Le président

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Le président s’est exprimé mercredi 22 mars, lors d’une interview accordée à Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier. Un passage obligé pour tenter d’apaiser la colère qui gronde en France, à la suite des nombreuses péripéties suscitées par la réforme des retraites.

Des débats houleux et interminables à l’Assemblée, au Sénat, le recours au 49.3, une motion de censure rejetée à seulement 9 voix. On y est, la réforme est devant le Conseil constitutionnel. Pour l’actuel occupant du palais de l’Élysée, c’est maintenant l’institution française en charge de la conformité à la Constitution des lois, qui porte le projet « sur ses épaules ». Verdict le 1er septembre 2023. En attendant, la rue reste plus que jamais mobilisée.

Les mouvements sociaux se multiplient, et l’escalade de la violence inquiète. En effet, depuis plusieurs semaines, députés et sénateurs font l’objet de menaces et d’intimidations en raison de leur vote. « La foule » n’a « pas de légitimité » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus » avait déclaré le Président de la République Emmanuel Macron. Lequel est revenu sur ses propos en spécifiant qu’ils étaient destinés aux violences faites à l’encontre des députés. Il a également ajouté qu’il n’y aura pas de remaniement, de dissolution, la Première ministre Élisabeth Borne a toute sa confiance. « Le texte poursuit son chemin démocratique », répond-il à Marie-Sophie Lacarrau.

Le président a par ailleurs déclaré n’avoir aucun plaisir à faire cette réforme, mais à être porteur du coût de la responsabilité. « J’aurais pu faire comme les anciens gouvernements avant moi, et mettre le problème sous le tapis […] S’il faut endosser la responsabilité dans le pays, je l’endosserai […] Si je dois choisir, je choisis la réforme plutôt que le court terme ».

Des nouveaux tours de cartes

Le chef du gouvernement a reconnu soutenir le droit de grève, il espére très vite rouvrir le dialogue. Afin d’attirer de nouveau les partenaires sociaux à sa table, le président n’a pas de nouvelles mesures, mais des « chantiers ouverts ».

Dans le viseur aussi, la taxation des superprofits des entreprises. L’objectif étant que celles-ci ne rachètent pas leurs actions sur les marché financiers, mais réinvestissent dans leurs structures. « Quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu’elles en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions, je vais demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle pour que cet argent, quand il y a des profits tellement exceptionnels qu’elles sont prêtes à racheter leurs propres actions, que leurs travailleurs puissent en profiter », ambitionne le chef de l’exécutif.

D’autre part, pour le chef de l’État, les problèmes de santé pour les travailleurs qui ont des métiers pénibles, ne se font pas ressentir à l’âge de 62 ou 64 ans, mais bien avant. Il faut donc travailler sur des mesures qui répondent à l’usure professionnelle. Il planche également sur des solutions afin de remettre les personnes sujettes au RSA au travail avec plus de formation et d’encadrement.

Les trois piliers du développement français

Emmanuel Macron a enfin abordé les ambitions et les trajectoires de sa politique, pour son dernier quinquennat. La réindustrialisation de la France pour commencer. Il vise le plein-emploi, entend spécialiser les régions dans des secteurs porteurs et qui répondent à la problématique du réchauffement climatique, d’ici à 2030. Il a notamment cité les Hauts-de-France pour les batteries et la région du Grand Est pour l’hydrogène.

Sur l’ordre républicain, le président veut qu’il y ait plus de juges et de greffiers, afin d’accélérer le système juridique, débordé. Enfin, l’urgence, c’est aussi l’école, la santé et l’écologie. Bref, Emmanuel Macron a plus qu’insisté sur les nouveaux projets qu’il a pour la France, avant tout pour rompre avec cette angoisse d’un quinquennat pour rien ? À l’écouter, la réforme des retraites appartiendrait déjà au passé… pas sûr que l’opposition s’en accommode. « C’est lunaire, cette interview. C’est “tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue. Il n’y a aucune réponse” », estime le patron de la CGT Philippe Martinez, « c’est hallucinant, il est dans un déni absolu […] Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé », renchérit le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Le chemin démocratique sera encore long. Très long.

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