de consensus, 33 % contre 25 %, et de vote à la majorité, 40 % contre 36 %.