Travailler, demain, en France.

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France Travail va remplacer Pôle emploi. Simple ripolinage de façade ou réforme de fond ?

Pour relancer son quinquennat malade, Emmanuel Macron compte agir sur le thème du travail. Traçons quelques perspectives.

Connaissez-vous Thibaut Guilluy? Il s’agit du Haut-commissaire à l’emploi. Cadre local de la macronie, il œuvre dans l’ombre, au ministère du Travail, sur des missions spécifiques. Cette semaine, il a rendu son rapport à Olivier Dussopt. « 99 mesures pour transformer Pôle emploi ». Une base qui doit servir à l’équipe Borne pour lancer le grand chantier du travail. Après les retraites, Emmanuel Macron veut conclure un « pacte de la vie au travail ». Une fois encore, l’État semble résolu à régenter de l’extérieur la vie des entreprises… Comme disait Pompidou à ses ministres : « Arrêtez d’emmerder les Français ! ».

Concrètement, le gouvernement va se transformer en gare de triage et faire partir trois trains de réformes. Le premier concernera « le partage de la valeur », qui doit reprendre les conclusions de l’accord national interprofessionnel signé en février. Ensuite viendra un projet de loi « plein-emploi » qui comprend une réforme du lycée professionnel et la transformation de Pôle emploi en France Travail. Enfin, un troisième volet devrait concerner le travail des « seniors » et reprendre les dispositions retoquées par le Conseil constitutionnel dans la loi sur les retraites… Au milieu de tout cela, il faudra caser quelque part la réforme du RSA, que le président veut conditionner à un quota d’heures travaillées chaque mois.

Quels changements ?

France Travail va remplacer Pôle emploi au 1er janvier 2024. Au-delà du changement de nom, quelle réalité concrète pour les Français ? Thibaut Guilluy veut faire de l’institution nouvelle « la porte d’entrée pour l’ensemble des personnes en recherche d’emploi ». N’est-ce pas déjà le cas avec Pôle emploi ?

Le changement principal tient à la méthode, à un effort de simplification. « France Travail sera l’équipe de France de l’insertion, de la formation et de l’emploi », assure le rapport. La volonté tient à assurer la coordination entre l’État, les collectivités territoriales et les bassins d’emploi. Supprimer les doublons. Ainsi, les missions locales deviendront France Travail jeunes. Cadre emploi, destiné aux personnes handicapées, deviendra France Travail handicap. Sans compter la mise en place de « l’Académie France Travail »…

France Travail est pour l’instant une nébuleuse

Jusqu’ici, on ne voit pas bien où est la révolution tant promise. Le rapport dénonce « le paradoxe de plus en plus difficilement compréhensible » entre « des entreprises qui ont des difficultés importantes pour trouver les salariés avec plus de 3 millions d’intentions d’embauche identifiées en 2023 ». De l’autre côté, il y a « de très nombreuses personnes dépourvues d’emploi – pour certaines depuis de nombreuses années, qui peinent à retrouver un travail ». En bref, le rapport rabâche ce que tout le monde sait depuis un bon moment.

Si le rapport fait montre de volonté, pointe un but, le plein-emploi, il ne dit pas tellement comment l’atteindre concrètement. Et puis ce « rebranding » a un coût. Le rapport le dit lui-même : « Il faudra mobiliser de l’ordre de 2,3 à 2,7 milliards d’euros de financements cumulés sur la période 2024-2026 ».

La réforme du RSA

Autre promesse de campagne d’Emmanuel Macron : tout changer dans le RSA. Il est vrai que dans « Revenu de Solidarité Active » c’est avant tout la dernière lettre qui fait tant couler d’encre. En conditionnant cette allocation à la réalisation de 15 à 20 heures d’activité pour retrouver le contact avec le monde du travail, Emmanuel Macron espère pouvoir sortir les allocataires de la spirale de l’isolement et du découragement.

Il s’agit aussi de répondre à une maxime philosophique parfois oubliée dans nos sociétés post soixante-huit : un droit ne peut s’exercer sans contrepartie. Jusqu’à dire un gros mot, celui de « devoir » ? Ce retour à l’activité doit se garder de toute « stigmatisation » à l’encontre des allocataires – comme le souligne ATD Quart Monde.

Le crédo du « travailler tous »

Depuis janvier, 19 départements testent la mesure. Côte-d’Or, Creuse, Bouches-du-Rhône, Loire-Atlantique, Mayenne, Vosges… Mais la Seine-Saint-Denis s’est retirée en catastrophe de l’expérimentation.

Objectif premier : augmenter l’accompagnement. Les allocataires sont désormais automatiquement inscrits à Pôle emploi (seulement 40 % d’entre eux l’étaient auparavant). Ils rencontrent un conseiller dans un délai d’un mois contre trois auparavant. La rapidité est une question fondamentale, car il apparaît que 7 ans après leur entrée au RSA, 42 % des personnes y sont encore. Une trappe vers l’isolement et la pauvreté, n’est-ce pas le contraire de ce que doit offrir une société ? Travailler tous, travailler plus, travailler juste, travailler mieux…

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